Ecimage des adventices
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1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
L’écimage est une opération culturale de lutte contre les adventices. Elle consiste à exploiter la différence de hauteur entre la culture et les adventices pour couper la partie supérieure de ces dernières (inflorescences ou épis).Ainsi, cette technique a pour but de stopper la maturation des graines déjà produites des adventices afin de limiter le retour au stock semencier d’un maximum de graines adventices viables (limitation de la nuisibilité secondaire). Le second intérêt de l’écimage est aussi d’empêcher le salissement de la récolte par ces graines adventices (limitation de la nuisibilité primaire indirecte). Elle n’a pas pour vocation à limiter les pertes de rendement générées par les adventices (nuisibilité primaire directe).
Il existe trois types d'écimage :
Au-dessus du couvert sans exportation des parties écimées
C’est la pratique la plus courante et la plus facile à mettre en œuvre tant sur le plan de sa faisabilité que sur les matériels existants. Les graines retournent au sol après écimage. Il ne faut pas que celles-ci soient matures lors de l’opération sinon l’intérêt serait nul, puisque les graines alimenteraient le stock semencier pour devenir de potentielles nouvelles plantules.
Au-dessus du couvert avec exportation des parties écimées
Cette technique coupe les adventices et exporte du champ ce qui est coupé (ex. écimeuse Zürn). Elle est permise par des écimeuses dites récupératrices. Ainsi, le stade de maturité des graines n’est pas un élément critique à prendre en compte, du moment que les adventices sont au-dessus de la culture (ce qui dépend quand même de la date d’intervention).
En dessous du couvert
Cette technique est possible grâce à des écimeuses à coupe différentielle (ex. CombCut ), qui peuvent intervenir non seulement au-dessus du couvert, mais aussi à l’intérieur la culture grâce à un système de coupe sélectif selon la dureté de ce qui est coupé. Seules les tiges des adventices, plus épaisses et plus rigides que celles de la culture, sont coupées ou fortement endommagées. Les tiges molles et les feuilles de la plante cultivée passent au travers des lames fixes tranchantes. C’est la vitesse d’avancement et de rotation des rabatteurs qui permet de couper les adventices à une hauteur inférieure à celle de la canopée du couvert cultivé. Ce type d’écimage permet d’intervenir plus tôt que les techniques précédentes et d’éliminer plus de graines d'adventices car leurs tiges sont coupées plus bas.
Précision sur la technique :
Selon le territoire et le milieu, le différentiel de hauteur entre cultures et adventices est variable. Dans la pratique, il faut avoir au minimum 5 cm entre la base de la majorité des graines adventices et le sommet des épis de la culture pour passer l’écimeuse afin de garantir de ne pas endommager la culture. Si présent, un balai rotatif entraîné hydrauliquement et réglable en hauteur sert à expulser les adventices vers l’arrière.
Atouts :
- L’écimage est une technique de désherbage tardif. Elle peut donc servir comme technique de rattrapage en complément des différentes opérations de gestion des adventices (mécaniques ou chimiques).
- Il n’est pas réservé à un usage en agriculture biologique, car des échecs de désherbage sur adventices résistantes peuvent amener à considérer l’écimage.
- L’écimage est peu contraint par l’état des sols et la météo (sauf vis-à-vis du vent fort), car il se passe souvent à des périodes sèches sur sol portant.
- Même quand l’écimeuse est animée, la consommation en énergie est minime, car l’écimeuse demande peu de puissance de traction.
Points de vigilance :
- Bien maîtriser la hauteur de travail de l’écimeuse (des équipements complémentaires peuvent aider : roues de suivi de sol, capteurs de hauteur)
- L’écimage agit sur la nuisibilité secondaire en limitant l’alimentation du stock semencier. Il n’a pas d’effet direct sur la perte de rendement (nuisibilité primaire directe). Le rapport biomasse adventices/biomasse plantes cultivées est quasiment inchangé après écimage.
- Certaines adventices, comme la folle-avoine, nécessitent plusieurs passages car elles épient de manière échelonnée.
- Un écimage trop précoce en saison pour garantir une non-maturité des graines peut conduire à des montées à graines de talles secondaires et ce, dans le couvert, donc non écimables.
- Chez certaines adventices comme le ray-grass, il faut faire attention à écimer avant que la tige ne pousse trop et se recourbe vers l’épi de blé.
- Etant donné qu’on exploite le différentiel de hauteur et de phénologie entre culture et adventice, cette pratique n’est pas possible dans toutes les cultures.
Période de mise en œuvre
L’écimage est réalisé quand les adventices dépassent de la culture et avant que les graines d’adventices ne soient matures, à moins que les graines ne soient exportées. On peut donc potentiellement écimer à toute période de l’année.
Exemples : Ecimage des vulpins des champs dans des blés courant montaison mais avant épiaison du blé, des folles avoines dans des blés après épiaison du blé, des moutardes sauvages dans des colzas à l’automne, des chardons dans des luzernes au printemps, des chénopodes dans des betteraves ou des couverts d’interculture au printemps/été…
Echelle spatiale de mise en œuvre
Application de la technique à...
Toutes les productions : Généralisation parfois délicateCette technique est généralisable à de nombreuses cultures, mais pas toutes, Le stade de passage diffère selon les cultures et les adventices à éliminer. Par ailleurs, sachant que lors de l’écimage les adventices doivent être plus hautes que la culture, cette technique est très peu utilisée sur les cultures hautes ou à très croissance rapide, comme le maïs ou le tournesol. Elle est plus adaptée à des cultures basses et peu couvrantes (soja, céréales à paille, lentilles, pois, pois chiches…).
Elle a particulièrement de l’intérêt pour les adventices annuelles (qui doivent produire des graines viables pour maintenir leur population) et pour les vivaces produisant beaucoup de graines (ex. Rumex).
Tous les types de sols : Facilement généralisable
Tant que la portance permet de mettre en œuvre la technique, celle-ci est généralisable à tous types de sol. Dans des parcelles en pente, la mise en œuvre est probablement plus compliquée mais pas impossible.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Ce sont les espèces cultivées et la vitesse de croissance relative entre adventices et culture qui vont permettre de juger de l’adéquation de l’écimage à un climat donné.
Réglementation
L'écimage peut être mis en oeuvre dans les régions où la lutte contre le chardon est obligatoire. Par exemple, en région Centre-Val de Loire : « La destruction doit nécessairement avoir lieu avant que les bourgeons floraux ne s’ouvrent et toutes dispositions seront prises pour éviter la montée en graine et l’essaimage. La destruction mécanique ou thermique sera privilégiée. »2. Services rendus par la technique
Régulation et gestion des adventices
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Critères "agronomiques"
Productivité : Pas d'effet (neutre)L’écimage, même agressif dans le couvert, n’a pas d’effet sur la nuisibilité primaire directe des adventices. Il ne permet pas de limiter les pertes de rendement. La mise en œuvre de la pratique, même avec des tracteurs pneus étroits et des diviseurs devant les pneus, va écraser une partie de la culture au sol selon la largeur de l’écimeuse (Par exemple, tous les 12m pour l'écimeuse Michelleti utilisée sur la plate-forme INRAE CAS-SYS ).
Qualité de la production : En augmentation
En cas de forte infestation d’adventices dont les semences seraient encore sur pied à la récolte, l’écimage va améliorer la qualité de la production en limitant les impuretés.
Fertilité du sol : Pas de connaissance sur impact
Stress hydrique : Pas de connaissance sur impact
Biodiversité fonctionnelle : Pas de connaissance sur impact
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En diminution
Cette pratique ne diminue pas les charges opérationnelles de l’année en cours. Mais à long-terme, théoriquement, l’écimage permet de réduire le stock semencier et donc de diminuer l’apparition d’adventices sur le long terme. Ainsi, c’est une technique qui peut être utilisée dans une démarche de diminution d’utilisation de produits phytosanitaires. Cependant, il n’existe pas actuellement de résultats sur les effets long-terme de cette technique ni sur les conséquences à l’échelle système de sa mise en œuvre récurrente.
Charges de mécanisation : En augmentation
C’est une intervention, donc une charge mais qui peut être mutualisée.
Marge : Pas de connaissance sur impact
A l’échelle de l’itinéraire technique c’est une charge, qui diminue la marge car elle n’augmente pas les produits, mais dont les effets doivent être évalués à l’échelle pluriannuelle, sur laquelle il n’y a pas de données pour le moment.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En augmentation
Comme toute intervention, la mise en œuvre de la technique prend du temps et nécessite des observations des stades des adventices et de la culture. Mais ces chantiers peuvent être délégués et mutualisés.
Effet sur la santé de l'agriculteur : Pas de connaissance sur impact
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte physique
Mode d'action : Rattrapage
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides :