TECHNIQUE

Epaillage manuel de la canne à sucre en cours de culture


Cette fiche est reliée à d'autres thématiques de la manière suivante :

défavorise
est appliqué à
Production
Voir tous les liens

Epaillage manuel sur jeunes cannes

Crédit : Antoir J. - CA La Réunion

Aboutie
Dernière modification : 21/05/2021
Voir les contributeurs

Discussion liée

1. Présentation


Caractérisation de la technique

Description de la technique :

Le terme « épaillage » se définit comme l’action de débarrasser les cannes à sucre des feuilles inférieures pour constituer un paillis au sol. Celle-ci peut être réalisée manuellement pendant la phase de croissance de la canne ou lors de la récolte de manière mécanique et constitue une amélioration de la gestion du paillis.

L’épaillage manuel est réalisé au cours de la culture de 6 à 10 mois après la plantation ou la récolte, en arrachant à la main ou à l’aide d’une faucille les feuilles sèches adhérentes aux tiges de canne ou les feuilles en partie vertes mais déjà déchaussées. Celles-ci sont ensuite plaquées au sol et laissées en couverture. Il s’agit d’une pratique traditionnelle qui est adaptée aux petites et moyennes exploitations et dont le travail est réalisé par l’exploitant lui-même durant la croissance de la canne.  

Les effets bénéfiques de l’épaillage ont été démontrés :

  • Constitution d’un mulch protecteur à la surface de la parcelle, qui permet de lutter contre les adventices, de renforcer la fertilité des sols en constituant un apport régulier de matière organique, de conserver l’humidité du sol, de lutter contre l’érosion due aux fortes pentes et aux fortes pluies tout en favorisant la portance des sols.

  • Réduction des traitements phytosanitaires et de leurs impacts, favorisant la qualité de la ressource en eau. En limitant l’évapotranspiration directe à partir du sol, l’épaillage répond aussi à la protection de l’eau sur le plan quantitatif.

Le paillis constitué par l’épaillage manuel pourra être complété à la récolte par la réalisation d’un épaillage mécanique, au moyen d’outils spécifiques (coupeuses péi), lorsque la taille de l’exploitation le permet.

 

Intérêt pour la gestion alternative des adventices

Par la constitution et le renouvellement d’un paillis, l’épaillage contribue à la réduction de la pression des adventices. Dans le cadre du projet CanécoH, il a été constaté que les modalités ayant fait l’objet d’un et de deux épaillages ont respectivement permis une réduction de l’IFT herbicides de 29 % et de 49 % sur une période de 2 ans.

Associé à un épaillage mécanique lors de la récolte qui apporte davantage de matière sèche au paillis, des essais menés dans le cadre du projet MagecaR (essais Agripaille) puis du projet Dephy Expé canne permettent respectivement d’évaluer la réduction de l’enherbement global à 80 % (avec de 19 à 21 tMS/ha) et 70 % (avec 12 MS/ha) au cours des 3 à 4 premiers mois. Dans le cadre du projet MagecaR, il est également constaté une grande variabilité dans l’efficacité du paillis en fonction des adventices présentes dans les parcelles

Le paillis joue ainsi un rôle d’inhibiteur de la levée de mauvaises herbes plus longtemps dans le cycle de la culture. Aussi, il a été l’occasion de parfaire le désherbage de la parcelle, en arrachant et en déposant au-dessus du paillis les mauvaises herbes résiduelles mal maîtrisées (graminées résistantes, lianes grimpantes). Cette opération a une haute valeur ajoutée prophylactique et est importante dans la lutte contre les lianes.

Précision sur la technique :

En plus de son rôle sur la gestion de l’enherbement, l’épaillage permet également d’aérer et d’assainir les tiges de canne – en contrariant la nidification des rongeurs et en mettant à la vue des prédateurs les cochenilles et foreurs de tiges – et de favoriser la maturation de la canne.

Il est à noter que toutes les variétés de canne ne présentent pas les mêmes facilités à être épaillées : dans le cas de variétés difficiles, pour lesquelles les gaines foliaires sont très adhérentes à la tige, il est nécessaire qu’elles soient mouillées avant l’intervention. Sauf dans le cas d’une exploitation disposant d’une irrigation aspersion, cela rend l’épaillage dépendant de la météo.

Enfin, dans le cas où après la coupe, le chargeur a mis à nu une partie du champ, il est nécessaire de faner les pailles pour que la couverture du sol soit effective.



Période de mise en œuvre
Sur culture implantée

L’épaillage peut être réalisé 1 à 2 fois au cours du cycle végétatif de la canne à sucre, de 6 à 10 mois après la plantation ou la récolte.



Echelle spatiale de mise en œuvre
Parcelle


Application de la technique à...

Toutes les productions : Pas généralisable

Cette technique est spécifique à la culture de la canne à sucre.



Tous les types de sols : Facilement généralisable

S’agissant d’une intervention non mécanisée, cette technique est adaptée à toutes les configurations de terrain, qu’ils soient en pente ou peu accessibles.



Tous les contextes climatiques : Sans objet
Tropical


Réglementation

Influence
POSITIVE

A la Réunion, une mesure agro-environnementale et climatique (MAEC) intitulée « Epaillage de la canne à sucre _ COUVER 1 » est accessible pour toute surface cultivée de canne. Proposée dans le cadre du Programme de Développement Rural Européen 2014-2020, elle est éligible pour les pratiques d’épaillage manuel réalisée durant la croissance de la canne ainsi que pour l’épaillage mécanique réalisé au moment de la récolte. Dans le cadre d’un épaillage manuel, la subvention est de 675 euros/ha/an, pour une surface minimale d’engagement de 0,451 ha. Elle vient compenser le surplus de travail représenté par l’épaillage.

Pour plus d’informations, rapprochez-vous de la DAAF de La Réunion. Plus d’information sur cette MAEC.




2. Services rendus par la technique


Régulation et gestion des adventices

Stabilité physique et structuration du sol


3. Effets sur la durabilité du système de culture


Critères "environnementaux"

Effet sur la qualité de l'air : En augmentation

Les réductions de l’enherbement observées dans le cadre des projets CanécoH et MagecaR grâce à la constitution d’un paillis (après épaillage manuel et mécanique) permettent de limiter les applications d’herbicides en post-levée, limitant de fait les émissions de produits phytosanitaires dans l’air.



Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation

Pour les mêmes raisons que pour la qualité de l’air, la qualité de l’eau est améliorée par la pratique de l’épaillage manuel. La limitation de l’érosion des sols permet également d’en améliorer la qualité.



Effet sur la consommation de ressources fossiles : Pas d'effet (neutre)



Critères "agronomiques"

Productivité : Variable

Dans le cadre du projet CanécoH, une réduction significative du rendement a été observée uniquement pour la modalité de deux épaillages manuels, de 10 % par rapport au témoin.



Qualité de la production : Pas d'effet (neutre)

Une richesse en sucre en moyenne légèrement supérieure de 1 % a été observée pour les modalités ayant été épaillées, cet écart n’étant pas significatif.



Fertilité du sol : En augmentation

Du fait de la non-exportation de la biomasse de la canne, qui est restituée à la parcelle en paillis, l’épaillage permet de renforcer la fertilité des sols en constituant un apport régulier de matière organique.



Stress hydrique : En diminution
La couverture du sol offerte par le paillis permet de limiter l’évapotranspiration.


Critères "économiques"


Charges opérationnelles : Pas d'effet (neutre)


Charges de mécanisation : Pas d'effet (neutre)


Marge : Pas d'effet (neutre)

Cette technique ne permet pas de dégager de bénéfices à court terme car malgré la MAE, l’opération reste coûteuse en main-d’œuvre. Les bénéfices sont attendus à moyen et long terme, mais restent difficiles à chiffrer.




Critères "sociaux"


Temps de travail : En augmentation

La pratique de l’épaillage manuel représente une augmentation du temps de travail. Au vu du surplus de travail nécessaire à cette intervention, il est conseillé à un planteur sans main d’œuvre de débuter sur une surface raisonnable, quitte à engager une surface plus grande par la suite.



Effet sur la santé de l'agriculteur : En augmentation
La réduction du recours aux herbicides permis par l’épaillage permet de réduire l’exposition des agriculteurs.

Pénibilité du travail : En augmentation

Il s’agit d’une méthode pénible (travail physique, possibilité de piqûres de guêpes et de fourmis) qui ne peut pas être envisagée sur de trop grandes surfaces.



Temps de récolte : En augmentation
Les parcelles ayant été épaillées manuellement sont plus faciles à récolter.



4. Organismes favorisés ou défavorisés


Bioagresseurs favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Bioagresseurs défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions
Cochenilles MOYENNE ravageur, prédateur ou parasite En mettant à nu les ravageurs de la canne qui s'insèrent habituellement entre la feuille et la tige, ils seront visibles par tous les prédateurs présents naturellement dans l'environnement qui pourront les dévorer et réguler plus facilement les populations.
adventices MOYENNE adventices
rongeur MOYENNE ravageur, prédateur ou parasite Le maintien d’un milieu découvert permet d’éloigner les rats.

Auxiliaires favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Auxiliaires défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Accidents climatiques et physiologiques favorisés

Organisme Impact de la technique Précisions

Accidents climatiques et physiologiques défavorisés

Organisme Impact de la technique Précisions


5. Pour en savoir plus

Carocanne, Le magazine des professionnels de la canne à La Réunion, Article de presse, 2020
Carocanne, Le magazine des professionnels de la canne à La Réunion, Article de presse, 2020
Dutripon S.
Agreste, Brochure technique, 2016
Antoir J. (CA La Réunion), Fontaine R. (FDGDON)
Chambre d’agriculture de La Réunion, Brochure technique, 2020
Levet L., Maillary L.
Agreste, Brochure technique, 2020
Antoir J. et al.
Chambre d’agriculture de La Réunion, Brochure technique, 2016
Bruchon L. et al.
CIRAD, Brochure technique, 2015

6. Mots clés


Méthode de contrôle des bioagresseurs :
Mode d'action :
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides :
Pour contribuer à l'enrichissement de la fiche, vous devez créer un compte ou vous identifier.Cela vous permettra d'apporter votre contribution via l'espace d'échanges

Contributeurs

21/05/2021