Lutter contre les maladies avec les plantes de services en horticulture et en PPAM
Cette fiche est reliée à d'autres thématiques de la manière suivante :
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Cette technique consiste à implanter des plantes de services ayant pour but de limiter ou de rompre le cycle des maladies fongiques ou virales.
On désigne par plantes de services les espèces implantées avant ou pendant une culture principale, dans la parcelle ou à proximité et qui sont destinées à fournir un ou plusieurs avantages (services écosystémiques) à la culture en place ou aux suivantes dans la rotation. Au-delà de réguler les maladies, les plantes de services peuvent également réguler d’autres bioagresseurs (adventices et ravageurs), améliorer la structure et la stabilité du sol, le cycle des éléments nutritifs ou réguler le climat (stockage du carbone). Eventuellement, la biomasse produite peut être utilisée pour la fourniture d’aliments ou de combustibles. Elles n’ont toutefois pas une finalité productive, les services d’approvisionnement n’y sont pas recherchés en priorité.
Principe :
A travers l’ensemble des filières, la mise en place de plantes de services pour lutter contre les maladies fongiques d’origine telluriques et les viroses transmises par les nématodes repose sur plusieurs mécanismes :
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L’exsudation racinaire de certaines espèces de plantes dans un couvert d’interculture permet de limiter les maladies transmises par les nématodes du sol, en sécrétant des composés répulsifs, inhibiteurs ou biocides.
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La biofumigation est une technique culturale biologique permettant de lutter contre les maladies du sol avec un couvert d’interculture, principalement composé de crucifères, qui ont la capacité de libérer une grande quantité de glucosinolates lors de leur destruction.
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L’effet de dilution ou de barrière perturbe les flux des spores.
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L’action sur le microbiote racinaire est permise par l’activité biologique du sol, elle-même favorisée par les couverts. Cela permet, par la présence de champignons utiles de type décomposeurs ou mycorhiziens voire de champignons antagonistes, de lutter contre les champignons causant des maladies fongiques.
Conditions de réussite :
L’efficacité des plantes de services vis-à-vis de la problématique de gestion des maladies, notamment de l’activité du pathogène de l’inoculum primaire, sera déterminée par la conduite du système cultural : précédent et son mode de conduite, gestion de la période d’interculture mais aussi des résidus dans le sol et l’évolution de la décomposition des résidus de culture sous l’influence de certaines pratiques (travail du sol, labour ou non labour, …).
Le choix des espèces à implanter dans la rotation ainsi que la variété sont des critères de réussites primordiaux.
Précision sur la technique :
En horticulture, il existe une carence d’informations sur la thématique. N’hésitez pas à nous contacter ou initier une discussion si vous possédez des références à ce sujet.
En PPAM, les couverts végétaux spontanés ou semés en inter-rangs de plants de lavandes peuvent permettre de lutter contre le dépérissement causé par la cicadelle. Pour en savoir plus, référez-vous à la fiche « lutter contre les ravageurs avec les plantes de services en horticulture te en PPAM ». Dans son témoignage, Maxime Méjéan indique que la couleur verte du couvert pourrait permettre d’attirer la cicadelle et donc la détourner de la lavande. Yann Sauvaire, lui, a mené des essais de semis d’orge sur l’inter-rang pour faire barrière physique au vol de la cicadelle.
Quelques actions, projets, programmes :
Le projet Hortipepi2 a notamment pour objectif de réguler les bioagresseurs en pépinières avec une combinaison de leviers comprenant les plantes de services.
Le projet ROSA BIP a pour objectif d’atteindre un contrôle satisfaisant de maladie (oïdium) avec plusieurs stratégies dont l’utilisation de plantes de services.
Le projet RECITAL avait pour objectif d’augmenter la résilience des cultures aux climats et bioagresseurs et limiter/perturber le développement de ravageurs xérophiles causant le dépérissement.
Période de mise en œuvre
En Ppam, implanter un couvert végétal dès la première année permet à la lavande de se développer en même temps que ce dernier et donc d’adapter son système racinaire afin d’aller chercher de l’eau plus en profondeur. La concurrence pour la ressource est donc moins importante.
Echelle spatiale de mise en œuvre
Les techniques d’introduction des plantes de services réduisent dans la plupart des cas les maladies à l’échelle de la parcelle.
Application de la technique à...
Toutes les productions : Généralisation parfois délicateLes possibilités de régulation des maladies par les plantes de services sont en cours d’expertise. Les connaissances vont se développer dans les années à venir.
Tous les types de sols : Facilement généralisable
Les plantes de services peuvent être mises en place sur tous types de sols, à condition d’y adapter l’itinéraire technique (choix des espèces, des variétés, parfois irrigation) dans certaines régions.
Tous les contextes climatiques : Généralisation parfois délicate
La technique en elle-même est généralisable à tous les climats. En interculture, des observations ont montrées que des conditions froides et humides à la levée du couvert favorisent les maladies fongiques, d’autant plus si le couvert démarre lentement. La biofumigation, pouvant diminuer l’inoculum primaire nécessite de l’eau pour que la réaction biochimique des glucosinolates en isothio et thiocyanates puisse se dérouler. Les couverts spontanés sont les plus adaptés au climat, ils poussent lorsqu’il pleut et s’arrêtent lorsque le temps est plus sec ce qui permet de moins concurrencer la culture en place.
Réglementation
Concernant la réglementation liée à la directive nitrates, référez-vous à la Draaf de votre région.
2. Services rendus par la technique
Gestion des maladies
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationPar rapport à un sol nu, les plantes de services peuvent permettre de diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires si la destruction de ces dernières n’est pas réalisée chimiquement.
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
Les plantes de services peuvent permettre de diminuer l’application de fongicides et d'autres produits phytosanitaires. La couverture du sol évite aussi le lessivage des éléments nutritifs vers les nappes d’eau phréatiques.
Effet sur la consommation de ressources fossiles : Variable
Ce critère dépend de la technique, de sa conduite et du nombre de passages dans la parcelle (travail du sol, implantation, entretien, destruction) par rapport aux passages de produits phytosanitaires.
Critères "agronomiques"
Productivité : VariablePar rapport à un sol nu, les rendements sont augmentés en zones dépérissantes pour les lavanderaies. Il est conseillé de ne pas enherber la totalité de l’inter-rang pour ne pas nuire aux rendements. En effet, des essais ont montré que réduire la largeur du couvert végétal de 45% à 25% permettrait de maintenir voire plus que doubler le rendement en huiles essentielles (de 117%) qui est de +70% dans les modalités ayant un couvert végétal un inter-rang sur deux (Debregeas, 2017) par rapport au témoin.
Qualité de la production : Pas de connaissance sur impact
Fertilité du sol : En augmentation
D’une manière générale, les plantes de services améliorent les composantes physiques (diminution du ruissellement, de la battance et de l’érosion), chimiques (amélioration de la disponibilité des éléments nutritifs dans certains cas, diminution de la lixiviation) et biologiques (amélioration de la vie du sol et de la teneur en matière organique) de la fertilité du sol. Leur décomposition permet d’augmenter les teneurs en matière organique du sol et en azote dans le cas de certaines plantes.
Stress hydrique : En augmentation
Selon le type de sol, les conditions climatiques et la nature des espèces implantées, les plantes de services peuvent induire une concurrence hydrique au sein de la parcelle. Lamacque (2020) a montré dans le cadre de sa thèse qu’un couvert végétal sur l’inter-rang de lavandin exerce une contrainte hydrique pendant la période de croissance et de sécheresse estivale. Le stress hydrique serait plus précoce avec le couvert mais l’intensité de la sécheresse identique à la culture avec un sol nu en inter-rang.
Biodiversité fonctionnelle : En augmentation
L’insertion de nouvelles familles de plantes dans le système apporte de la diversité. Par rapport à un sol nu, les plantes de services permettent d'apporter abri et nourriture aux animaux sauvages (oiseaux, petit gibier, ...), auxiliaires ennemis des ravageurs, pollinisateurs ainsi qu'aux organismes du sol (biomasse microbienne, vers de terre, ...).
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : Variable
L’investissement peut permettre d'éviter l’utilisation de produits phytosanitaires mais des charges supplémentaires sont à prendre en compte pour le semis (achat de semences) et l’entretien du couvert. En outre, les semences fermières ont un coût modéré vis-à-vis des mélanges semenciers.
Charges de mécanisation : En augmentation
La mise en place de plantes de services peut nécessiter l’investissement dans du nouveau matériel (semoir, matériel de désherbage mécanique, etc). L’implantation de la PPAM dans un couvert en place nécessite un matériel adapté pour désherber le rang ou travailler le sol en strip-till.
Certains producteurs auto-construisent leur matériel adapté aux passages dans leurs parcelles ce qui limite fortement les coûts ; d’autres préfèrent mutualiser le matériel.
Marge : Variable
Les brebis peuvent venir pâturer les couverts sur l’inter-rang à l’automne pour gérer le couvert. Il est possible de récolter les plantes de services cultivées en interculture en dérobées fourragères, à ensiler, récolter en grains ou à vocation énergétique. La valorisation n'est toutefois pas l'objectif premier des plantes de services.
Critères "sociaux"
Effet sur la santé de l'agriculteur : En augmentation
Par diminution de l’usage de produits phytosanitaires dans leur ensemble.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Chenille | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | |
Cicadelles | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | |
Cécidomyies | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | |
adventices | MOYENNE | adventices | |
aleurodes | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | |
nématode (bioagresseur) | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | |
puceron | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Bactéries fonctionnelles du sol | MOYENNE | Organismes fonctionnels du sol | |
Chrysopes et hémérobes | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | |
Coccinelles | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | |
Parasitoïdes | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | |
Pollinisateurs | MOYENNE | Pollinisateurs | |
Syrphes et autres mouches | MOYENNE | Pollinisateurs | |
Syrphes prédatrices | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | |
Vers de terre | MOYENNE | Organismes fonctionnels du sol |
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte biologique
Mode d'action : Evitement Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception