Implanter des cultures allélopathiques en viticulture
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1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
La gestion des bioagresseurs (adventices, ravageurs et maladies) en viticulture peut passer par la mise en place de couverts végétaux composés de plantes à effets allélopathiques, associées à la vigne ou implantées en période de jachère.
Cette fiche technique présente uniquement des exemples de cas concrets d’utilisation de plantes allélopathiques en viticulture. Pour plus de précisions sur les mécanismes allélopathiques ou la biofumigation, référez-vous à la fiche dédiée Qu’est-ce qu’une culture allélopathique et la biofumigation ?.
Précision sur la technique :
Les plantes de services allélopathiques, plus précisément « nématicides », c’est à dire qui exsudent des composés chimiques pour les nématodes, permettent de diminuer les populations de nématodes vecteurs du virus du court noué. Le tagète minuta, la vesce velue, l’avoine, la luzerne, le sainfoin, le trèfle violet, le lupin blanc et le lotier corniculé peuvent être implantés pour cette utilisation (Laveau et al., 2020). Le sainfoin ainsi que le lotier corniculé peuvent toutefois occasionner des difficultés d’implantation. Le projet BIOUCOU a travaillé sur l'activité nématicide des plantes couvre-sol.
Les travaux de Lou et al (2016) montrent que les composés allélopathiques émis par les résidus des plantes permettent de réduire la germination et la croissance des adventices. De potentiels effets allélopathiques dépressifs sur les adventices ont été observés à la suite d’un broyage du couvert présent sur l’inter-rang et déport sous le rang (Massol, 2021). Ces observations nécessitent un appui scientifique et technique pour le prouver. On ne peut néanmoins attribuer les effets de suppression des mauvaises herbes uniquement à l'allélopathie, le phénomène de compétition pour les ressources entrant aussi en jeu. Les regards peuvent être croisés avec l’utilisation de l’allélopathie dans d’autres filières (grandes cultures) notamment pour la régulation des adventices où les mêmes espèces pourraient être retrouvées au sein des parcelles viticoles.
Période de mise en œuvre
Les plantes de services peuvent-être mises en place en période de jachère entre l’arrachage des ceps infestés et la plantation des nouveaux ceps pour assainir le sol des nématodes, associées à la vigne implantée ou dès son implantation dans le cas de régulation des adventices.
Echelle spatiale de mise en œuvre
L’effet allélopathique dans le cadre de la gestion des bioagresseurs est une technique qui agit à l’échelle de la parcelle. Les nématodes se développant dans le sol, la maladie du court-noué sera atténuée avec les plantes nématicides pendant la période d’interculture dans la parcelle.
Application de la technique à...
Toutes les productions : Facilement généralisableToutes les cultures peuvent bénéficier d'effets allélopathiques des plantes de services associées ou de la culture intermédiaire qui les précède. Attention tout de même à une éventuelle sensibilité de la culture principale vis-à-vis de la compétition induite par le phénomène.
Tous les types de sols : Généralisation parfois délicate
Les conditions environnementales (type de sol, température et pH du sol) et de conduite (profondeur d’enfouissement, type de broyage, …) influencent la proportion de molécules biocides susceptibles d’atteindre leur organisme cible (Couëdel et al., 2017).
La phytotoxicité des allélochimiques augmente de façon significative lorsque le pH décroit (Norouzi et al., 2015). L’activité allélopathique de plantes cultivées dans des sols secs serait plus efficace que celle provoquée à partir d’autres plantes cultivées dans des sols bien arrosés.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Les cultures allélopathiques peuvent être implantées dans toutes les régions si l’espèce et l’itinéraire technique sont adaptés. Ainsi, le choix des espèces et des variétés est à adapter au climat local.
Réglementation
Concernant la réglementation liée à la directive nitrates, référez-vous à la Draaf de votre région.
Certaines exigences réglementaires sont à respecter dans le cadre des cahiers des charges AOP et IGP. Les exploitations devront se conformer aux exigences du cahier des charges du label Hautes Valeurs Environnementales en 2030.
2. Services rendus par la technique
Régulation et gestion des adventices
Gestion des ravageurs
Gestion des maladies
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationEn permettant de réduire le stock semencier ainsi qu’en agissant sur certains ravageurs et certaines maladies, l’allélopathie contribue à réduire les usages de produits phytosanitaires (herbicides, insecticides et fongicides) et leur transfert vers l’air.
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
Par rapport à un sol nu, l’implantation d’un couvert végétal, qu’il ait un effet allélopathique ou non, permet de piéger l’azote et le phosphore. De plus, celui-ci peut éventuellement fixer l’azote atmosphérique s’il contient des légumineuses, et rendre le phosphore disponible à la culture suivante ce qui permettra de limiter les apports en engrais. L’effet allélopathique permettant de réguler la flore adventice ainsi que les attaques de ravageurs, permet de réduire l’usage de pesticides et donc permet d’améliorer la qualité de l’eau.
Effet sur la consommation de ressources fossiles : Variable
L'implantation et la destruction du couvert entrainent :
- Une consommation de carburant plus importante que le maintien du sol nu pendant l'interculture (sauf légumineuse en interculture qui permet de réduire les apports d'azote) s'il n'y a pas de travail du sol pendant cette période
- Des émissions de GES liées à la consommation de carburant. Le développement du couvert permet de stocker du carbone dans le sol. Le bilan est donc "variable" à l'échelle de la culture.
- La régulation des bioagresseurs par le couvert peut permettre une baisse des interventions en cours de culture (passages de produits phytosanitaires, désherbage mécanique, …).
Critères "agronomiques"
Productivité : VariablePar rapport à un sol nu, l’installation d’un couvert associé à la vigne peut induire un risque de perte de rendement corrélé à la diminution de la vigueur de la vigne mais ce risque dépend des techniques de pilotage.
Qualité de la production : En augmentation
La réduction de la vigueur causée par le couvert et la baisse de rendements entrainent une augmentation du potentiel qualitatif de la vendange et une amélioration des qualités organoleptiques des vins.
Fertilité du sol : En augmentation
Les couverts végétaux, allélopathiques ou pas, sur les parcelles viticoles améliorent les composantes physiques (diminution du ruissellement, de la battance et de l’érosion), chimiques (amélioration de la disponibilité des éléments nutritifs, diminution de la lixiviation) et biologiques (amélioration de la vie du sol et de la teneur en matière organique) de la fertilité du sol.
Stress hydrique : Variable
Le prélèvement d'eau pendant le développement du couvert peut réduire l'eau disponible dans la réserve utile. La destruction du couvert devra être adaptée au type de sol et aux exigences en eau de la culture suivante.
Biodiversité fonctionnelle : En augmentation
La présence de couvert favorise certaines espèces en leur fournissant refuge et nourriture (insectes auxiliaires, pollinisateurs, macro et microfaune du sol, oiseaux, etc.). Cet effet est variable selon la nature du couvert, par exemple s'il s'agit d'une espèce nectarifère ou pas.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En augmentation
La technique nécessite l'implantation d'espèces allélopathiques donc le coût de semences.
Charges de mécanisation : En augmentation
Les coûts d’implantation et de destruction sont à prendre en compte.
Marge : Variable
On a d'un côté des économies d'engrais (restitutions d'azote) et des économies éventuelles de produits phytosanitaires et de passages, et de l'autre un coût lié à l'implantation du couvert. L'effet sur la marge est en fonction de l'équilibre entre ces deux éléments. Les effets "à long terme" sont difficilement quantifiables et chiffrables et ne sont généralement pas pris en compte dans le calcul des marges (amélioration de la structure du sol, limitation érosion, vie du sol, ...). Le couvert peut aussi être valorisé (récolte, fourrages, ...). La valorisation n'est toutefois pas l'objectif premier des plantes de services.
Critères "sociaux"
Temps de travail : Variable
Les temps de travaux liés à l’augmentation du nombre de passages (préparation du sol, semis, entretien, destruction) sont à prendre en compte. Certains viticulteurs mettent déjà en place des couverts végétaux dans leur parcelle, cela nécessitera simplement de remplacer les semences par des semences à effets allélopathiques.
Effet sur la santé de l'agriculteur : En augmentation
Par diminution de l’usage des produits chimiques (sauf si destruction chimique) pouvant être remplacés par la technique.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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adventices | MOYENNE | adventices | |
nématode (bioagresseur) | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | Diminution des populations de X.index et X.diversicaudatum, vecteurs du virus du court-noué, dans les sols |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte biologique
Mode d'action :
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception