Implanter des bandes herbeuses et florales en bordure des parcelles
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2. Services rendus par la technique
3. Effets sur la durabilité du système de culture
4. Organismes favorisés ou défavorisés
5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Fiche initialement rédigée par Stéphane Cordeau (ESA Angers), Etienne Gaujour (Agrosup Dijon) et Régis Wartelle (CA Picardie)
Le principe :
Il s'agit de semer une bandes herbeuse ou de favoriser le développement d'un couvert spontané autour de la parcelle, sur une largeur de plusieurs mètres. Les modalités de gestion de la bande enherbée sont fonction des objectifs visés : emplacement, composition (les associations de graminées et de légumineuses sont conseillées), largeur, espèces et entretien (fauchage, pâturage). Attention, pour les bandes tampon le long des cours d'eau, la liste des espèces autorisées est définie par arrêté préfectoral. Pour limiter les transferts de polluants (azote, phytosanitaires) (1) les emplacements possibles sont : le long des éléments hydrographiques (rivières, fossés, étangs), autour des bétoires, en fond de vallon ou encore sur une zone de captage ; (2) l'efficacité augmente avec la largeur (5m minimum). Pour la biodiversité, la composition du couvert et les modalités d'entretien déterminent les espèces végétales ou animales favorisées. Les apports d'engrais et de produits phytosanitaires sont interdits. La gestion de la bande enherbée doit l'empêcher de contribuer au salissement de la parcelle adjacente (développement rapide après semis, fauche/broyage adapté, notamment avant montée à graines des adventices éventuelles). Elle est idéalement placée en continuité avec d'autres aménagements topographique afin de favoriser son rôle de corridor écologique.
Exemple de mise en oeuvre :
Exemple d'application
Pour la réalisation de bordures le long des champs de betteraves, il a été montré que l’utilisation préférentielle du dactyle et des fétuques renforce la présence des auxiliaires utiles au contrôle des pucerons nuisibles à la betterave, sans constituer pour ces mêmes pucerons un support alimentaire attractif. Des éléments de gestion sont proposés. (exemple tiré de l'article de Phytoma, cf. bibliographie).
* Pour plus d'exemples, voir les données issues du projet CASDAR Entomophage 2009-2011.
Période de mise en œuvre
''Ces aménagements sont générallement destinés à être permanents, mais peut parfois être annuels, voire concerner l'interculture uniquement. Dans le cas d'une bande enherbée permanente ou pluriannuelle, il est possible d'en modifier la composition spécifique au cours des années.''
Echelle spatiale de mise en œuvre
''La mise en œuvre de ces aménagements dépend de l'objectif visé. Son efficacité augmente généralement avec l'accroissement de l'échelle spatiale, de la parcelle au territoire.''
Application de la technique à...
Toutes les cultures : Facilement généralisableDispositifs non obligatoires sur cultures pérennes.
Tous les types de sols : Facilement généralisable
Choisir des espèces adaptées au contexte local, ou laisser un couvert spontané se développer.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Choisir des espèces adaptés au contexte local, ou laisser un couvert spontané se développer.
Réglementation
InfluenceLa directive "nitrates" impose des bandes enherbées de 10 à 15m de large en bordure des éléments hydrographiques et sur minimum 3% de la surface de l'exploitation. Dans l'arrêté du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, la largeur des zones non traitées dépend de la présence de bandes enherbées (5m au minimum). La norme "BCAE Protection et gestion de l’eau" impose d’implanter des bandes enherbées de 5 m minimum le long de tous les cours d’eau éligibles. La norme "BCAE maintien des éléments topographiques" impose une surface minimale d'éléments topographiques. La liste des espèces autorisées est définie par arrêté préfectoral. Directive "nitrates" ; arrêté du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ; arrêtés préfectoraux relatifs aux normes BCAE
2. Services rendus par la technique
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationémission phytosanitaires : DIMINUTION
émission GES : INCONNUE
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
N.P. : DIMINUTION
Autre : Pas d'effet (neutre)
Commentaires
Transfert polluant vers eaux (N, P, phyto ...) : Diminution
Réduction de l'utilisation de pesticides (par ailleurs interdits sur les bandes enherbées) via la favorisation des auxiliaires dans les parcelles, réduction du transfert de polluants vers les éléments hydrographiques.
Transfert polluant vers air (N, P, phyto ...) : Diminution
Réduction car interdiction de la pulvérisation de produits phytosanitaires sur les bandes enherbées et contribution des auxiliaires à la maîtrise des bioagresseurs dans la parcelle.
Consommation d'énergie fossile : pas de connaissance sur impact
Légère variation de la consommation de carburant due au changement d'itinéraire technique entre culture commerciale et bande enherbée, liée au fait que le couvert soit récolté ou non, et diminution du fait de l'interdiction des apports d'engrais sur les bandes enherbées. L'évaluation globale est complexe.
Dégagement de GES : pas de connaissance sur impact
Pas de connaissance sur l'impact global. Pour le CO2, on a une légère réduction de consommation d'énergie fossile, mais la bande enherbée permet de stocker du carbone. Pas de conaissance pour le N2O.
Biodiversité : variable
Augmentation de la biodiversité du fait des habitats et des ressources offerts et grâce à l'effet de corridor écologique. Cependant, les couverts floraux paysagers peuvent réduire la biodiversité en remplaçant des espèces indigènes initialement présentes en bords de champ par des espèces exotiques qui n'ont pas de fonction écologique dans nos milieux (pas de consensus à ce sujet). L'augmentation de la biodiversité ne fait pas au départ partie des objectifs des réglementations sur les bandes enherbées.
Diversité des zones semi-naturelles dans les paysages : augmentation
Augmentation de la diversité des éléments composant les paysages via l'aménagement de zones semi-naturelles.
Critères "agronomiques"
Productivité : VariableVariable
Perte de la production commerciale sur la surface enherbée (mais production d'un couvert non commercial), mais accroissements potentiels des rendements sur la périphérie de la zone cultivée en comparaison du rendement obtenu sans bande enherbée (sol moins tassé, apports de fertilisant complets jusqu'au bord de la culture).
Fertilité du sol : En augmentation
En augmentation
Augmentation via la réduction de l'érosion, le développement de la microfaune du sol, ces deux éléments participant à l'amélioration de la structure du sol au niveau de la bande enherbée et au mieux sur quelques centimètres autour.
Stress hydrique : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet (neutre)
L'eau s'infiltre mieux dans la bandes enherbée et y est mieux retenue, mais n'est plus disponible pour la culture.
Biodiversité fonctionnelle : Variable
Variable
Augmentation de la biodiversité et en particulier de la biodiversité fonctionnelle (auxiliaires, pollinisateurs). Par contre le rôle est faible en ce qui concerne la microfaune et la microflore du sol, peu mobiles.
Autres critères agronomiques : Variable
Développement des pathogènes et autres bio-agresseurs : Variable
Les bandes fleuries et/ou enherbées peuvent aussi constituer des réserves de bio-agresseurs (par exemple le brôme, le chiendent rampant, les limaces). Un suivi minimum est donc nécessaire, par exemple pour le chardon ou l'ergot sur adventices.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En augmentation
En augmentation
Augmentation chiffrée pour le carburant et les semences à environ 0,5 euros/mètre linéaire/an pour l'entretien et à environ 7 euros / mètre linéaire pour la mise en place. A l'inverse, des dépenses sont évitées car la surface de la bande enherbée ne porte pas de culture commerciale (pas d'engrais, pas de phytosanitaires, etc.).
Charges de mécanisation : En augmentation
En augmentation
Augmentation chiffrée pour la mécanisation à environ 4 euros/mètre linéaire/an pour l'entretien et à 8 à 13 euros / mètre linéaire pour la mise en place. A l'inverse, des dépenses sont évitées car la surface de la bande enherbée ne porte pas de culture commerciale.
Marge : En diminution
En diminution
Diminution du fait des coûts d'implantation et d'entretien et du remplacement éventuel de la culture par une surface non productive (au sens commercial). Le coût des bandes enherbées semées en bordure a été chiffré à 350 à 850 euros/ha de bande enherbée l'année d'installation et 125 à 640 euros/ha de bande enherbée les années suivantes. Ramenés à l'échelle de l'exploitation, ces coûts sont faibles.
Autres critères économiques : Variable
Consommation de carburant : Variable
Dépend de la variation du besoin en carburant entre une surface portant une culture commerciale et la même surface portant une bande enherbée (générallement moins de passages donc légère diminution, sauf année d'implantation).
Surfaces productives : Variable
La conversion de surfaces productives n'est pas toujours nécessaire car beaucoup de zones réservoirs peuvent être constituées à partir des surfaces non cultivées
existantes.
Critères "sociaux"
Temps de travail : Variable
Temps de travail total : Effet variable selon que la bande enherbée est implantée à la place de surface de production commerciale (diminution) ou de surface non productive (augmentation). Les avis sont partagés. Pour certains l'augmentation du temps de travail est très limitée et surtout liée à l'implantation, pour d'autres cette augmentation est très importante (formation, planification de l'implantation et de la gestion des bandes enherbées, etc.).
Temps de mécanisation : Variable en fonction du rapport entre le temps de mécanisation de la bande enherbée et celui de la culture remplacée. En général réduction hors année d'implantation.
Période de pointe : Variable
Variable
Effet sur la santé de l'agriculteur : En augmentation
Qualité de l'image du milieu agricole : Augmentation
Amélioration de l'image du milieu agricole du fait des mesures environnementales prises et de l'évolution des paysages, moyennant l'information du public sur l'implication des agriculteurs dans la mise en place de ces dispositifs.
Temps d'observation : Variable
Variable
Pas d'effet, sauf observation supplémentaires dans la bande enherbée (auxiliaires, adventices), sauf veille poussée dans les bandes enherbées en vue par exemple d'améliorer le mélange initial.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
adventices | FAIBLE | adventices | Selon leur composition, les bandes florales et herbeuses peuvent éventuellement entrainer le salissement des parcelles adjacentes |
escargot | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | Les bandes herbeuses et florales constituent de refuges pour les limaces et les escargots |
limace | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | Les bandes herbeuses et florales constituent de refuges pour les limaces et les escargots |
mouches des cultures légumières | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Les mouches peuvent se nourrir du pollen et du nectar des fleurs présentes dans les bandes florales |
rongeur | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Les bandes herbeuses et florales constituent de refuges pour les rongeurs |
thrips des cultures légumières | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Les thrips peuvent se nourrir du pollen et du nectar des fleurs présentes dans les bandes florales |
virus | MOYENNE | agent pathogène (bioagresseur) | Certaines espèces présentes dans les bandes herbeuses ou florales peuvent être de réservoirs de virus délétères pour les cultures légumières |
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
acarien | ravageur, prédateur ou parasite | Cette liste n'est pas exhaustive. Ces bio-agresseurs sont les cibles des auxiliaires favorisés par la technique. Ils sont donc défavorisés indirectement. | |
charançon de la tige | ravageur, prédateur ou parasite | ||
charançon du bourgeon terminal | ravageur, prédateur ou parasite | ||
cicadelle de la betterave | ravageur, prédateur ou parasite | ||
cicadelle du blé | ravageur, prédateur ou parasite | ||
cicadelle du maïs | ravageur, prédateur ou parasite | ||
cécidomyie des fleurs de blé | ravageur, prédateur ou parasite | ||
cécidomyie du pois | ravageur, prédateur ou parasite | ||
hanneton | ravageur, prédateur ou parasite | ||
limace | ravageur, prédateur ou parasite | ||
mouches des cultures légumières | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | La présence de bandes herbeuses semble favoriser le développement des araignées qui sont potentiellement des prédateurs d’œufs de mouches |
méligèthe | ravageur, prédateur ou parasite | ||
noctuelles des cultures légumières | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | La présence de bandes florales en bord de cultures attire les prédateurs et parasitoïdes de noctuelles, et favorise par conséquence les processus de régulation naturelle |
puceron | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | La présence de bandes florales en bord de cultures attire les prédateurs et parasitoïdes de pucerons, et favorise par conséquence les processus de régulation naturelle |
puceron d’automne | ravageur, prédateur ou parasite | ||
puceron noir de la fève | ravageur, prédateur ou parasite | ||
puceron vert du pois | ravageur, prédateur ou parasite | ||
puceron vert et rose de la pomme de terre | ravageur, prédateur ou parasite | ||
pucerons de la pomme de terre | ravageur, prédateur ou parasite | ||
pucerons des crucifères | ravageur, prédateur ou parasite | ||
pucerons vecteurs de la jaunisse grave | ravageur, prédateur ou parasite | ||
pucerons vecteurs de la jaunisse modérée | ravageur, prédateur ou parasite | ||
pyrale du haricot | ravageur, prédateur ou parasite | ||
pyrale du maïs | ravageur, prédateur ou parasite | ||
scutigérelles | ravageur, prédateur ou parasite | ||
taupin | ravageur, prédateur ou parasite | ||
thrips du lin | ravageur, prédateur ou parasite | ||
thrips du pois | ravageur, prédateur ou parasite | ||
tordeuse du pois | ravageur, prédateur ou parasite |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Carabes prédateurs et granivores | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | favorisé par des bandes herbeuses et en moindre mesure par les bandes florales |
Chrysopes et hémérobes | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Si des plantes mellifères sont présentes dans la bande enherbée |
Chrysopes et hémérobes | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Favorisé par les bandes florales |
Coccinelles | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Favorisé par les bandes florales |
Oiseaux insectivores | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Les arbres, les haies, les bosquets et les trous dans la végétation sont importants |
Parasitoïdes | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | l'implantation de bandes florales peut favoriser la présente de parasitoïdes (mouche tachinaire par exemple) |
Pollinisateurs | FORTE | Pollinisateurs | Favorisés par les bandes florales |
Punaises prédatrices ou granivores | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Les punaises prédatrices ont besoin d'un environnement proche de l'état naturel (surface de compensation écologique, riche flore accompagnatrice) |
Syrphes prédatrices | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | favorisé par les bandes herbeuses et en moindre mesure par les bandes florales |
Thrips prédateurs | FORTE | Ennemis naturels des bioagresseurs | favorisé par les bandes florales |
Vers de terre | MOYENNE | Organismes fonctionnels du sol | favorisé par les bandes herbeuses et en moindre mesure par les bandes florales |
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
5. Pour en savoir plus
Article de revue scientifique. Donne les éléments de coût donnés dans la partie effets de la fiche.
Article de presse. Ce document a fourni l'exemple de la partie "présentation de la technique".
Chambre d'Agriculture de Seine Maritime
Brochure technique. Concerne la réduction des transferts de polluants
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Contrôle cultural
Mode d'action : Action sur le stock initial
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception