Multiplier et inoculer des champignons mycorhiziens indigènes
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1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Légende : Bac de multiplication de champignons mycorhiziens (Chave M., INRA)
Dans le cadre du projet SYSTEMYC (INRA Antilles-Guyane), 3 stratégies ont été identifiées pour valoriser la mobilisation de mycorhizes dans les systèmes de culture :
- Densifier les réseaux mycorhiziens existants, par la mise en oeuvre de techniques favorables : réduction des intrants chimiques de synthèse et limitation du travail du sol ;
- Favoriser la connection entre les champignons mycorhiziens et les plantes cultivées (voir fiche Cultiver des espèces à mycorhizes) ;
- Produire des propagules par multiplication.
On s'intéresse ici à la stratégie de production de propagule, par multiplication, dans la perspective de leur inoculation.
En effet, si les champignons mycorhiziens sont présents dans la plupart des sols cultivés et non-cultivés, ils peuvent aussi faire l'objet d'une multiplication, industrielle ou artisanale, pour ensuite être inoculés dans la parcelle. On distinguent 3 origines de souches de champignons mycorhiziens, dont les possibilités de multiplication sont variées :
- Standardisées : Elles peuvent être produites industriellement in vivo (en plein sol, sur substrat inerte, en hydroponie ou en aéroponie) ou in vitro (sur racines transformées). Elles sont commercialisées sous forme de mélanges de propagules (fragments de racines mycorhizées, spores ou filaments) associées à des bio-fertilisants, des substrats ou à l’enrobage des graines. Elles ont un large spectre de colonisation, un fort taux de multiplication et sont commercialisées en association à des bio-fertilisants liquides (fertirrigation), des substrats tels que le terreau, de l'agroles pour l'enrobage de graines et à mélanger au substrat de semis (voir résultats d'expérimentation sur cultures légumières par CA 56).
- Locales sélectionnées (répertoriées) : Dédiées à leur territoire d’origine, elles peuvent être multipliées au sein d’unités de production régionales, sur différents types de sols pour être adaptées à des conditions pédoclimatiques spécifiques.
- Indigènes (non-répertoriée) : Dédiées à une petite région agricole, elles sont multipliées de façon artisanale par des unités de production régionales ou directement sur l’exploitation agricole. Cette production a lieu en plein sol ou sur substrat (gravier, ponce, perlite).
Précision sur la technique :
Pour en savoir plus sur la multiplication et l'inoculation, consultez la fiche Multiplier des champignons mycorhiziens sur son exploitation (INRA, 2017).
Multiplication de souches indigènes
Réalisée de manière artisanale, elle permet de multiplier en particulier des souches issues du sol de l'exploitation. Sont nécessaires :
- un bac, pot ou une tranchée dans la parcelle, ayant une profondeur d'au moins 20 cm, servira de bac de multiplication ;
- un susbtrat inerte (perlite, gravier, ponce, ...) ;
- de la terre prélevée sur une zone non cultivée de l'exploitation (sans engrais ni pesticides), dans l'horizon de sol compris entre 10 et 25 cm de profondeur. Il apportera la souche indigène ;
- des semences ou des plants de plantes mycorhizotrophes (i.e. plantes qui mycorhizes le plus).
(Source : Les mycorhizes, Bio Savane, 2016)
Récolte
2 à 3 mois sont nécessaires pour l'établissement d'une symbiose mycorhizienne. Stopper l'arrosage 1 semaine avant la récolte pour stimuler la production massives de spores reproductives. Prélever les racines pour les découper en fragments de 1 cm. Séchées et mélangées au sol, elle constitueront l'inoculum.
Inoculation
L'inoculum peut être mélangé au terreau de semis de la culture ou épandu au champ avant plantation, à hauteur de 10 à 30 g de racines pour 5 kg de terreau ou de sol.
Attention : La mycorhization est un processus complexe. Pour toute initiative de production de champignons mycorhiziens sur son exploitation, l’évaluation des taux de mycorhization des racines est nécessaire. Elle s’appuie sur une méthode destructive de décoloration/coloration des structures racinaires et sur leur observation à la loupe binoculaire ou au microscope, qui nécessite l’expertise de spécialistes.
Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
Application de la technique à...
Toutes les productions : Généralisation parfois délicateIl est nécessaire d'utiliser des plantes mycorhizotrophes pour la multiplication, en particulier les légumineuses (pois, haricot, ...), les alliacées (poireau, oignon ...) et les graminées. L'effet variétal est important : les variétés rustiques et peu sélectionnées sont généralement plus favorables au développement du réseau mycorhizien.
Aussi, les brassicacées et chénopodiacées ne permettent pas la symbiose avec des champignons mycorhiziens.
Tous les types de sols : Généralisation parfois délicate
Lors de l'étape de multiplication, utiliser des sols n'ayant pas reçu d'engrais ni de pesticides.
Après inoculation, limiter les apports excessifs d'engrais minéraux et d'effluents d'élevage, qui en quantité trop importantes sont peu favorables au développement du mycellium.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Réglementation
InfluenceCommercialisation sous réserve d’homologation comme Matières fertilisantes ou supports de cultures (articles L.255-1 à L.255-11 du Code rural et la pêche maritime).
2. Services rendus par la technique
Gestion des maladies
Fourniture de nutriments
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentationL'introduction d'espèces présentant une capacité d'association symbiotique avec des champignons mycorhizogènes permet
- une meilleure interception du phosphore, donc de limiter son transfert vers l'eau ;
- une reduction des pesticides et des pollutions associées.
Effet sur la consommation de ressources fossiles : En diminution
Favoriser la mycorhization nécessite une réduction du travail du sol, donc de la consommation d'énergie fossile qui y est liée.
Aussi, cela permet de limiter les apports de fertilisants minéraux (phosphore en particulier) dont la fabrication nécessite la consommation de ressources fossiles.
Critères "agronomiques"
Productivité : En augmentationL'inoculation de souches indigènes doit avoir un impact positif sur le rendement. En effet, l'association symbiotique avec des champignons mycorhizien tendrait à favoriser la tolérance des cultures à divers stress biotiques (bioagresseurs…) ou abiotiques (stress hydrique…) en plus de favoriser leur alimentation en éléments minéraux.
Fertilité du sol : En augmentation
L'inoculation étant destinée à densifier le réseau mycorhizien, elle permet à terme de limiter les apports de fertilisants minéraux (phosphore en particulier) grâce à une meilleure capacité d'exploration du sol.
Aussi, l''association symbiotique des espèces cultivées avec des champignons mycorhizogènes permet une meilleure exploration du sol, donc une meilleure valorisation des éléments minéraux disponibles. De plus, la production de glomaline par ces champignons contribue à améliorer la teneur en matière organique du sol et donc sa stabilité structurale.
Stress hydrique : En diminution
L'association symbiotique des espèces cultivées avec des champignons mycorhiziens permet une meilleure exploration du sol. A terme, la densification du réseau mycorhizien permettra une meilleure valorisation de l'eau disponible.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En diminution
Le coût de la multiplication de souches indigènes est minime par rapport au coût du recours à des souches standardisées disponibles dans le commerce (voir étude économique page 9 d'une expérimentation sur cultures légumières CA 56).
Il estimé que les apports d'engrais minéraux pourraient être réduits d'un tiers à un quart selon les types de sols et la nature des cultures si la mycorhization était pleinement valorisée (Gianiazzi V., INRA, dans Cultivar octobre 2009).
Marge : En augmentation
Au-delà de la diminution des charges de fertilisation et du faible coût de la multiplication de souches indigènes, la meilleure résistance des cultures aux stress abiotiques (sécheresse, salinité) et biotiques (organismes pathogènes) doit permettre une amélioration de la rentabilité à l'échelle de la campagne et de la rotation.
Critères "sociaux"
Temps de travail : Variable
La mise en oeuvre de stratégies visant à développer le réseau mycorhizien entre plantes cultivées et champignons peut nécessiter des changements de pratiques (comme l'abandon du travail du sol profond au profit d'un travail plus superficiel, l'introduction de cultures rhizotrophes dans la rotation). Selon les changements opérées les répercussions sur le temps de travail peuvent être variables (augmentation ou diminution).
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
nématode des racines | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | |
nématode à galles | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Mycorhize | FORTE | Organismes fonctionnels du sol |
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|---|---|
Sécheresse | La densification du réseau mycorhizien permet une meilleure exploration du sol et une meilleure résistance de la culture au stress hydrique |
5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Contrôle cultural
Mode d'action : Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception