Cultiver des espèces et variétés diversifiées à l'échelle du territoire
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1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Date de création : 23/09/2011
Contributeurs initiaux :
Marie Gosme | INRA | marie.gosme(at)grignon.inra.fr | Grignon (78) |
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Julien Halska | INRA | julien.halska(at)grignon.inra.fr | Dijon (78) |
Julien Papaix | INRA | julien.papaix(at)jouy.inra.fr | Jouy en Josas (78) |
Paul Van Dijk | ARAA | p.vandijk(at)bas-rhin.chambagri.fr | Schilltigheim (67) |
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Diversifier cultures et variétés cultivées sur un territoire et répartir les parcelles qui portent les mêmes espèces ou variétés en les éloignant les unes des autres (diversification spatiale des cultures). Cette technique peut être mise en œuvre de manière individuelle, mais est plus efficace si elle l'est de manière concertée sur l'ensemble du territoire. L'échelle pertinente est fonction des objectifs : par exemple un bassin versant pour limiter l'érosion, ou une échelle liée à la distance de déplacement des bio-agresseurs et/ou des auxiliaires que l'on cherche à gérer par cette technique. La contribution de l'agencement des parcelles entre elles (à proportion de cultures égales) à la protection des cultures découle de principes généraux pas toujours démontrés pour les différents systèmes plantes - bio-agresseur.
Exemple de mise en oeuvre : Le CETIOM (historiquement), et maintenant Terres Inovia proposent sur leur site un outil d'aide au choix des variétés de colza en fonction de l'histoire de la parcelle et des parcelles voisines dans un objectif prophylactique et de gestion de la durabilité des résistances. Exemple : si la parcelle ou une parcelle voisine a reçu dans les trois dernières années une variété à résistance spécifique, il est conseillé de choisir une variété très peu sensible à résistance quantitative.
Précision sur la technique :
La diversification spatiale des cultures sur un territoire revient à diversifier les cultures dans les rotations qui sont en place sur ce territoire. Ainsi, tous les organismes qui peuvent être gérés par la rotation sont concernés par la technique présentée ici. Cependant, pour plus de clarté, nous n'avons répertorié que les organismes qui sont influencés par le fait que les cultures soit diversifiées sur un territoire une année donnée. les organismes peu mobiles (ravageurs et maladies telluriques) ne sont donc pas concernés par cette fiche.Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
La diversification peut se faire à l'échelle de l'exploitation, mais dans certains cas, elle sera plus efficace à l'échelle du territoire (d'autant plus si le parcellaire de l'exploitation n'est pas groupé).
Application de la technique à...
Toutes les productions : Généralisation parfois délicateLes cultures pour lesquelles on dispose de conseils de répartition territoriales sont rares.
Betterave : Eviter la proximité de prairie, qui peuvent être sources de tipules et ne pas semer à moins de 500m de céréales attaquées par la mouche grise.
Colza hiver : Il existe des références académiques pour le phoma du colza d'hiver. Les principes sont d'éloigner le plus possibles les sources d'inoculum et les parcelles de colza, en tenant compte du sens des vents dominants.
Lin fibre hiver - Lin fibre printemps - Lin graine hiver - Lin graine printemps : Eviter la proximité de prairie, qui peuvent être sources de tipules.
Luzerne : Culture qui sert de refuge aux coccinelles en hiver. A partir des parcelles de luzerne, elles peuvent coloniser les autres cultures proches.
Maïs ensilage - Maïs grain : Moins il y a de maïs dans le paysage, moins les densités de chrysomèles sont fortes, et plus les coccinelles maculées sont présentes.
Pommes de terres : Ne pas semer à moins de 500m de céréales attaquées par la mouche grise. Contre le mildiou, des simulations montrent l'efficacité de la réduction de la proportion de plantes hôtes sur un territoire. Les effets de la répartition des champs sont moins évidents.
Prairies : Les prairies peuvent être sources de tipules (ravageur du lin notamment), mais aussi d'auxiliaires.
Tous les types de sols : Facilement généralisable
Selon les types de sol, les possibilités de choix de cultures et de diversification sont différentes et peuvent être limitées. Cependant, les caractéristiques pédologiques du territoire peuvent limiter les possibilités de répartition des cultures.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Selon la zone pédoclimatique, les possibilités de choix de cultures et de diversification sont différentes et peuvent être limitées. Prendre éventuellement en compte les contraintes liées aux micoclimats du territoire.
Réglementation
2. Services rendus par la technique
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : Variableémission phytosanitaires : DIMINUTION
émission GES : VARIABLE
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
N.P. : DIMINUTION
pesticides : DIMINUTION
Effet sur la consommation de ressources fossiles : Variable
consommation d'énergie fossile : VARIABLE
Autre : Pas d'effet (neutre)
Transfert polluant vers eaux (N, P, phyto ...) : Diminution
En réduisant l'usage de produits phytosanitaires, on réduit le risque de transfert (fonction des caractéristiques des substances actives). La réduction du risque de ruissellement limite aussi le transfert de pesticides et de phosphore (adsorbés en surface des particules de sol). Le risque de transfert d'azote peut augmenter si la limitation du ruissellement augmente le lessivage (infiltration accrue).
Transfert polluant vers air (N, P, phyto ...) : Diminution
En réduisant l'usage de produits phytosanitaires, on réduit le risque de transfert (fonction des caractéristiques des substances actives).
Consommation d'énergie fossile : Variable
Dépend du choix des espèces sur le territoire. Toute culture très dépendante de l'utilisation d'engrais minéraux augmentera la consommation d'énergie fossile sur la rotation. A l'inverse, toute culture plus autonome vis-à-vis de l'azote (exemple des légumineuses) contribuera à améliorer cet impact. La répartition des parcelles peut influencer la longeur et le nombre de trajets entre parcelles.
Dégagement de GES : Variable
Dépend du choix des espèces. En systèmes de grande culture, les émissions de GES sont surtout le fait du CO2 et du N20. Le CO2 est lié à la consommation d'énergie (et donc indirectement à la fabrication des engrais). Le N20 est lié à l'épandage des engrais azotés. L'ampleur des dégagements de GES est donc fortement dépendante de la quantité d'engrais azotés utilisée. La répartition des parcelles peut influencer la longeur et le nombre de trajets entre parcelles (émissions de CO2).
Critères "agronomiques"
Productivité : En augmentationQualité de la production : En augmentation
Par maintien voire amélioration de la fertilité physico-chimique du sol et meilleur contrôle du développement des bioagresseurs. Fonction des effets précédents et de la complémentarité des cultures vis-à-vis de l'exploitation des ressources.
Fertilité du sol : En augmentation
Des cultures variées explorent différents compartiments du sol et n'exploitent pas les mêmes ressources.
Stress hydrique : Pas d'effet (neutre)
Biodiversité fonctionnelle : En augmentation
Une hétérogénéité accrue du paysage implique que les organismes vivants suffisamment mobiles peuvent plus facilement passer d'une culture à l'autre, en fonction des ressources et habitats qui leur conviennent.
Autres critères agronomiques : En diminution
Autres critères agronomiques : En diminution
Durabilité des résistances : Augmentation
La réduction d'inoculum induite notamment par une répartition ad-hoc des parcelles peut contribuer à l'augmentation de la durabilité des résistances monogéniques ou quantitatives. Le fait de varier les gènes de résistance sur un territoire est un obstacle à l'adaptation des pathogènes (notamment dans le cas du phoma du colza où la préservation des résistances monogéniques est un enjeu fort).
Population de certains ravageurs : Augmentation
Dans certains cas, une forte proportion de plantes hôtes permet de diluer la population de bio-agresseurs. Exemple : méligèthes et charançons de la tige (cf. bibliographie).
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : Variable
Evolution fonction des cultures de la rotation et de leurs itinéraires techniques. Une moindre pression de certains bioagresseurs dans le couvert doit permettre de réduire les charges liées à l'usage de produits phytosanitaires.
Charges de mécanisation : En augmentation
La dispersion des parcelles d'une même culture implique une augmentation des trajets entre parcelles. Fonction aussi des cultures du territoire et de leurs itinéraires techniques.
Marge : Variable
Variables en fonction des économies de pesticides réalisées et de l'augmentation des charges.
Autres critères économiques : Variable
Autres critères économiques : Variable
Possibilités de débouchés : Diminution
Trouver des acheteurs risque d'être difficile pour certaines cultures en fonction du contexte local et des volumes produits.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En augmentation
Eventuellement augmentation des trajets entre parcelles d'une même culture.
Période de pointe : En augmentation
Le temps de travail peut être accru par la diversification des cultures (conduites selon des itinéraires techniques différents). Cependant, cette diversification, peut aussi limiter les pointes de travail (semis, récoltes). Augmentation du temps de trajet entre parcelles d'une même culture.
Besoin de coordination entre agriculteurs voisins : Augmentation
Cette collaboration peut être nécessaire étant donné que la technique est plus efficace à une échelle territoriale.
Temps d'observation : En augmentation
Temps d'observation : En augmentation
Chaque culture requiert des observations spécifiques. Diversifier les cultures implique un temps d'observation supérieur.
Besoin de formation des agriculteurs : Augmentation
Conduire un plus grand nombre de cultures requiert plus de savoir-faire, nécessite des apprentissages, etc.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
charançon de la tige | ravageur, prédateur ou parasite | ||
méligèthe | ravageur, prédateur ou parasite | ||
tipule | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | Sur lin et betterave |
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
chrysomèle des racines de maïs | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | La réduction de la proportion de maïs permet de réduire les densités de chrysomèles sur maïs. |
mildiou | FAIBLE | agent pathogène (bioagresseur) | Contre le mildiou, des simulations montrent l'efficacité de la réduction de la proportion de plantes hôtes (pommes de terre) sur un territoire. Les effets de la répartition des champs sont moins évidents. |
phoma des crucifères | FAIBLE | agent pathogène (bioagresseur) | phoma du colza |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Coccinelles | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Note d'intensité donnée pour Coleomegilla maculata, favorisée par la réduction de la proportion de maïs dans le paysage. |
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Contrôle cultural
Mode d'action : Evitement
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception