ASSURER UNE COUVERTURE REGULIERE DU SOL

 

 

 

A l’échelle de la parcelle, mais aussi de l’exploitation et du territoire, la couverture des sols est une thématique centrale de la santé des sols et du cycle de l’eau (gestion quantitative et qualitative). De façon complémentaire à la thématique « Améliorer les propriétés du sol », les leviers de couverture du sol vont avant tout répondre à des objectifs de protection du sol face aux stress extérieurs, d’amélioration de l’infiltration de l’eau, et de réduction des pertes d’eau par ruissellement.

De plus, en tant que sources de carbone, les enherbements de parcelles contribuent au stockage de carbone dans les sols et donc à l’atténuation des effets du changement climatique. Couvrir les sols a aussi un impact intéressant et peu connu sur les processus d’ordre biophysique (modification de l’albédo et des flux d’énergie en surface) pouvant affecter le forçage radiatif et donc l’effet net sur le climat (Ceschia et al., 2018).

 

Il y a deux grandes familles de pratiques pour couvrir le sol : implanter des couverts vivants, ou installer des paillages et mulchs.

 

Favoriser la présence de couverts

 

Les couverts vivants (cultures intermédiaires, bandes enherbées, etc.) sont aujourd’hui assez courants dans les exploitations agricoles car leur mise en place a été souvent rendue obligatoire afin de lutter contre le transfert des polluants vers les nappes, les cours d’eau ou les riverains. Les couverts peuvent aussi répondre à d’autres problématiques : amélioration de la fertilité des sols (engrais verts), puits de biodiversité et de régulation naturelle des ravageurs (bandes fleuries, couverts permanents, plantes compagnes, couverts des rangs et inter-rangs des cultures pérennes, etc.). Les fiches Levier proposées dans cette thématique recouvrent ces objectifs mais fournissent aussi de la documentation concernant la mise en place de couverts en lien avec le changement climatique : espèces très couvrantes pour lutter contre l’assèchement superficiel des sols, espèces à faibles besoins hydriques.

 

Parmi les couverts vivants, on parle souvent des couverts végétaux dans les rotations des systèmes de grandes cultures ou de maraîchage. Ces couverts sont semés entre deux cultures principales, et leur biomasse peut être laissée sur la parcelle (cultures intermédiaires) ou être exportée (dérobées, CIVE).

 

Implanter des cultures intermédiaires restituées

 

Implanter des cultures intermédiaires exportées

 

 

Lorsque ces couverts cohabitent avec le cycle d’une ou plusieurs cultures de la rotation, ce sont des couverts permanents (cycle long) ou des couverts à cycle plus court (couvert relai, plante compagne).

 

Implanter un couvert permanent

 

Face aux évolutions climatiques qui perturbent le cycle de l’eau, l’implantation des couverts en période estivale peut paraître de plus en plus compliquée. Hormis en été extrêmement sec, il existe cependant des possibilités de réussir ses couverts en les semant un peu avant la récolte à la volée ou juste après avec des stratégies préservant l’eau du lit de semences (semoir à dents, semis sur déchaumage superficiel réalisé très vite, bien enterré et roulé…). Ces possibilités sont souvent estimées avec des sols déchaumés perdant très rapidement leur humidité en surface, rendant la levée des couverts totalement dépendantes des pluies. Si elles sont détruites suffisamment tôt, les cultures intermédiaires n’amputent pas la quantité d’eau disponible pour la culture suivante. Il faut en revanche être vigilant avec des destructions de mars-avril qui peuvent avoir des effets dépressifs sur le réservoir en eau du sol [1]. Les couverts permanents, cohabitant avec des céréales d’hiver et bien régulés au printemps, n’ont pas non plus d’effet négatif sur l'eau disponible pour la culture [2]En revanche, ils peuvent en avoir s’ils sont vivants au printemps avant et sous des cultures de printemps [3].

Ces risques sont aussi dépendants du contexte de la parcelle : profondeur et nature du sol, climat régional ou de l’année, accès ou pas à l’irrigation, etc.

 

Couvrir les bords de parcelle ou implanter des bandes semées au milieu des parcelles participe aussi à cet objectif de protéger les sols et limiter le ruissellement.

 

Maintenir des bandes enherbées et/ou fleuries

 

Enfin, dans le cas des cultures pérennes les couverts d’enherbement sur l’inter-rang ou le rang vont aussi permettre aux cultures d’être plus résilientes face au stress hydrique quand ils sont bien gérés. Ils permettent d’améliorer l’infiltration de l’eau dans le sol, notamment en hiver. Durant l’été selon le contexte pédoclimatique et la conduite de la culture, les couverts peuvent sécher (ou peuvent être détruits volontairement) et former un mulch qui protégera le sol et limitera l’évaporation de l’eau.

 

La mise en place de couverts en verger et vignoble est donc un levier pertinent pour mieux gérer le sol et l’eau, et qui nécessite d’être accompagné pour choisir les espèces et l’itinéraire technique les plus adaptés au contexte local.

 

Maintenir un enherbement semé ou spontané (cultures pérennes)

 

Une alternative aux couverts vivants peut être la mise en place de paillages et mulchs pour protéger le sol, et favoriser l’infiltration et le stockage de l’eau dans le sol. Ces pratiques sont courantes par exemple dans les systèmes maraîchers afin de réduire le temps de désherbage des cultures, mais peuvent aussi être utilisées lors de la plantation de jeunes plants d’arbres (vergers, haies, agroforesterie intraparcellaire, etc.).

 

Pailler ou mulcher

 

Les paillages et mulchs représentent de la même façon que les couverts, une barrière à rôle de protection du sol face aux variations abiotiques de l’atmosphère (assèchement, érosion hydrique, etc). En plus de leur utilisation première pour limiter le développement des adventices, les paillages organiques peuvent également être bénéfiques pour la fertilité des sols car leur décomposition permet un apport de matière organique.

 

Pailler avec un matériau organique

 

Pailler avec un matériau synthétique

 

 

 

 

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[1] Teneur en eau des sols : quel est l’effet des couverts d’interculture ? ; 2021 ; Perspectives agricoles n°489

[2] Couvert permanent - Des bénéfices potentiels sur le blé tendre avec une conduite maîtrisée ; 2018 ; ARVALIS

[3] Agriculture de conservation - Le maïs cohabite dangereusement avec les couverts permanents ; 2018 ; ARVALIS