Les élevages porcins et leurs caractéristiques

Les systèmes d’élevage porcins sont variés, allant du modèle intensif en bâtiments à des formes plus extensives (élevage en plein air ou en agroforesterie). Classiquement, les porcs sont élevés dans des bâtiments contrôlés pour optimiser leur croissance et minimiser les risques sanitaires. Cependant, face aux enjeux environnementaux et sociétaux croissants, les systèmes d’élevage en extérieur connaissent un regain d’intérêt, notamment pour leur compatibilité avec des pratiques agroécologiques.

On distingue plusieurs types d’élevage porcin :

  • Naisseurs-Engraisseurs (NE), qui élèvent les truies reproductives et engraissent les porcs qu’elles ont mis bas.
  • Engraisseurs (E), qui achètent des porcelets sevrés pour les engraisser.
  • Naisseurs (N) qui élèvent des truies reproductrices et vendent les porcelets au sevrage

La conduite d’atelier porcin se distingue par sa conduite en bande : quel que soit le nombre d’animaux total, ceux-ci sont regroupés par lot d’un même stade physiologique (ex : les truies d’une même bande vont mettre bas en même temps) afin de rationaliser les phases d’élevage et les départs à l’abattoir. En pratique, on peut retrouver des conduites en deux ou trois bandes comme des conduites en sept ou plus.

L’élevage porcin, très technique, requiert des connaissances approfondies sur la physiologie de l’animal et la gestion des différentes phases d’élevage. Si plusieurs guides spécialisés existent, l’élevage de porcs en plein-air se distingue grandement d’une conduite classique en bâtiment et requiert des connaissances spécifiques. Les guides « Truies bio en plein air » (CAPDL), « Elever des porcs en bio » (FNAB) et « Alimentation des porcins en agriculture biologique » (ITAB) peuvent fournir une bonne première approche.

 

L’élevage porcin en plein air

L’élevage de porcs en plein air se distingue par une gestion plus extensive des animaux, leur permettant d’exprimer pleinement leurs comportements naturels (fouille du sol, déplacements, interactions sociales). Ce système repose sur plusieurs principes fondamentaux :

  • Accès à des parcours extérieurs, souvent en rotation, pour éviter le surpâturage et la dégradation des sols (le porc est animal fouisseur)
  • Alimentation diversifiée, mixant fourrages et concentrés
  • Protection sanitaire et bonne gestion des effluents, pour limiter les risques de contamination et préserver la fertilité du sol. La prise en compte de la biosécurité est essentielle
  • Adaptation des races : les races rustiques (ex. Porc Basque, Gascon, Duroc, Porc Blanc de l’Ouest, Porc de Bayeux, Large Black) sont privilégiées pour leur robustesse et leur capacité à valoriser des ressources locales. En vente directe, leurs produits sont généralement bien valorisés pour leurs qualités organoleptiques (gras, persillé, couleur, etc.).

 

Quels avantages et quels inconvénients ?

L’association des porcs aux cultures pérennes (vergers, vignes, agroforesterie) est une alternative intéressante pour optimiser l’espace agricole et valoriser les complémentarités entre productions. Ces systèmes s’inspirent de pratiques traditionnelles comme la « dehesa » espagnole (élevage de porcs sous chênes).

Les porcs sont particulièrement utiles dans les plantations pour leur capacité à retourner le sol en fouissant, ce qui permet d’aérer la terre et de réduire les populations de nuisibles. De plus, ils se nourrissent des fruits tombés, aidant ainsi à limiter les maladies liées aux pourritures. Leurs déjections enrichissent également le sol. Cependant, leur fouissage intense peut nuire aux racines des arbres et déstabiliser certaines zones du verger ou de la vigne. Il est donc recommandé de limiter leur accès aux zones sensibles, d'utiliser des enclos solides pour contrôler leur activité et de les faire pâturer par cycles courts afin d'éviter des dégâts importants.

