Broyer les couverts végétaux pendant la période d'interculture
Cette fiche est reliée à d'autres thématiques de la manière suivante :
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Le broyage est une technique de destruction facile à mettre en œuvre consistant à couper en morceaux le couvert végétal et ainsi à réduire son volume. Il est notamment recommandé en présence d’une biomasse importante (> 2 tMS / ha). Puisque le broyeur ne touche pas le sol, seule la portance du sol est à prendre en compte pour éviter la compaction. L’autre particularité de cette technique est de laisser 100 % des résidus en surface pour une bonne protection du sol.
Ainsi, le broyage favorise :
- La décomposition de la biomasse végétale du fait de son hachage,
- La destruction mécanique d’éventuels ravageurs, larves s’abritant dans les couverts,
- La dégradation des couverts pour éviter la gêne mécanique si on les incorpore au sol avec des outils à dents (risque de bourrages) et également à l’implantation de la culture suivante.
Il est à noter que seules les espèces de couvert se développant relativement en hauteur et ne repoussant pas après avoir été coupées sont adaptées à ce mode de destruction, telles que la moutarde blanche, le tournesol ou encore le sarrasin. Pour que la technique soit efficace, certaines espèces doivent être très développées pour pouvoir être coupées (phacélie, niger) et ne pas repartir après broyage (avoine de printemps ou avoine fourragère).
Toutefois, sans travail du sol, certaines espèces du couvert végétal (graminées, crucifères), ou les adventices présentent dessous, pourront reprendre leur croissance. Afin d'obtenir une destruction totale, le broyage devra parfois être complété par une seconde technique.
Précision sur la technique :
Différents modèles de broyeurs existent (largeur, mécanismes de broyage), les outils de broyage à axe horizontal ils évitent le phénomène d’andainage (accumulation locale des résidus qui risque d’entraver les opérations suivantes).
Les axes des broyeurs peuvent être horizontaux ou verticaux : dans le premier cas, le broyage fin facilitera la décomposition des résidus et dans le second cas, le broyeur a un débit de chantier plus élevé.
Il est aussi possible d’enfouir après broyage la moutarde, qui a des propriétés biofumigantes et engendre des effets biocides sur les bioagresseurs.
D’autres solutions existent afin de détruire son couvert d’interculture dans une optique de réduction des herbicides, qui sont présentées dans leur fiches dédiées : l’action du gel, le roulage, et le déchaumage notamment. Plusieurs techniques de destruction ont été testées sur la plateforme CA-SYS à l’Inrae de Dijon.
Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
Application de la technique à...
Toutes les productions : Facilement généralisableTous les types de sols : Généralisation parfois délicate
Le broyage des couverts végétaux doit être mis en œuvre sur des sols portants ou ressuyés afin d'éviter toute compaction du sol lors du passage du tracteur. Sur les sols sensibles à l’engorgement d’eau (sols limoneux, sols très argielux), il sera nécessaire d'attendre des périodes de ressuyage ou de gel, car le sol devient portant, pour réaliser le broyage.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Réglementation
En zone vulnérable, l'arrêté régional Directive Nitrates peut autoriser un broyage du couvert avant la date imposée de destruction si le couvert est au stade floraison et risque de "montée à graines". Les résidus devront être laissés en surface (aucun travail du sol) jusqu'à la date de destruction imposée par la réglementation.
Référez-vous à la réglementation en vigueur dans votre région.
Aucune réglementation ne concerne la "destruction par broyage des couverts végétaux". Cependant, dans les zones vulnérables pour la qualité de l'eau, soumis à la Directive Nitrates, cette technique est incontournable si la réglementation impose une destruction non chimique.
2. Services rendus par la technique
Régulation et gestion des adventices
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationPar rapport à une destruction chimique, amélioration de la qualité de l'air du fait de la limitation du recours aux produits phytosanitaires.
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
Cette technique de destruction permet de limiter le recours à une destruction chimique des couverts ce qui protège les cours d’eaux. Le broyage laisse la surface du sol couverte et évite le lessivage des éléments vers les nappes d’eaux souterraines.
Effet sur la consommation de ressources fossiles : Variable
Par rapport à une destruction chimique du couvert, le débit de chantier est faible (3 ha/h contre 10 ha/h pour un traitement chimique). Par contre, un travail au sol peut être nécessaire pour finaliser la destruction du couvert.
Critères "agronomiques"
Productivité : VariableSi il y a dégradation de la structure du sol : risque de perte de rendement lors de la culture de printemps suivante (environ 5%).
Fertilité du sol : En augmentation
La technique permet une meilleure dégradation des résidus et assimilation par les organismes du sol et de lutter contre l’érosion du sol.
Stress hydrique : En diminution
L’effet mulch en surface permet de réduire légèrement l'évapotranspiration du sol.
Biodiversité fonctionnelle : En augmentation
Meilleure dégradation des résidus et assimilation par les organismes du sol.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En diminution
Pas de produits phytosanitaires utilisés.
Charges de mécanisation : En augmentation
Frais de chantier important car le temps de travail est important : 20 à 30 €/ha (pour 4 m et tracteur de 130 ch.) + Travail au sol pour finaliser la destruction du couvert. Frais d’entretien : 2 à 3 €/ha.
Cette technique est plus longue et onéreuse qu'une destruction chimique.
Marge : Variable
Diminution sur le court terme, mais à long terme, "effet bénéfique" d'une restitution des résidus de couverts par broyage : meilleure assimilation, développement des micro-organismes du sol, etc.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En augmentation
Par rapport à un traitement chimique, le temps de travail mécanique est accru.
Période de pointe : En augmentation
Choix de la date d’intervention.
Effet sur la santé de l'agriculteur : En augmentation
Pas de destruction chimique.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Graminées pluriannuelles | FAIBLE | adventices | Capables de repousser après la coupe |
Moutardes | FORTE | adventices | Le broyage est également efficace sur Féverole, Sarrasin et Phacélie |
Vesces | MOYENNE | adventices | Le broyage est également moyennement efficace sur Pois, Lentilles |
campagnol | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | Accessible pour les prédateurs (renard, buses) |
graminées annuelles | FAIBLE | adventices | Capables de repousser après la coupe |
mulot sylvestre | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | Accessible pour les prédateurs (renard, buses) |
ray-grass d'italie | FAIBLE | adventices | |
tournesol sauvage | FORTE | adventices | |
trèfles | FAIBLE | adventices |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte physique
Mode d'action : Action sur le stock initial
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution
Contributeurs
charge-mission - celine.bourlet@pl.chambagri.fr
conseiller-chambre-agriculture - sebastien.minette@na.chambagri.fr