Désherbage chimique localisé sur le rang, pouvant être combiné au semis ou à une bineuse
Cette fiche est reliée à d'autres thématiques de la manière suivante :
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Fiche enrichie en 2021 par le GT Adventices du GIS PICLEG.
Le principe
Cette technique consiste à localiser le désherbage chimique sur le rang de la culture. Elle peut être appliquée :
-
pour un désherbage de pré-levée, en montant une rampe de traitement localisé sur le semoir (herbi-semis) ;
-
pour un désherbage mixte de post-levée, en adaptant une rampe de traitement localisé sur une bineuse (désherbineuse).
-
pour un désherbage chimique localisé en post-levée, en utilisant une rampe de pulvérisation localisée seule.
La bineuse permettant donc de compléter le désherbage chimique sur le rang par un désherbage mécanique dans l’inter-rang.
Conditions de réussite
Conditions climatiques
Les conditions climatiques à respecter sont les mêmes que pour un désherbage chimique ou un binage intégral. Il faut ainsi réussir à trouver un bon compromis entre une hygrométrie suffisante et l’absence de vent pour la partie chimique, et un sol suffisamment ressuyé pour la partie mécanique.
Efficacité vis-à-vis des adventices
L’efficacité du désherbage localisé est similaire à celle d’un désherbage en plein, sous réserve que les bonnes conditions de passage soient respectées. De même, en cas de désherbinage, l’efficacité du binage réalisé sur l’inter-rang est similaire à celle d’une intervention de binage seule (voir la fiche sur le binage pour plus d’informations).
Matériel
Equipement
Les buses avec un jet de type conique ou uniforme qui présentent une meilleure répartition que les buses avec un jet de type pinceau sont à privilégier. Pour assurer une pulvérisation de bonne qualité, il est également conseillé de s’équiper d’une régulation du débit DPAE (Débit proportionnel à l’avancement électronique).
Si l’équipement de pulvérisation localisée est adapté sur une bineuse, il est recommandé de disposer les buses en amont des éléments bineurs pour éviter le dépôt de poussière sur les feuilles et accroître l’efficacité du traitement, ainsi que pour éviter les problèmes de bouchage des buses.
Un système de guidage de la désherbineuse est enfin nécessaire pour assurer une bonne précision de l’intervention. Plusieurs solutions sont à ce titre possibles : suivi d’une trace réalisée au semis, dispositifs optiques (caméras), guidage RTK.
Réglages
Les buses de pulvérisation doivent être positionnées de façon à ce que la zone traitée représente une largeur d’environ 20 cm par rang. Attention, l’intervalle entre les buses doit être adapté à l’écartement des cultures. Si des cultures à plusieurs écartements sont pratiquées sur l’exploitation, il est donc conseillé de choisir un matériel qui permet de s’adapter aux différentes largeurs de rang.
Comme la zone traitée est également plus restreinte, il est nécessaire d’adapter les doses de produit et la quantité d’eau/ha par rapport à la surface traitée (par exemple 45 % des doses appliquées en plein pour un écartement de 45 cm).
Enfin, dans le cas d’un désherbinage, la vitesse de passage conseillée est de 7-8 km/h pour un bon recouvrement du traitement.
Exemple de mise en oeuvre
-
Betterave en Picardie : désherbages chimiques localisés mono-jets aux stades cotylédons étalés, 2 feuilles, 4 feuilles puis 8-10 feuilles, associés à un binage avec coeurs à 4 feuilles, un binage avec rasettes à 8-10 feuilles et à nouveau un binage avec coeurs à 12 feuilles
-
Exemple et témoignage d’un agriculteur utilisant la technique de l’herbi-semis sur maïs en Dordogne
-
Désherbage chimique localisé sur poireau et maïs, dans la Manche (projet DEPHY Carotte)
Précision sur la technique :
Stratégie d’utilisation
Le désherbinage est une technique qui s’inscrit dans une stratégie de diminution du recours aux herbicides, en les remplaçant en partie par du binage, mais qui permet de conserver une bonne efficacité du désherbage grâce à la pulvérisation sur le rang.
Si les conditions de passage optimales sont respectées, elle peut donc permettre à elle seule de remplacer une stratégie de désherbage tout chimique classique. Elle peut toutefois également être plus ponctuelle et s’intégrer dans une stratégie davantage tournée vers le désherbage mécanique, en complétant par son action sur le rang, des interventions de binage effectuées uniquement dans l’inter-rang.
Agriculture connectée et robotique
Plusieurs prototypes de robots ont été développés ou sont en cours de développement et permettent de désherber sur le rang ou dans l’inter-rang à l’aide de divers outils (herse étrille, bineuse classique ou à doigts…).Très peu de robots sont par contre pour le moment capables de réaliser de la pulvérisation localisée. On peut citer le prototype Ecorobotix, qui grâce à une caméra et un logiciel de reconnaissance, est capable de réaliser des micro-pulvérisations d’herbicides sur les adventices qu’il a identifié.
Ces robots peuvent permettre d’éviter des opérations de désherbage manuelle et de diminuer la pénibilité du travail, et dans le cas de la pulvérisation de précision, de diminuer les consommations en herbicides. Ils sont toutefois encore peu répandus car ils restent onéreux (plusieurs dizaines de milliers d’euros d’investissement selon les modèles), leurs vitesses et débits de chantiers sont faibles (ce qui peut diminuer l’efficacité du désherbage avec certains outils) et leur autonomie est relative (la réglementation imposant une présence humaine à proximité).
Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
Application de la technique à...
Toutes les productions : Généralisation parfois délicate
Cette technique est adaptée aux cultures à inter-rangs larges, sinon les zones de pulvérisation sur le rang se recouvrent et la technique perd son intérêt. Combinée à un désherbage mécanique, l'inter-rang doit être suffisamment large pour permettre le passage des outils.
Cultures sarclées : Ail, Betterave, Colza, Féverole, Lupin, Maïs, Sorgho
Cultures sur lesquelles le binage et/ou le buttage sont possibles : Pomme de terre, Poireaux, Chou-fleur, Carotte, Haricot, Laitue, Melon, Oignon, Petit pois, Soja
Tous les types de sols : Généralisation parfois délicate
La localisation de la pulvérisation est généralisable à tous les types de sols. Cependant, cette technique est rendue plus difficile sur sols caillouteux ou trop motteux lorsqu'elle est combinée à une opération de binage.
Tous les contextes climatiques : Généralisation parfois délicate
Si la pulvérisation est combinée au semis, les conditions hygrométriques d'application sont bonnes si le semis est effectué dans de bonnes conditions. Si elle est combinée à une opération de binage, alors il faut bénéficier de fenêtres d'intervention garantissant l'efficacité de l'intervention (2 à 3 jours de temps sec après binage pour le dessèchement des adventices).
Réglementation
InfluenceL'utilisation d'agroéquipements permettant de localiser le traitement herbicide sur le rang fait l'objet d'une fiche CEPP (action n°31 : Réduire les doses d'herbicides au moyen d'agroéquipements permettant l'application localisée sur le rang).
Des aides financières sont possibles pour l'achat du matériel (environ 40% de l'investissement) via le PVE. D'autres aides sont mobilisables via différentes MAE (fonction des territoires).
2. Services rendus par la technique
Régulation et gestion des adventices
Stockage et gestion de l'eau
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationLa quantité d'herbicides utilisée peut être fortement réduite, en ne pulvérisant que sur une partie de la surface de la parcelle. Les risques de transferts vers l'air sont réduits en conséquence.
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
La quantité d'herbicides utilisée peut être fortement réduite, en ne pulvérisant que sur une partie de la surface de la parcelle. Les risques de transferts vers les eaux sont réduits en conséquence.
Effet sur la consommation de ressources fossiles : Variable
Une stratégie basée sur un traitement localisé sur le rang combiné au semis permet de limiter le nombre de passages spécifiques aux herbicides. Combinée à un désherbage mécanique, cette technique ne limite pas forcément le nombre de passage et peut même entraîner des émissions de gaz à effet de serre supérieures à une stratégie tout chimique, du fait de la puissance de traction nécessaire supérieure à un passage de pulvérisateur.
Critères "agronomiques"
Productivité : VariableSi combiné à du binage : baisse de rendement si trop de pertes de pieds. Par contre, l'effet aération du sol, peut amener une légère augmentation du rendement (quelques références en maïs ensilage). Gain parfois observé sur la maturité du maïs (supérieur à 2 points d'humidité).
Fertilité du sol : En augmentation
Si combiné à du binage : meilleure aération du sol (si sol battant) ; possibilité d'accélération de la minéralisation.
Stress hydrique : En diminution
Si combiné à du binage : amélioration de l'infiltration de l'eau dans le sol et limitation de l'évaporation (en brisant la croûte superficielle, suppression des remontées par capillarité). D'où l'adage "un binage vaut deux arrosages".
Développement de certains ravageurs : En augmentation
Les passages de bineuse perturbent certains ravageurs comme les limaces.
Capacité de gestion d'adventices : En augmentation
Certaines adventices comme l'ammi majeur ou l'ambroisie sont difficiles à gérer avec les herbicides et sont contrôlées efficacement avec le désherbage chimique sur le rang, couplé au binage entre les rangs.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En diminution
Réduction des dépenses en herbicides d'environ 60%.
Charges de mécanisation : En augmentation
Investissement de 4 000 à 6 000 euros pour une rampe montée sur pulvérisateur, environ 32 000 € pour une désherbineuse
Marge : En augmentation
Le coût est réduit par rapport à une stratégie à deux passages d'herbicides. De plus, cette technique permet de bénéficier de soutiens financiers (MAE, PVE).
Critères "sociaux"
Temps de travail : Pas d'effet (neutre)
Peu d'évolution par rapport à une stratégie chimique dans le cas où le traitement est combiné au semis. ll y a par contre augmentation du temps de mécanisation si combiné à du binage, car les débits de chantier sont plus faibles.
Effet sur la santé de l'agriculteur : Pas d'effet (neutre)
Si les substances utilisées restent les mêmes qu'un traitement sur l'ensemble de la parcelle, alors les risques d'exposition des personnes manipulant les produits restent identiques.
Temps d'observation : En augmentation
Besoin de formation des agriculteurs en augmentation car le semis et le binage demandent davantage de concentration. Il faut aussi intervenir au bon moment dans le cas du désherbinage, nécessitant un suivi régulier des parcelles.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
dicotylédones annuelles | FORTE | adventices | Efficacité forte, même si technique utilisée seule |
graminées annuelles | MOYENNE | adventices | Efficacité moyenne si technique utilisée seule. A combiner |
limace | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte chimique
Mode d'action : Rattrapage
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution
Contributeurs
conseiller-chambre-agriculture - sebastien.minette@na.chambagri.fr