 

 

Déterminer ses objectifs

  • Production principale et complémentaire : viande de qualité (ex. porc plein air, sous label), valorisation de coproduits agricoles, entretien des parcelles.
  • Choix de commercialisation : en groupement, en vente directe, avec transformation, etc.
  • Choix des cultures associées : vergers (pommes, châtaignes, noix), agroforesterie (chênes, haies fourragères), vignes (uniquement en gestion après récolte).
  • Niveau d’intégration souhaité : atelier porcin autonome ou complémentaire d’une autre production (ex. en partenariat avec un éleveur ou un autre arboriculteur, engraissement simple, naisseur simple, etc.).

 

Choix des animaux

Privilégiez des races rustiques et adaptées au pâturage (races locales, Gascon, Basque, Porc Blanc de l’Ouest, de Bayeux, Duroc, etc.) moins exigeantes en compléments alimentaires et plus résistantes aux conditions extérieures.

Sélectionnez des animaux en fonction de la gestion du pâturage, de la capacité de rotation de vos parcelles, de la portance de votre sol et de votre capacité de mise en place de clôtures de biosécurité. Il faudra également veiller au chargement de votre parcelle en fonction du type d’animaux et de la race.

 

Aménagement des parcelles

  • Clôturer les zones sensibles pour protéger les jeunes arbres et éviter les dégâts sur les cultures (ex. clôtures fixes ou mobiles électrifiées, gaines de protection avec pics autour des troncs).
  • Assurer un accès à l’eau adapté aux besoins des porcs, avec des points d’abreuvement bien positionnés pour éviter les zones de piétinement excessif.
  • Maintenir des zones d’ombrage et d’abris naturels (haies, bosquets) pour le confort des animaux et la préservation du paysage bocager.
  • Sélectionner un terrain adapté : sol bien drainé, en pente modérée pour éviter l’accumulation d’eau et la formation de boue.
  • Prévoir une rotation des animaux sur plusieurs parcelles pour régénérer la végétation et éviter le compactage du sol.
  • Prévoir des espaces de bauges (petite mare de boue) et de rafraîchissement pour le bien-être et la protection des animaux en période chaude.

 

Installer des infrastuctures adaptées

  • Clôtures autour de la parcelle et intra-parcellaires robustes et efficaces pour éviter les évasions et invasions et protéger les jeunes arbres (clôtures électriques ou grillages renforcés).
  • Abris mobiles ou fixes pour protéger les porcs des intempéries (hiver, fortes chaleurs)
  • Protection des cultures : gaines de protection autour des troncs d’arbres, filets pour empêcher l’accès aux fruits commercialisables.
  • Attention, si des systèmes de drainages, des câbles, des tuyaux ou toute autre infrastructure existent dans la parcelle, il faudra s’assurer qu’elles soient suffisamment profondes ou en matériaux résistants.

 

Une gestion de l'alimentation relativement pointue

  • Valorisation des ressources locales : fruits tombés, glands, co-produits agricoles (son, résidus de culture).
  • Implantation de cultures fourragères complémentaires (trèfle, luzerne, chicorée) pour valoriser le couvert et limiter dans une certaine mesure l’achat d’aliments externes
  • Bien équilibrer la ration pour assurer un bon développement des porcs tout en évitant la sous-alimentation ou l’excès de nutriments.
  • Garantir un accès à l’eau potable

 

Des plans de biosécurité et de gestion sanitaire clairement définis

  • Prendre connaissance de la biosécurité en élevage porcin et de ses implications.
  • Passer l’agrément « référent biosécurité en élevage de porcs »
  • Avoir un suivi vétérinaire régulier et un plan de gestion parasitaires : vermifugation adaptée, surveillance sanitaire

 

Assurer une rentabilité et des débouchés commerciaux

  • Valorisation sous signes de qualité : label bio, AOP "Jambon de montagne", circuits courts.
  • Développement de synergies locales : partenariats avec arboriculteurs, viticulteurs, transformation locale (charcuterie artisanale).
  • Optimisation des coûts : réduction des achats d’aliments, mutualisation des infrastructures avec d’autres productions.

 

Sur les porcins, trois types de ressources co-existent : des documents génériques sur l’introduction d’animaux dans les systèmes végétaux, des documents sur les systèmes porcins plein air (projets SECALIBIO et VALORAGE par exemple) et d’autres, plus rares, sur les porcins dans les vergers ou les vignes.

 

FICHES ET GUIDES TECHNIQUES

 

VIDEOS COURTES

 

PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES