Utiliser des phosphonates comme alternative au cuivre en viticulture
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1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
La viticulture est sujette à de nombreux ravageurs et maladies dont la maladie du mildiou, causée par un microorganisme : Plasmopara viticola, ce pathogène peut anéantir la production et diminuer fortement sa qualité. Plusieurs moyens pour contrôler la maladie existent aujourd’hui, notamment en lutte chimique qui est le moyen le plus important et le plus efficace contre le mildiou de la vigne.
Les dégâts engendrés par le mildiou sont très visibles :
- Sur feuilles, on observe des taches d’huiles (halo décoloré) sur la face supérieure et une sporulation blanche sur la face inférieure. Puis une mosaïque de taches se forme.
- Sur grappes, il est possible d’observer 2 faciès : le rot gris (sporulation sur les inflorescences ou jeunes baies) puis le rot brun plus tard en saison (rougissement des baies vertes puis dessèchement).
Pour en savoir plus sur le mildiou de la vigne (symptômes, biologie), rendez-vous sur sa fiche E-phytia.
Les dégâts aboutissent à des pertes de récolte importantes et de fortes défoliations. Une absence de protection engendre généralement, lors de conditions favorables, une destruction importante à totale de la vendange. Lorsque la pression de maladie est importante, il convient de réaliser un certain nombre de traitements pendant toute la croissance de la vigne, en fonction de la vitesse de croissance des rameaux et des feuilles, de la fréquence des pluies, de la température, de la pression parasitaire. Les fongicides conventionnels étant encore la part la plus importante de l’IFT sur vigne, il est aujourd’hui indispensable d’optimiser leur utilisation afin de réduire de manière conséquente leur usage, en parallèle la diminution réglementaire des apports de cuivre, fongicide le plus utilisé en France pour lutter contre le mildiou, rend la maîtrise de cette maladie plus complexe.
Dans ce contexte, l’utilisation de phosphonates ou phosphites constitue une alternative particulièrement intéressante compte tenu de leur efficacité, liée d’une part à la double activité fongicide et de stimulation des défenses naturelles, mais aussi en raison d’une systémie ascendante observée. La systémie permet principalement de protéger les organes néoformés entre deux apports. Il s'agit d'une des solutions alternatives à l'usage du cuivre en viticulture identifiée dans le Centre de ressources Alternatives au cuivre en viticulture du portail EcophytoPIC. Retrouvez-y la fiche associée à l'usage de phosphonates.
Précision sur la technique :
Les phosphonates - ou phosphites -- sont des anti-mildiou listés biocontrôle. Il existe plusieurs noms commerciaux. Dans la liste biocontrôle on recense une dizaine de produits de la famille des phosphites à usage vigne raisin de cuve.
Ces produits font l’objet d’une fiche action CEPP 2020-007 « Lutter contre les maladies fongiques au moyen d’un stimulateur de défense des plantes ».
- Phosphonates de potassium
- Phosphonates de di-sodium.
Les produits constitués de fosétyl d’aluminium ne sont pas présents sur la liste des produits de biocontrôle bien que ce soient des phosphonates. Ils ne seront donc pas détaillés ici. Il faut noter aussi que les phosphonates sont également utilisés dans des produits phytopharmaceutiques conventionnels (qui ne sont pas listés comme produits de biocontrôle), associés à d’autres matières actives fongicides (cymoxanil, zoxamide, cyazofamide entre autres). Les phosphonates rentrent dans la stratégie de réduction des doses de produits phytosanitaires en conventionnel. Leur efficacité est partielle mais stable et reproductible. Cette solution de biocontrôle nécessite une association avec un fongicide de contact à partir de la floraison pour permettre la maîtrise du mildiou et notamment des dégâts sur grappes. Il n’y a pas de risque de résistance de la part de la vigne.
Pour des raisons chimiques, le terme phosphonate est plus approprié que celui de phosphite.Période de mise en œuvre
Les phosphonates sont utilisables à tous les stades de la protection de la vigne. Cependant, une utilisation tardive en saison induit des résidus de phosphites dans les vins. La mise en œuvre des phosphonates nécessite une attention minutieuse quant à la qualité de la pulvérisation, le type de traitement (face par face) et les conditions d’application. La réduction de la dose du partenaire conventionnel d’association doit être encadrée, sans compromis sur la réponse technique : il est vivement conseillé de respecter les recommandations d’application préconisées par les conseillers et le metteur en marché du produit commercial utilisé.
Les phosphonates sont classés biocontrôle mais ne sont pas utilisables en agriculture biologique ; ils sont inscrits sur la liste des produits de biocontrôle éditée par la DGAL, au titre des articles L.253-5 et L.253-7 du code rural et de la pêche maritime.Echelle spatiale de mise en œuvre
Application de la technique à...
Toutes les productions : Pas généralisableUtilisation en viticulture et maraîchage (poivron, tomate, aubergine, laitue, chicorées, concombre, courgettes, melon), mais les résultats d’efficacité obtenus sur vigne ne peuvent pas être extrapolés aux autres cultures sur lesquelles ces produits sont autorisées.
Tous les types de sols : Facilement généralisable
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Réglementation
InfluenceRèglement (CE) n° 1107/2009 du 21 octobre 2009
Liste des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle, au titre des articles L.253-5 et L.253-7 du code rural et de la pêche maritime, 2018
Cette technique fait l’objet d’un certificat d’économie des produits phytosanitaire (CEPP) : Action n°2020-007 « Lutter contre les maladies fongiques au moyen d’un stimulateur de défense des plantes »
Les phosphonates ne sont pas utilisables en agriculture biologique, cependant ils sont inscrits sur la liste des produits de biocontrôle éditée par la DGAL, au titre des articles L.253-5 et L.253-7 du code rural et de la pêche maritime. Ainsi, ils sont autorisés en tant que substance active au niveau européen. Mais chaque produit en contenant doit posséder une AMM valide en France.
2. Services rendus par la technique
Gestion des maladies
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : Pas de connaissance sur impactEffet sur la qualité de l'eau : En diminution
Les phosphonates sont très solubles dans l’eau, ils sont à l’origine d’un phénomène d’eutrophisation des sols et des points d’eau. Ils contribuent aussi à l’enrichissement en phosphore des eaux usées, et posent donc des problèmes semblables à ceux que posent les phosphates (pollution des eaux). En raison de la concentration non négligeable de l’acide phosphoreux dans les eaux souterraines et de l’inadaptation des modèles FOCUS (Pelmo, Pearl ou PRZM) pour les substances inorganiques, il conviendra de mettre en place un suivi de l’acide phosphoreux dans les eaux souterraines.
Les études eau/sédiment ne sont pas applicables aux phosphonates de potassium car la substance est composée d'ions inorganiques très solubles dans l'eau. En raison de son adsorption, l'acide phosphoreux devrait être rapidement et complètement adsorbé sur les sédiments, où il est lentement oxydé en phosphate.
Effet sur la consommation de ressources fossiles : Pas d'effet (neutre)
Critères "agronomiques"
Productivité : Pas d'effet (neutre)Qualité de la production : Variable
Il n’existe pas de limite maximale de résidus dans les vins pour les produits phytopharmaceutiques. Cependant, des résidus d’acide phosphoreux se retrouvent très fréquemment dans les vins issus de parcelles traitées avec des phosphonates (IFV, 2022).
Fertilité du sol : En augmentation
A la différence du cuivre, le phosphonate est biodégradable dans le sol (produit final : phosphates).
Stress hydrique : Pas de connaissance sur impact
Biodiversité fonctionnelle : Pas d'effet (neutre)
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : Pas d'effet (neutre)
L’utilisation des phosphonates ne génère pas de surcoût comparativement aux références conventionnelles, à efficacité similaire. Le coût d’une protection standard anti-mildiou varie entre 40 et 60 € par ha. Celui d’une protection associant des phosphonates varie de 40 à 55 € par hectare.
L’utilisation des phosphonates permet d’économiser en moyenne 20 à 25% de la dose de fongicides conventionnels, soit une réduction d’environ 1,5 IFT par an sur un parcours de protection standard. En situation exceptionnelle de pression importante de la maladie, les phosphonates apportent un supplément de protection essentiel à l’utilisation des fongicides sans modulation de leur dose et donc sans réduction de l’IFT.
Charges de mécanisation : Pas d'effet (neutre)
Marge : Pas d'effet (neutre)
Critères "sociaux"
Temps de travail : Pas d'effet (neutre)
Période de pointe : Pas d'effet (neutre)
Effet sur la santé de l'agriculteur : Variable
Le bénéfice apporté par le recours à ces produits est variable en fonction du produit auquel il se substitue. Les produits à base de phosphonates peuvent potentiellement remplacer des produits classés CMR2.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Mildiou (vigne) | FORTE | agent pathogène (bioagresseur) | Efficace sur vigne, poivron, tomate, aubergine, laitue, chicorée, concombre, courgette et melon |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte chimique
Mode d'action : Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution
Contributeurs
autre - s.dupin@gironde.chambagri.fr