TECHNIQUE

Implanter des cultures intermédiaires pièges à nitrates


Cette fiche est reliée à d'autres thématiques de la manière suivante :

est évoqué dans
Exemple de mise en oeuvre
...
contribue à
Fonction Service Stratégie
défavorise
Voir tous les liens

Cameline, auteur : Globe Master - SideEffect

Crédit : licence :(CC BY 3.0))

Aboutie
Dernière modification : 26/01/2024
Voir les contributeurs

Discussion liée

1. Présentation


Caractérisation de la technique

Description de la technique :

Cette technique consiste à implanter un couvert à l'interculture qui va capter de l'azote minéral avant l'entrée en période de drainage (automne / hiver), et ainsi limiter sa lixiviation.

Le couvert peut être constitué d'une seule espèce (moutarde, phacélie, avoine...) ou d'un mélange d'espèces permettant de cumuler les qualités de chacune (systèmes racinaires différents permettant d'absorber l'azote dans différents horizons, espèce à installation rapide et espèce plus "pérenne"...).

Le couvert peut être détruit par le gel, mécaniquement (broyage, roulage, labour...) ou chimiquement. La quantité d'azote absorbée est fonction de l'azote disponible dans le sol et de la biomasse produite.

L'azote absorbé sera ensuite restitué progressivement après destruction du couvert, au fil de la minéralisation des résidus. Une partie sera disponible pour la culture suivante.


Exemple de mise en oeuvre :

Dans le cas d'une succession "blé tendre d'hiver => orge de printemps" : Implantation de moutarde entre un blé tendre et une culture de printemps. Le semis est réalisé fin août / début septembre à la volée, à raison de 10 kg/ha. Le couvert est broyé début décembre.

Précision sur la technique :

Cultures intermédiaires : Avoine diploïde, Cameline, Fenugrec, Gesse, Moutarde printemps, Navette, Phacélie, Ray-grass d'Italie, Vesce commune...



Période de mise en œuvre
Pendant l'interculture


Echelle spatiale de mise en œuvre
Parcelle


Application de la technique à...

Tous les types de sols : Généralisation parfois délicate

L'implantation de CIPAN peut se justifier sur tous type de sol. Cependant, sur certains sols (ex. argileux), l'implantation ou la destruction du couvert peuvent être très délicat. Il sera nécessaire de raisonner judicieusement les espèces implantées (ex. gélives) et la technique de destruction (gel, broyage, ...).



Tous les contextes climatiques : Généralisation parfois délicate

La réussite de la technique est conditionnée par une pluviométrie suffisante à l'automne (septembre-octobre) pour permettre un développement du couvert avant l'hiver.

Dans des contextes pédoclimatiques soumis à de forts déficits hydriques en été (Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes), la levée et le développement du couvert sont parfois délicates.



Réglementation

Influence
POSITIVE

Le 5ème programme d'action de la directive nitrate impose, dans la majorité des départements, la couverture totale des sols en zone vulnérable pour les intercultures de plus de 2 mois. Les repousses de colza ou de céréales sont considérées comme une couverture.

Voir :  http://www.ile-de-france.chambagri.fr/pro77/reglementation-directive-nitrates

 

 




2. Services rendus par la technique


Fourniture de nutriments


3. Effets sur la durabilité du système de culture


Critères "environnementaux"

Effet sur la qualité de l'air : Variable

L'implantation et la destruction du couvert entrainent des émissions de GES liées à la consommation de carburant, mais permet aussi de stocker du carbone (si développement du couvert) et de diminuer les émissions de N2O indirectes. Le bilan GES est donc "variable" à l'échelle de la culture.



Effet sur la qualité de l'eau : Variable

L'implantation de CIPAN permet de réduire fortement le transfert d'azote par lixiviation et dans une moindre mesure le phosphore. Cependant, en cas d'implantation d'espèces non gélives, la destruction du couvert peut nécessiter l'emploi d'herbicides.



Effet sur la consommation de ressources fossiles : Variable

L'implantation et la destruction du couvert entrainent une consommation de carburant plus importante que le maintien du sol nu pendant l'interculture. Mais l'ameublissement du profil par le couvert peut autoriser un travail du sol réduit pour l'implantation de la culture suivante. De plus, en fonction du choix des espèces, cette technique permet de diminuer les apports d'azote minéral sur la culture suivante et diminue ainsi la consommation d'énergie fossile pour produire de l'azote minéral.




Critères "agronomiques"

Productivité : Variable

En cas de destruction trop tardive, la culture intermédiaire peut provoquer des effets dépressifs sur la culture suivante (disponibilité en eau et en azote). Certaines cultures intermédiaires peuvent également présenter un effet allélopathique sur la culture suivante.
Mais si la date de destruction est suffisamment précoce et le choix du couvert adapté, le couvert présente un effet neutre à positif sur la culture suivante.



Qualité de la production : Pas d'effet (neutre)


Fertilité du sol : En augmentation

L’implantation d’un couvert améliore à la fois la fertilité chimique et physique du sol :

-D’un point de vue chimique : l'azote capté par le couvert pendant son développement est restitué progressivement après sa destruction. Une partie sera directement disponible pour la culture suivante. Le couvert permet aussi d'améliorer la disponibilité en phosphore et en potasse pour la culture suivante (remobilisation des éléments).

- D’un point de vue physique : le développement du système racinaire du couvert favorise la restructuration du sol.



Stress hydrique : Variable

Le prélèvement d'eau pendant le développement du couvert peut augmenter le déficit hydrique. La destruction du couvert devra être adaptée au type de sol et aux exigences en eau de la culture suivante.



Biodiversité fonctionnelle : En augmentation

La biodiversité végétale domestique est accrue par l'implantation d'espèces différentes des cultures principales. De plus, la culture intermédiaire constitue un couvert favorable à de nombreuses espèces animales (avifaune, petit gibier, micro et macrofaune...).

Le choix d'espèces mellifère peut contribuer à nourrir des insectes pollinisateurs.



Pression en maladie : Variable

L'implantation de cultures intermédiaires permet de "casser" les rotations et ainsi le cycle des maladies (ex. fusarioses, piétins) dans les rotations céréalières.
Cependant, le couvert peut aussi accroitre la pression maladies si les espèces implantées sont hôtes des mêmes pathogènes que les cultures principales (implantation de crucifères dans des rotations à fréquence de retour en colza élevée, avoine ou seigle dans des rotations à base de céréales à paille, certaines légumineuses dans des rotations incluant du pois, ...).



Pression en ravageurs : Variable

L'implantation de cultures intermédiaires peut permettre de diminuer ou réguler la présence de certains ravageurs (ex. nématodes de la betterave // moutarde et radis anti-nématodes).
Cependant, le couvert peut aussi accroitre la présence de certains ravageurs (limaces, tenthrèdes, altises, pucerons) en constituant un lieu de refuge et de nourriture.



Pression en adventices : Variable

Une CIPAN qui démarre vite et couvre bien le sol peut concurrencer les adventices. A l'inverse, un couvert qui ne se développe pas bien laisse la place aux adventices tout en empêchant de pratiquer des déchaumages.




Critères "économiques"


Charges opérationnelles : En augmentation

En fonction de l'espèce ou du mélange d'espèces choisit, le coût de semences peut varier de 10 à 100 €/ha.



Charges de mécanisation : Variable

L'implantation et la destruction du couvert entrainent une consommation de carburant plus importante que le maintien du sol nu pendant l'interculture. Mais l'ameublissement du profil par le couvert peut autoriser un travail du sol réduit pour l'implantation de la culture suivante.

Le coût de l'implantation peut varier de 0 €/ha (semis à la récolte sous la coupe) à 60 €/ha (semis direct). Le coût de destruction varie également de 0 €/ha (gel) à 30 €/ha (broyage + enfouissement).



Marge : En diminution

Les restitutions d'azote pour la culture suivante suite à la destruction du couvert ne couvrent généralement pas les charges liées à son implantation et sa destruction.
La marge globale à court terme sera donc diminuée, cependant les effets "à long terme" sont difficilement quantifiables et chiffrables et ne sont généralement pas pris en compte dans le calcul des marges (restructuration, limitation érosion, vie du sol, ...). Le couvert peut aussi être valorisé (récolte, fourrages, ...).




Critères "sociaux"


Temps de travail : Variable

En fonction du mode d'implantation et de destruction, la charge de travail peut être plus ou moins importante que celle liée à la réalisation de faux semis en interculture.



Temps d'observation : Pas d'effet (neutre)




4. Organismes favorisés ou défavorisés


Bioagresseurs favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions
altise du colza MOYENNE ravageur, prédateur ou parasite possible présence sur couverts avec crucifères
charbon des inflorescences FAIBLE agent pathogène (bioagresseur) possible présence sur couverts avec avoine
limace FAIBLE ravageur, prédateur ou parasite
petite altise MOYENNE ravageur, prédateur ou parasite possible présence sur couverts avec crucifères
puceron cendré du chou MOYENNE ravageur, prédateur ou parasite possible présence sur couverts avec crucifères
puceron vert du feuillage FAIBLE ravageur, prédateur ou parasite possible présence sur couverts avec céréales (orge, blé, avoine)
rouille couronnée FAIBLE agent pathogène (bioagresseur) possible présence sur couverts avec avoine

Bioagresseurs défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions
nématode à kystes MOYENNE ravageur, prédateur ou parasite nématodes spécifiques de la betterave sucrière : variétés spécifiques de moutarde ou radis "anti-nématodes"
piétin-verse FAIBLE agent pathogène (bioagresseur) ex. moutarde entre 2 céréales à pailles

Auxiliaires favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Auxiliaires défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Accidents climatiques et physiologiques favorisés

Organisme Impact de la technique Précisions

Accidents climatiques et physiologiques défavorisés

Organisme Impact de la technique Précisions


5. Pour en savoir plus

Choisir son interculture : quelques pistes de réflexion
Maurice R. (CRA Pays de la Loire)
Brochure technique, 2006
Cultures intermédiaires : La protection des eaux pour un surcoût de 20 à 45 €/ha
Labreuche J., Laurent F., Moquet M., Protin P.V., Aubrion G. (Arvalis)
Perspectives agricoles n°321, p22-29, Article de presse, 2006
Effets sur le stock d'azote minéral dans le sol - Aptitude à piéger le nitrate et à contribuer à l'alimentation azotée de la culture suivante
Cohan J.P., Castillon P. (arvalis)
Perspectives agricoles n°357, p 30-36, Article de presse, 2009
Fiche n°9 : Conduite de l'interculture
Coufourier N., Lecomte V., Le Goff A. (CA76), Pivain Y. (CA27), Lheriteau M., Ouvry J.F. (AREAS)
AREAS, Brochure technique
Guide cultures intermédiaires pièges à nitrates
CRA Bretagne
Brochure technique, 2009
Les cultures intermédiaires : mieux gérer l'interculture pour un bénéfice agronomique et environnemental
Minette S. (CRA Poitou-Charentes)
Brochure technique, 2009
Pertes d'azote par lessivage - Cultures intermédiaires : une efficacité immédiate et durable
Laurent F., Fontaine A. (Arvalis)
Perspectives agricoles n°327, p26-30, Article de presse, 2009
Piège à nitrate ou couvert végétal : la date de destruction guidée par l'objectif agronomique
Labreuche J. (Arvalis)
Perspectives agricoles n°295, p26-28, Article de presse, 2003

6. Mots clés


Méthode de contrôle des bioagresseurs :
Mode d'action :
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides :
Pour contribuer à l'enrichissement de la fiche, vous devez créer un compte ou vous identifier.Cela vous permettra d'apporter votre contribution via l'espace d'échanges

Contributeurs

26/01/2024
06/05/2021
Gentiane Maillet - INRAE - Thiverval Grignon (78850)
ingenieur - gentiane.maillet@inrae.fr

31/08/2017
Lola Leveau - Irstea - Clermont-Ferrand (63000)
ingenieur - lola.leveau@irstea.fr