Utiliser des variétés résistantes au mildiou et à l'oïdium en vigne
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1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Les cépages européens Vitis vinifera sont très sensibles aux maladies cryptogamiques notamment le mildiou et l’oïdium. Au cours du 20e siècle, le recours aux produits phytosanitaires, notamment cuivre et soufre, s’est imposé comme la principale stratégie de lutte. Les impacts, directs et indirects, de cette lutte ont conduit à chercher des alternatives aux traitements phytosanitaires afin de diminuer leur utilisation (Plan Écophyto actuellement sous sa forme II+). L’INRAE a engagé dans les années 2000 le programme ResDur, d’innovation variétale pour les vignes de cuve.
En 2018, ce programme a abouti à l’inscription au Catalogue officiel de quatre variétés dotées de résistances naturelles au mildiou et à l’oïdium, et dont la qualité des vins est comparable à celle des cépages traditionnels. Elles sont dénommées Artaban N, Floreal B, Vidoc N et Voltis B. En permettant de réduire de façon drastique le recours aux produits phytosanitaires, ces nouvelles variétés ouvrent la voie vers une viticulture performante et plus respectueuse de l’environnement.
5 nouvelles variétés également issues de ce programme ont été inscrites au Catalogue en 2022 : Coliris N, Lilaro N, Opalor B, Selenor B, Sirano N. Une dizaine d’autres variétés sont attendues en 2025.
Ces 9 variétés présentent une résistance élevée au mildiou et totale à l’oïdium. Selon la pression de maladie, un nombre réduit de traitements fongicides complémentaires est préconisé, afin de limiter le risque de contournement de la résistance au mildiou et à l’oïdium et d’éviter le développement de pathogènes pour lesquels ces variétés ne présentent pas de résistance comme le black rot ou l’anthracnose. L’époque de maturité des nouvelles variétés convient pour de nombreuses régions viticoles françaises. Il en est de même pour la productivité, qui s’échelonne entre des niveaux moyens à élevés. La qualité des vins produits est jugée comparable aux cépages témoins bien connus de la filière, avec des profils organoleptiques tranchés entre Artaban et Vidoc (vins rouges) et entre Floreal et Voltis (vins blancs).
En avril 2017, 12 variétés résistantes au mildiou et/ou à l’oïdium originaires d’Allemagne, d’Italie et de Suisse ont, elles aussi, été classées en France parmi la liste des variétés de vigne à raisin de cuve intégrées au Catalogue national. Huit sont des variétés blanches : Bronner, Cabernet blanc, Johanniter, Muscaris, Saphira, Solaris, Soreli et Souvignier gris. Et quatre des variétés noires : Cabernet Cortis, Monarch, Pinotin et Prior.
Le recours à des cépages résistants est l'une des solutions alternatives à l'usage du cuivre en viticulture identifiée dans le Centre de ressources Alternatives au cuivre en viticulture du portail EcophytoPIC. Retrouvez-y la fiche associée aux variétés résistantes.
Précision sur la technique :
Ces variétés issues du programme INRAE ResDur représentent une avancée considérable pour l’innovation variétale vigne, en proposant un matériel résistant aux maladies fongiques les plus dévastatrices, que sont le mildiou et l’oïdium, tout en apportant de bonnes qualités organoleptiques.
Le but de la création de variétés résistantes consiste à introgresser via des croisements successifs les caractères de résistance des vignes américaines et asiatiques dans le fond génétique des vignes européennes.
Si certaines résistances restent efficaces depuis nombreuses années (citons la résistance au phylloxéra, introduite grâce à des portes-greffes américains à la fin du XIXe siècle), d’autres peuvent perdre plus ou moins rapidement leur efficacité, comme le gène de résistance Rlm1 au phoma du colza. L’un des enjeux majeurs du programme ResDur est de garantir la pérennité de la résistance génétique des variétés créées. Plusieurs ressources génétiques sont utilisées pour diversifier les sources de résistances. Les cépages commercialisés offrent une résistance polygénique, reposant sur plusieurs gènes de résistance : actuellement, Rpv1 + Rpv 10 pour le mildiou et Run 1 + Run 3, voire + Run 9 pour l’oïdium.
L’INRAE a créé en 2017 l’Observatoire national du déploiement des cépages résistants (OSCAR) qui est un dispositif partenarial pour suivre la durabilité des résistances des nouvelles variétés, et pour construire les itinéraires techniques qui doivent les accompagner. Toutes les catégories de variétés sont concernées (françaises et étrangères). Aucune contrainte n’est imposée aux viticulteurs sur leur mode de conduite. L’objectif de ce réseau est d’y intégrer une grande diversité de contextes agro climatiques et de productions pour obtenir le maximum d’informations.
Le recours aux variétés résistantes réduit le nombre de traitements fongicides : 2 sont recommandés par maladie sur ces variétés, donc 4 au total pour gérer les risques d’apparition de résistances et en fonction de la pression parasitaire alors que le nombre moyen de traitements fongicides-bactéricides était de 16 en 2019 (enquête pratiques phytosanitaire 2019) sachant que les traitements mildiou et oïdium représentent 93 % des traitements fongicides (enquête pratiques phytosanitaires 2016). L’économie de fongicides mildiou et oïdium est de l’ordre de 75 %.
Les dernières connaissances disponibles sur ces variétés sont disponibles sur les sites internet : Pl@ntGrape et OSCar.
Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
Application de la technique à...
Toutes les productions : Généralisation parfois délicateLe programme de création variétale ResDur est spécifique de la filière viticole, pour la production de raisins de cuve. Les variétés issues de ce travail ne peuvent pas être employées pour d’autres productions agricoles. Des programmes équivalents de création variétale pour améliorer la résistance des cultures aux maladies et ravageurs existent dans les autres filières agricoles.
Tous les types de sols : Généralisation parfois délicate
Tous les contextes climatiques : Généralisation parfois délicate
Réglementation
InfluenceCette technique fait l’objet d’un certificat d’économie des produits phytosanitaire (CEPP) : Action n°2020-076
En France, pour pouvoir produire et commercialiser du vin à partir d’un cépage il faut que ce dernier réponde à 2 conditions cumulatives : être inscrit au catalogue officiel, et être classé en tant que variété de vigne à raisins de cuve. Si les tous premiers classements définitifs de cépages résistants ont eu lieu début 2017, certains cépages ne bénéficient que d’un classement temporaire, même s’ils sont parfois inscrits dans le catalogue de leur pays d’obtention. Il est alors possible de planter des parcelles expérimentales, sur des surfaces limitées. Les modalités sont définies par l’arrêté ministériel du 9 mai 2016 dans le cadre du nouveau régime des autorisations de plantation.
Compte tenu des contraintes techniques et réglementaires, 15 ans sont actuellement nécessaires pour sélectionner une variété : 3 ans de sélection précoce, suivis de 6 ans de sélection intermédiaire, et enfin 6 ans de sélection finale, au cours desquels on teste au champs la valeur agronomique, technologique et environnementale des variétés candidates (examen VATE).
Le Règlement (UE) 2021/2117 du 2 décembre 2021 ouvre la possibilité que les vins obtenus à partir de variétés de vigne issues d'un croisement entre Vitis vinifera et d'autres espèces du genre Vitis puissent bénéficier de l’AOP. Les organismes de défense et de gestion (ODG) des appellations peuvent intégrer des variétés résistantes dans le dispositif des Variétés d’Intérêt à Fin d’Adaptation (VIFA).
2. Services rendus par la technique
Gestion des maladies
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationL’économie en fongicides et du nombre de passages de tracteur pour appliquer ces produits atteint environ 75%.
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
L’utilisation de ces variétés permet une réduction de plus de 80% de l’IFT, ce qui a de fait un impact très positif sur la qualité de l’eau.
Effet sur la consommation de ressources fossiles : En diminution
Les variétés résistantes nécessitent un nombre limité d'application de produits phytopharmaceutiques fongicides, par rapport aux variétés Vitis vinifera. Les économies de nombre de passages se traduisent par une réduction de la consommation de carburant.
Critères "agronomiques"
Productivité : VariableLe niveau de production des variétés est variable.
Qualité de la production : Variable
Fertilité du sol : Pas d'effet (neutre)
Stress hydrique : Pas d'effet (neutre)
Biodiversité fonctionnelle : Pas d'effet (neutre)
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En diminution
Les réductions des coûts peuvent être estimées à 500 €/ha/an coût produit.
Charges de mécanisation : En diminution
Les réductions des coûts peuvent être estimées à 170 €/ha/an pour la traction et la main d’œuvre et 140 €/ha/an pour l'amortissement du pulvérisateur.
Marge : Variable
La marge dégagée par les parcelles plantées avec ces variétés dépendra du niveau de rendement et de la valorisation du produit final.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En diminution
Le recours aux variétés résistantes réduit de 75 % l’emploi de fongicides contre le mildiou et l’oïdium : 4 traitements au lieu de 15. Une pratique courante au vignoble consiste à mélanger les produits phytosanitaires, lorsque les conditions épidémiologiques le justifient et que les conditions réglementaires le permettent. Bien qu’aucune statistique ne quantifie cette pratique, on peut considérer que l’économie de fongicides se traduit également par une économie du nombre de passages de pulvérisateur. Si on considère que 50 % des traitements se font en mélange, l’économie du nombre de passage de pulvérisateur, et donc du temps de travail afférent (préparation de la bouillie, application des produits, nettoyage du matériel, ...) est de l’ordre de 60 %.
Effet sur la santé de l'agriculteur : En augmentation
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Anthracnose de la vigne | MOYENNE | Anthracnose de la vigne | Certaines variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium sont particulièrement sensibles aux attaques d’anthracnose (Elsinoë ampelina) |
Black rot | MOYENNE | agent pathogène (bioagresseur) | Certaines variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium sont particulièrement sensibles aux attaques de black rot (Guignardia bidwellii) |
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Mildiou (vigne) | FORTE | agent pathogène (bioagresseur) | Résistance partielle pour les 9 variétés françaises |
Oïdium de la vigne | FORTE | agent pathogène (bioagresseur) | Résistance totale pour les 9 variétés françaises |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Contrôle génétique
Mode d'action : Evitement Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception
Contributeurs
autre - s.dupin@gironde.chambagri.fr