Gestion du mildiou (Peronospora sp.) sur oignon de conservation - Fiche 1
- Plein champ
- Créneau de production :
Bulbilles jours longs :
Plantation : mi-février à début mars
Récolte : juillet
Bulbilles jours courts :
Plantation : octobre
Récolte : mi-juin / fin juin
Attentes
- 0 mildiou dans la parcelle (= pas d’entrée) jusqu’au stade tombaison
Levier(s) mobilisé(s)
- Rotation
- Gestion de la fertilisation et/ou de l’irrigation
- Génétique
- Eléments de pilotage
- Limitation de l'inoculum
- Usage optimisé de PPP hors biocontrôle
:

ÉNONCÉ
Cas de plantation par bulbilles (voir cas semis ici)
- ROTATION et ASSOLEMENT –
Action systématique : Pas de culture d'oignon avant 6 ans minimum dans la parcelle.
Action systématique : A l'échelle de l'exploitation, détruire les déchets (oignons déclassés et/ou restes de stockage) par au minimum une incorporation (ou tas bâchés ; détruits à la chaux ; enterrement ; méthanisation, …) pour éviter les repousses d’oignon contaminées à proximité de la culture. Eviter les parcelles qui ont connu des épandages de déchets ou qui ont des historiques de forte pression.
Action systématique : Dans le choix de la parcelle : éviter les fonds de vallée, les bordures de forêt, en résumé les zones ombragées qui limitent l’aération et le séchage de la végétation.
Eviter la proximité avec d'autres cultures d'oignon notamment les cultures porte-graine qui entretiennent le maintien de l’inoculum. Pour protéger les bulbilles de jours longs, éviter la proximité avec des bulbilles de jours courts ou oignon de semis.
- Avant plantation –
Action systématique : Préférer une variété tolérante si disponible dans le type variétal. Choisir des bulbilles traitées à la thermothérapie.
Action systématique : Favoriser une orientation des rangs dans le sens du régime dominant du vent (séchage de la végétation).
Action systématique : Raisonner la fertilisation azotée par des tests nitrate (ou reliquats d’azote) pour limiter les excès : ne pas dépasser 100 uN. Privilégier le fractionnement des apports azotés, tels qu’indiqué ci-dessous pour limiter les à-coups de croissance.
- Pendant la culture -
Action systématique : Quand cela est possible, privilégier l'irrigation à la rampe plutôt qu'au canon. L'irrigation avec des gouttes plus fines limite l'expansion de la maladie. L'irrigation au goutte à goutte, même si elle est peu pratiquée, est un levier efficace de limitation de la maladie (absence d'eau sur la plante).
Action systématique : Piloter l’irrigation par le recours aux sondes (tensiométriques, …) ou par bilan hydrique pour éviter les excès d’eau dans la culture. S’assurer qu’il n’y ait pas de fuite sur les tuyaux et aux raccords qui créent des conditions favorables au développement de la maladie. Eviter les recroisements de canon pour ne pas créer des flaques ou zones humides permanentes.
- A la plantation –
Action systématique : Fractionner l’apport d’azote : 30 uN à la plantation.
- Du stade 4 feuilles jusqu’à 6 feuilles –
Action systématique : Réaliser l’apport restant (jusqu’à 70 uN max en s’appuyant sur les reliquats et apports déjà réalisés : ne pas dépasser 100uN) selon les conditions de pluviométrie.
Observation :
Si les conditions météorologiques sont favorables : température supérieure à 11°C et inférieure à 25°C, et hygrométrie forte (supérieur 90%) sur plusieurs jours, alors réaliser une intervention préventive à base d'un fongicide.
Action systématique : lors des applications phytosanitaires, favoriser des litrages de bouille suffisants et l'ajout d'un adjuvant pour produit pénétrant. Les mouillants pour produit de contact n'apportent aucun gain.
- A partir du stade 5-6 feuilles jusqu’à la tombaison –
Action systématique : Dans la gestion de l'irrigation, éviter d'allonger le temps d'humectation (humidité de 92% pendant 11h) pour amplifier le développement de la maladie : prendre en compte l'humectation liée à la rosée du matin ou la présence de pluies fines ou de brouillard.
Observation : Avec les prévisions météorologiques à 7 jours, si on observe un minimum de 92% d’humidité pendant 11h consécutives :
alors réaliser une intervention préventive à base d’un fongicide.
Sinon, pas d’intervention.
Action systématique : lors des applications phytosanitaires, favoriser des litrages de bouille suffisants et l'ajout d'un adjuvant pour produit pénétrant. Les mouillants pour produit de contact n'apportent aucun gain.
Renouveler tous les 7 à 15 jours en fonction des conditions météorologiques, dans les conditions d’application réglementaires : si les conditions climatiques restent humides, renouveler à 7 jours. Au bout de 7 jours sans pluie, on surveille à nouveau si les 92% d'humidité pendant 11h consécutives sont atteints pour renouveler l'intervention.
- Après la récolte –
Action systématique : s’assurer de la destruction des déchets (oignons déclassés et/ou restes de stockage) par au minimum une incorporation (ou tas bâchés ; détruits à la chaux ; enterrement ; méthanisation, …).
Explications :
- Les bulbilles étant mises en place en premier par rapport à l’oignon semé, ces cultures représentent un risque d’être des sources de mildiou pour les autres cultures d’oignon. Dans le cas d'une source d'inoculum observée sur une parcelle contiguë, la protection peut démarrer dès le stade 2 feuilles.
- L’objectif de la thermothérapie est de casser l’inoculum.
- A densité équivalente, des interrangs larges favorisent l'aération et le séchage de la végétation.
- Une modélisation fiable serait le premier levier à mobiliser (difficulté d’accès aujourd’hui). Dans le cadre du projet ORION (portage UNILET avec partenariat avec CATE, PLRN et chambre d’agriculture du Loiret et fin de projet en 2023), des travaux ont été menés sur la combinaison de l'usage d'un modèle avec des variétés résistantes. Les résultats montrent une réduction du nombre de traitements par rapport à des variétés non résistantes.
- Concernant le levier variétal, dans la pratique, ces variétés sont plus chères à l'achat. Elles sont utilisées majoritairement en agriculture biologique ou sous cahiers des charges spécifiques. Des travaux de recherche sont nécessaires pour le déploiement plus large de ce levier.
- Le bon respect de toutes les mesures prophylactiques pourrait permettre de retarder les premiers traitements à partir du stade 5-6 feuilles.
- Le laps de temps entre une contamination observée et une sortie de tâches est de minimum10 jours (cf bibliographie).
- Dans le sol, l’inoculum peut se maintenir sur déchets pendant 4 à 5 ans (cf bibliographie).
- Une piste d’homologation de produits de biocontrôle à base de phosphonates de potassium pourrait proposer un levier alternatif dans les années à venir.
SOURCE(S) ET/OU MISE EN ŒUVRE
Expertise conseiller collectée lors d’un atelier d’écriture collective avec : Delphine BERTHET (chambre d’agriculture du Loiret) ; Audrey COURRIER (Pole Légume Région Nord) ; Lucile BERTILLOT (chambre d’agriculture du Loir et Cher) ; Valérie Patoux (chambre d’agriculture de Normandie) ; Mickaël Legrand (UNILET) ; Laure Bondu (CTIFL) [collectée le 15/03/2021 dans le cadre du projet DECIlég].
Réactualisation le 14 février 2024 : Anaïs CLAUDEL (Planète Légumes) ; Ariel DOUDET (Vitalis) ; Damien FRIDERES (CETA de Romilly) ; Louis TANCHON (chambre d’agriculture Nord Pas de Calais) ; Henri BEYER (Ferme de la Motte) ; Mickael LEGRAND (UNILET) ; Mickaël BRIEAU (Condichef) ; Valérie PATOUX (chambre d’agriculture de Normandie) ; Jérôme GERVAIS (chambre d’agriculture de Côte d’Or).POUR EN SAVOIR PLUS
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