Utiliser la confusion sexuelle en verger et en vigne
Cette fiche est reliée à d'autres thématiques de la manière suivante :
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Photo d'en-tête : Diffuseur de phéromone pour lutter contre le carpocapse des pommes et des poires - © B. sauphanor INRA
Informations issues initialement du Guide pour la conception de systèmes de production fruitière économes en produits phytopharmaceutiques (2014) / Fiche technique n°17. Pour en savoir plus Voir lien
Principe :
Technique de biocontrôle qui consiste à placer des diffuseurs pour saturer l’atmosphère du verger en phéromones femelles et empêcher ainsi les mâles de localiser les femelles afin de limiter les accouplements et les pontes.
L’efficacité de cette méthode est très dépendante de la surface. La confusion est d’autant plus efficace que la surface est grande. Cela nécessite donc souvent une concertation entre les agriculteurs d'un même territoire.
La surface minimale varie de 1 à 3 ha et sera conditionnée par le type de diffuseur, la cible, la pression parasitaire et la forme des arbres.
La confusion sexuelle est un levier principal pour le Carpocapse (Cydia pomonella) sur pommier, poirier, cognassier et noyer ; la Tordeuse orientale (Cydia molesta) sur pêcher, abricotier, prunier, fruits à pépins; le Carpocapse des prunes (Cydia funebrana) sur prunier ; le Cochylis (Eupoecilia ambiguella) et l'Eudémis (Lobesia botrana) sur vigne (raisin de table).
Moyens de mise en œuvre :
Pour assurer une meilleure efficacité de cette technique, en plus de la surface, du type de diffuseur, du ravageur ciblé et de la culture à protéger, il est important aussi d’agir sur des populations initiales faibles ou moyennes, de poser les diffuseurs avant le premier vol ou l’apparition des organes sensibles et de les placer dans le tiers supérieur de l’arbre.
La pose des diffuseurs est facile, mais c’est à réaliser en hauteur avec une perche, des échelles, une plateforme élévatrice, une nacelle, un drone ou un « fusil, type paintball (exemple de la processionnaire du pin, méthode aussi expérimentée en noix et châtaigne) » selon la taille des arbres. 1 à 3 poses par saison en fonction de la cible et du type de diffuseur sont conseillées. Leur longévité doit être suffisante pour couvrir la période de risque souhaitée ; à défaut, il faut renouveler la pose (souvent 1 pose/an pour un produit) ou compléter et prolonger la durée de protection par d’autres méthodes.
Cette pratique nécessite des observations régulières (tous les 10 à 15 jours) sur la partie haute des arbres et sur les fruits, avec une attention particulière aux bordures de la zone « confusée » pour s’assurer de l’efficacité de la méthode et intervenir rapidement si la confusion seule est insuffisante.
Pour cela, des outils complémentaires à la confusion sexuelle existent, comme par exemple, un modèle de développement biologique (carpocapse) pour identifier finement les périodes à haut risque et la mise en place de piégeage pour surveiller les autres lépidoptères.
Exemple de mise en oeuvre :
Utiliser la confusion sexuelle double carpocapse tordeuse orientale ( exemple tiré du programme ECOPHYTO-DEPHY - Des pistes pour les exploitations arboricoles
de Rhône-Alpes ) voir lien
Confusion sexuelle, une méthode en progression dans l'Aude. Chambre d'Agriculture Aude. Viticulture - Agronomie, 2016 (voir lien)
Aucune application en grandes cultures ou légumes de plein champ en France métropolitaine.
Précision sur la technique :
Il est important de travailler sur une surface homogène, de forme compacte, avec un environnement sain (attention aux vergers non « confusés » à moins de 500 m de distance).
Sur les petites parcelles, il faut privilégier les modèles utilisant un nombre important de diffuseurs.
L'environnement des parcelles est à prendre en compte (par exemple, présence d'éclairage urbain ou aire de stockage de pallox en bois). Il pourra spécifiquement être renforcé avec des puffers.
En général, un renforcement du nombre de diffuseurs de l’ordre de 10 à 20 % est nécessaire sur les bordures.
Sur carpocapse des pommes et des poires (Cydia pomonella), il existe un piégeage combinant phéromone surdosée et attractif alimentaire qui permet de s’assurer de l’efficacité de la confusion (les pièges sexuels classiques à phéromones ne capturent pas en verger « confusé »).
Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
Pour être efficace, cette technique doit être mise en œuvre sur une surface suffisante et nécessite généralement une concertation entre producteurs voisins. En effet, si des parcelles proches ne sont pas traitées, les femelles fécondées peuvent migrer vers des parcelles en confusion sexuelle.
Application de la technique à...
Toutes les productions : Pas généralisablePas généralisable
Cette technique n'est actuellement opérationnelle qu'en viticulture et en arboriculture (fruits à pépins, pêcher, abricotier, prunier, noyer). Des tests sont effectués pour la gestion de la sésamie du maïs mais le coût est pour le moment trop élevé.
Tous les types de sols : Sans objet
Sans objet
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Facilement généralisable
Pas de contrainte de renouvellement de la protection si lessivage par pluie
Réglementation
InfluenceArrêtés préfectoraux relatifs aux normes BCAE "Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales"
La mise en oeuvre de la confusion sexuelle au moyen de diffuseurs de phéromones spécifiques de Lépidoptères ravageurs en cultures de pommiers, poiriers, et noyers ou encore pêcher, abricotier et prunier fait l'objet d'une fiche CEPP (action n°5 : Lutter contre les Lépidoptères ravageurs en vergers au moyen de diffuseurs de phéromones pour la confusion sexuelle).
2. Services rendus par la technique
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationémission phytosanitaires : DIMINUTION
émission GES : DIMINUTION
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
pesticides : DIMINUTION
Effet sur la consommation de ressources fossiles : En diminution
consommation d'énergie fossile : DIMINUTION
Autre : Pas d'effet (neutre)
Moindre utilisation de produits phytopharmaceutiques, notamment de certains insecticides ayant des effets toxicologiques et écotoxicologiques importants (nocifs pour l’homme et l’environnement). Cependant, les diffuseurs ne sont pour la majorité, pas actuellement biodegradables. Il existe toutefois les puffers, réutilisables chaque année.
Air : Diminution du risque de transfert par rapport à l'utilisation d'insecticides chimiques. Diminution des émissions de GES car pas d'intervention mécanisée et effet de la fabrication de phéromones vraisemblablement limité.
Eau : Diminution du risque de transfert par rapport à l'utilisation d'insecticides chimiques. Pas de risque de lessivage.
Energie fossile : Diminution de la consommation car peu d'intervention mécanisée en général (dans certains cas, la pose avec une plateforme est nécessaire) et effet de la fabrication de phéromones vraisemblablement limité.
Critères "agronomiques"
Productivité : Pas d'effet (neutre)Pas d'effet (neutre) :
Cette technique est très efficace dans les cultures où elle est appliquée (viticulture, arboriculture).
Qualité de la production : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet (neutre) :
Pas de résidus de phéromones sur fruits. Réduction des quantification des résidus par la limitation / suppression des interventions ciblées plus ou moins proches de la récolte.
Fertilité du sol : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet (neutre)
Stress hydrique : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet (neutre)
Biodiversité fonctionnelle : Variable
Variable :
Grâce à la diminution des insecticides et à l'Innocuité des phéromones pour les auxiliaires, cette méthode favorise leur développement.
Les phéromones sont en principe exemptes de classement toxicologique (innocuité de la phéromone pour les auxiliaires) et sont très sélectives de l'espèce de ravageur visée. On peut donc attendre de leur substitution aux insecticides chimiques un effet positif sur la biodiversité.
Toutefois, on peut retrouver des effets aussi bien positifs (auxiliaires du Psylle, des pucerons...) que négatifs (émergence de bioagresseurs secondaires (tordeuses de la pelure, …)) car pas d’emploi ou usage limité d’insecticides à large spectre.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : Variable
variable
Réduction du coût des insecticides et des coûts de passage en général.
Cependant, sur certaines espèces (prunier, noyer), cette technique peut créer un surcoût car se substitue à un faible nombre de traitements.
Besoin d'acheter des diffuseurs (150-350 €/ha par an) et d'investir en main-d’oeuvre pour les contrôles et la(les) pose(s).
Les essais contre la sésamie du maïs ne donnent pas pour le moment lieu à des applications sur le terrain notamment du fait d'un coût élevé.
Charges de mécanisation : En diminution
En diminution
Réduction de ces charges par rapport à des traitements chimiques.
Marge : Variable
Variable
Incontournable en AB, quelle que soit la région de production. Dans les zones à forte pression, permet de limiter les niveaux de dégâts sur fruits / gestion de la résistance / pérénisation des méthodes complémentaires existantes.
Autres critères économiques : En diminution
Consommation de carburant : Diminution de la consommation de carburant car peu d'intervention mécanisée.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En diminution
En diminution
Réduction par rapport aux traitements chimiques.
Période de pointe : Variable
Variable
Cette technique demande un temps de formation, de contrôles visuels fréquents, du temps de pose (avec une plateforme ou une canne de 0,5 à 5 h/ha, selon le produit et le mode de pose). Sur noyer, la pose peut être longue lorsque les arbres sont hauts (plus onéreuse si utilisation d’un drone, mais pas plus lente).
Cependant, moins de temps de traitements en saison (éventuelles interventions sur périodes à haut risque uniquement et sur la G3 dans les régions concernées). La pose des diffuseurs se fait tôt en saison donc hors pointe de travail (sauf si gestion des filets paragrêles à déplier après le risque gel).
Sur pommier : souplesse dans l’organisation des traitements estivaux (ex : bitter pit, zeuzère…). Cela évite d’intervenir plusieurs fois avec des traitements insecticides.
Temps d'observation : En augmentation
En augmentation
Besoin de contrôles visuels fréquents : temps de contrôle hors autres ravageurs 30 min tous les 10-15 jours (contrôle de 300-500 fruits/ha) soit 4 à 6 h/ha par an.
La surveillance reste nécessaire car des traitements peuvent être requis en cas d'échec.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Puceron lanigère (Eriosoma lanigerum) | ravageur, prédateur ou parasite | La diminution des traitements insecticides liée à la mise en place de la confusion sexuelle, nécessite de rester vigilant face au développement d'autres bioagresseurs. |
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Acarien rouge (panonychus ulmi) | Acarien rouge (panonychus ulmi) | sur pommier | |
Carpocapse des pommes et des poires (Cydia pomonella) | ravageur, prédateur ou parasite | applique pour pommier, poirier et noyer | |
Carpocapse des prunes (Cydia funebrana) | ravageur, prédateur ou parasite | applique pour prunier | |
Cochylis | ravageur, prédateur ou parasite | applique pour vigne (raisin de table) | |
Eudémis | ravageur, prédateur ou parasite | applique pour vigne (raisin de table) | |
Petite tordeuse des fruits (Cydia lobarzewskii) | ravageur, prédateur ou parasite | ||
Tordeuse orientale du pêcher (Cydia molesta) | ravageur, prédateur ou parasite | applique pour pêcher, abricotier, prunier, pommier et poirier | |
psylle du poirier (Cacopsylla pyri) | ravageur, prédateur ou parasite |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Araignées | Ennemis naturels des bioagresseurs |
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte biologique
Mode d'action : Action sur le stock initial
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution