TECHNIQUE

Cultiver des associations d'espèces pluriannuelles



En cours de rédaction
Dernière modification : 19/04/2021
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Discussion liée

1. Présentation


Caractérisation de la technique

Description de la technique :

L'association d'espèces pluriannuelles est une culture simultanée de deux espèces pluriannuelles ou plus sur la même surface. Les espèces ne sont pas nécessairement semées et récoltées en même temps mais doivent cohabiter pendant une période significative de leur croissance.  

 

En grandes cultures, il est possible d’implanter sur une même parcelle plusieurs espèces pluriannuelles pour la production de fourrage. La pratique la plus fréquente consiste à associer une ou plusieurs légumineuses (trèfle, luzerne, …) à des graminées (ray-grass, dactyle, …). Les espèces peuvent être semées simultanément ou en plusieurs passages. Le mélange doit tenir compte des complémentarités entre espèces et du comportement de chaque espèce (les espèces les plus agressives peuvent provoquer l'élimination des autres espèces si leur proportion dans le mélange est trop importante). La proportion relative de chaque espèce évolue au cours du temps. La récolte peut prendre différentes formes ; pâturage, foin, enrubannage, ... 

 

Dans le cas intermédiaire où une espèce annuelle est associée à une espèce pluriannuelle, cette dernière fournit en théorie plus d’azote qu’elle n’en reçoit du fait qu’une partie des transferts d’azote sont liés à la minéralisation de rhizodépôts et plus largement d’organes végétatifs sénescents apportés au sol depuis l’installation du couvert végétal. Des différences significatives entre espèces interviennent pour cette fourniture du fait qu’elle dépende de la dynamique de croissance des racines et de la composition biochimique des litières et des rhizodépots produits (Louarn et al., 2015). 

Précision sur la technique :

Le choix des espèces des prairies temporaires et leur proportion dans le mélange dépendront de la situation pédoclimatique et des objectifs visés.  

  • Si l’objectif est une pâture dominante, semer au printemps (sous couvert de céréales de printemps) ou à la fin de l’été (en plein après une céréale et faux-semis) en sol sain et profond un mélange de graminées-légumineuses composé de ray grass anglais tardif diploïde et tétraploïde / trèfle blanc respectivement à 15-20 et 2-4 Kg/ha. 
  • Si l’objectif est une fauche dominante, semer à ces mêmes périodes un mélange de graminées-légumineuses de composé de dactyle tardif (5-7 Kg/ha), fétuque élevée (8 Kg/ha), RGA diploïde (4-5 Kg/ha) et luzerne (15 Kg/ha) et trèfle blanc type géant (3 Kg/ha). 

(Prairies temporaires, Chambre agriculture de Normandie

 

Ce guide présente quelques espèces pluriannuelles intéressante pour les abeilles.  

 

Points de vigilance : 

L'implantation d'espèces pluriannuelles dans la rotation, en particulier de Luzerne, épuisent les réserves souterraines des vivaces par l'action des fauches répétées et permettent d'éradiquer efficacement ces adventices. En cela, cette technique permet de limiter le recours au glyphosate pour la destruction des vivaces. 



Période de mise en œuvre
Pendant l'interculture
A l'implantation


Echelle spatiale de mise en œuvre
Parcelle


Application de la technique à...

Toutes les productions : Généralisation parfois délicate

La composition du mélange doit tenir compte du comportement de chaque espèce, pour minimiser les phénomènes de concurrence, qui peuvent aboutir à l'élimination de certaines espèces, et maximiser la complémentarité des espèces entre elles voire les phénomènes de facilitation lorsqu'ils existent. 



Tous les types de sols : Facilement généralisable

La composition du mélange doit tenir compte des exigences des espèces en termes de type de sol. 



Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable

La composition du mélange doit tenir compte des exigences des espèces en termes de pluviométrie, cumuls de température, …  

Par exemple, le ray grass anglais ne pousse plus lorsque la température est supérieure à 25°C. Afin d’éviter les accidents dûs aux aléas climatiques, il est possible d’augmenter raisonnablement le nombre d’espèces du mélange. 



Réglementation

Concernant la réglementation liée à la directive nitrates, référez-vous à la Draaf de votre région. 


2. Services rendus par la technique


Régulation et gestion des adventices

Gestion des ravageurs

Gestion des maladies

Gestion des auxiliaires ennemis des bioagresseurs

Gestion des auxiliaires pollinisateurs

Stockage et gestion de l'eau

Fourniture de nutriments

Stabilité physique et structuration du sol

Régulation du climat local


3. Effets sur la durabilité du système de culture


Critères "environnementaux"

Effet sur la qualité de l'air : En augmentation

L'implantation d'associations d'espèces pluriannuelles comportant au moins une espèce légumineuse peut permettre de limiter les  apports de fertilisant, donc de limiter les risques de transfert.  



Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
L'implantation d'associations d'espèces pluriannuelles comportant au moins une espèce légumineuse peut permettre de limiter les apports de fertilisant, donc de limiter les risques de transfert. Attention cependant au risque de lixiviation de nitrate lors du retournement de la prairie.

Effet sur la consommation de ressources fossiles : En diminution

L'implantation d'associations d'espèces pluriannuelles permet de réduire la consommation de carburant ainsi que les émissions de gaz à effet de serre liées à l'implantation par rapport à une rotation de cultures annuelles (moindre fréquence des opérations de travail du sol consommatrices en énergie). Par rapport à l'implantation d'une prairie monospécifique, l'impact sur la consommation de carburant liée à l'implantation est neutre. Par ailleurs, l'introduction d'une légumineuse dans le mélange permet de réduire les besoins en fertilisants azotés, et donc la consommation d'énergie liée à leur fabrication. 




Critères "agronomiques"

Productivité : En augmentation

Les systèmes associant plusieurs cultures sont en général plus productifs que les systèmes monospécifiques. En termes de matière sèche par unité de surface, l'association de plusieurs espèces pluriannuelles permet de maximiser la production (complémentarité des systèmes foliaires, racinaires…). 



Qualité de la production : Pas de connaissance sur impact


Fertilité du sol : En augmentation
Les associations permettent une exploration plus complète des horizons du sol, de fixer ou augmenter la disponibilité des éléments nutritifs du sol ainsi que la vie biologique et la matière organique. La présence d'une légumineuse dans la composition du mélange se traduit aussi par des restitutions d'azote pour la culture suivante.


Critères "économiques"


Charges opérationnelles : En diminution
L'implantation d'associations de cultures pluriannuelles implique des charges opérationnelles très réduites (implantation pour plusieurs années, fertilisation et protection phytosanitaire réduites, voire nulles…) par rapport à une rotation de cultures annuelles. Par rapport à une prairie monospécifique, la diminution de charges est essentiellement liée à la fertilisation mais les charges liées à l'achat de semence sont plus élevées.

Charges de mécanisation : Pas d'effet (neutre)

Les charges de mécanisation liées à l'implantation et l'exploitation d'une prairie temporaire plurispécifique sont proches de celles induites par une prairie monospécifique, mais inférieures à celles liées à une rotation de cultures annuelles. 



Marge : Variable

L'impact de l'implantation d'une association d'espèces pluriannuelles sur la rentabilité est difficile à apprécier car elle implique souvent une valorisation en autoconsommation (système polyculture-élevage) ou la vente de fourrage sur pied (système céréalier). 




Critères "sociaux"


Temps de travail : En diminution

Par rapport à une rotation de cultures annuelles, l'implantation d'une association de cultures pluriannuelles avec vente de fourrage sur pied permet une diminution importante de la charge de travail. Par rapport à l'implantation d'une prairie temporaire monospécifique en revanche l'impact sur la charge de travail est neutre. 





4. Organismes favorisés ou défavorisés


Bioagresseurs favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Bioagresseurs défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Auxiliaires favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Auxiliaires défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Accidents climatiques et physiologiques favorisés

Organisme Impact de la technique Précisions

Accidents climatiques et physiologiques défavorisés

Organisme Impact de la technique Précisions


5. Pour en savoir plus

Gaëtan Louarn, Edina Pereira-Lopès, Joëlle Fustec, Bruno Mary, Anne-Sophie Voisin, Paulo Cesar de Faccio Carvalho, François Gastal
Plant and soil, Article de revue avec comité, 2015
Chambre d’agriculture de Normandie, Brochure technique
Chambre d'agriculture des Pays de la Loire, Brochure technique, 2004
Pierre P, Hubert F, Coutard JP, Fougere M, Capele E, Bulot N, Ralu R, Delagarde R, Fustec J, Couvreur S, Besnard A, Battegay S, Metay X
Chambre d'agriculture des Pays de la Loire, Brochure technique, 2008
Guillois F, Hérisset R, Roger P, Seuret J.M, Falchier M, Pierre P
Chambre d'agriculture des Pays de la Loire et de Bretagne, Brochure technique, 2011
Leroyer L, Coutard JP,
Fiche DevAB Agronomie n°8, Brochure technique, 2009
Coutard J.P
Chambre d'agriculture des Pays de la Loire, Brochure technique, 2011

6. Mots clés


Méthode de contrôle des bioagresseurs : Contrôle cultural
Mode d'action : Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception
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Contributeurs

19/04/2021
Céline Bourlet - Chambre d'agriculture des Pays de la Loire - Angers (49000)
charge-mission - celine.bourlet@pl.chambagri.fr

30/03/2021
28/08/2017
Lola Leveau - Irstea - Clermont-Ferrand (63000)
ingenieur - lola.leveau@irstea.fr