Pratiquer le piégeage massif pour limiter les populations de ravageurs
Cette fiche est reliée à d'autres thématiques de la manière suivante :
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Photo d'en-tête : Pièges chromatiques installés dans une culture de tomates sous serre - © M. Goude, Inra
Informations issues initialement du Guide pratique pour la conception de systèmes de culture légumiers économes en produits phytopharmaceutiques (2014) / Fiche technique T13. Pour en savoir plus : voir lien et du Guide pour la conception de systèmes de production fruitière économes en produits phytopharmaceutiques (2014) / Fiche technique n°18. Pour en savoir plus : voir lien
Principe :
La technique consiste à installer dans une parcelle un nombre de pièges siffisant pour collecter des adultes, des larves ou des oeufs d’un ravageur précis de manière à limiter fortement sa population et sa descendance. Plusieurs types de piégeage massifs peuvent être utilisés : le piégeage à phéromones qui attire et piège les insectes ravageurs ; l’utilisation d’appâts alimentaires ou de kairomones qui attirent et neutralisent les ravageurs dans les pièges ; les pièges chromatiques englués qui attirent les ravageurs selon la couleur ; les pièges lumineux... Ces techniques peuvent aussi être utilisées en surveillance pour détecter les périodes de vols et assurer le suivi des populations.
Exemple de mise en oeuvre :
Exemples d'application en production légumière :
Piégeage à phéromones : « phéromone Tuta absoluta »
Cible : les mâles adultes de Tuta absoluta en culture sous serre ou sous abri.
- Mise en place pour la détection des premiers adultes et le suivi des populations : la capsule de phéromones doit être posée sur la plaque engluée d’un piège Delta. Celui-ci est suspendu à environ 10 cm au-dessus de la culture, à un endroit où les contrôles réguliers ne posent pas de difficulté. La répartition doit être uniforme pour éviter toute interférence.
- Mise en place pour le piégeage de masse des mâles : la capsule est placée dans un panier situé au dessus et au centre du piège rempli d’eau additionné d’une petite quantité d’huile végétale ou de savon. Entre chaque piège, une distance minimum de 15 à 20 m est recommandée. Les pièges sont placés au sol ou à une hauteur de 40 cm maximum et doivent être en permanence remplis d’eau.
- Dose et application : pour la détection, il est recommandé de placer quatre pièges par hectare d’abri. Pour le piégeage de masse, la densité sera comprise entre 20 et 25 pièges par hectare. Dans les deux cas, les capsules de phéromones sont efficaces pendant 4 à 6 semaines après leur mise en place dans le piège. Le même type de phéromone doit être utilisé pour le remplacement. Désormais, on trouve des phéromones sous forme de gel à renouveler tous les 3 mois.
- Conditions d’application : les pièges sont placés dès la préparation du sol ou à la plantation. Respecter les conditions d'emploi des phéromones.
- Stockage du produit : Respecter les conditions de stockage et la durée de conservation indiquées par le fournisseur
Exemple de piégeage pour la mouche de la cerise et Drosophila susukii en verger de cerise
Image : Piège chromatique pour capture mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi) et piège pour Drosophila suzukii- © Mandrin Jean François, CTIFL. voir lien
Précision sur la technique :
L'efficacité de la technique pour limiter les populations de bioagresseurs est conditionnée par le type de piégèage (phéromones, chromatiques...), le type de piège (Delta, plaques engluées...), ainsi que par leur densité et leur localisation en culture. Alors, pour une efficacité maximale, il est conseillé de :
- installer les pièges le plus tôt possible avant la présence des ravageurs ou dès la detection des premiers bio-agresseurs (pour la detection, un piège doit être mis en place dès l'installation de la culture)
- disposer d'un attractif efficace
- prevoir un dispositif de piégeage sur de parcelles suffisament grandes (en systèmes de verger 1ha minimum)
- en production fruitière, laisser les pièges au moins 15 jours après la dernière cueille dans le cas des cératites sur pêchers.
D'autre part, l’association plusieurs types de protection biologique et de méthodes préventives est recommandée pour une meilleure efficacité.
Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
Le piégeage massif fonctionne d'autant mieux quand il est mis en oeuvre sur de grands ensembles de parcelles (toute une zone de production par exemple)
Application de la technique à...
Toutes les productions : Facilement généralisableCette technique peut s'appliquer sur toutes les cultures légumières (sous serre, sous abris) et aussi sur les espèces fruitières
Tous les types de sols : Sans objet
Réglementation
Le recours à de méthodes de piégage massif des bioagresseurs fait l'objet de plusieurs fiches CEPP :
- Action n°41 : Lutter contre les mouches dans les vergers et la vigne au moyen de pièges listés comme produits de biocontrôle
- Action n°56 : Lutter contre les insectes volant sous abris au moyen de pièges colorés englués posés à haute densité
2. Services rendus par la technique
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationémission phytosanitaires : DIMINUTION
émission GES : DIMINUTION
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
pesticides : DIMINUTION
Effet sur la consommation de ressources fossiles : En diminution
consommation d'énergie fossile : DIMINUTION
Autre : Pas d'effet (neutre)
Commentaires
Diminution des transferts de polluants vers l’eau, l’air et le sol grâce à la réduction de produits phytopharmaceutiques.
Pas d’intervention mécanisée, donc diminution des énergies.
Critères "agronomiques"
Productivité : Pas d'effet (neutre)Pas d'effet
L'effet est positif dans la mesure où la technique est efficace (ou contribue à l'efficacité) sur les ravageurs visés.
Qualité de la production : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet
L'effet est positif dans la mesure où la technique est efficace (ou contribue à l'efficacité) sur les ravageurs visés.
Fertilité du sol : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet
Stress hydrique : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet
Biodiversité fonctionnelle : Variable
Variable
En principe, pas d’impact sur la biodiversité fonctionnelle, car la technique est en général très sélective (sauf peut-être dans le cas de certains attractifs alimentaires peu spécifiques qui pourraient tuer des auxiliaires : des hyménoptères parasitoïdes par exemple). Ou dans le cas de pièges chromatiques ou lumineux qui peuvent attirer d'autres insectes que ceux qui sont ciblés. Prendre les mesures nécessaires pour limiter ce risque.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : Variable
Variable
La différence est fonction de l'écart de prix entre les programmes de traitement chimique et les programmes à base de piégeage de masse, en sachant que c’est généralement une méthode complémentaire pour améliorer l’efficacité de la protection tout en limitant l’application des produits phytopharmaceutiques.
à titre d'exemple en production fruitière:
- Coût du piégeage de la cératite : 250 €/ha de fourniture (50 pièges/ha)
- Coût du piégeage du xylébore : environ 300 €/ha (avec 8 pièges/ha)
Prendre en compte le cout des pièges, de la mise en place et de l'entretien.
Critères "sociaux"
Effet sur la santé de l'agriculteur : Pas de connaissance sur impact
Pas de connaissance sur impact
Cette alternative n’a en général pas de classement toxicologique pour l'applicateur (sauf phéromones = utiliser des gants)
Moins d'application de produits phytosanitaires
Temps d'observation : En augmentation
En augmentation
Le temps de travail dépend du nombre de pièges mis en place et de la durée de vie du piège. Cependant, la technique demande du temps pour la pose, l'entretien des pièges ainsi qu'une surveillance régulière.
Quelle que soit la technique employée, la surveillance des cultures doit être précise et régulière pour repérer les attaques et suivre leur évolution.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Zeuzère (Zeuzera pyrina) | ravageur, prédateur ou parasite | Le piégeage massif de zeuzère peut avoir un effet inverse avec attraction de papillons issus de l’environnement du verger. | |
thrips des cultures légumières | MOYENNE | ravageur, prédateur ou parasite | L’utilisation de pièges bleus englués associés à une kairomone peut parfois avoir un effet démultiplicateur sur les populations de thrips et provoquer un résultat contraire à celui escompté (?) |
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Drosophile (Drosophila suzukii) | ravageur, prédateur ou parasite | Technique utilisée comme levier complémentaire sur framboisier dans certaines régions | |
Mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi) | ravageur, prédateur ou parasite | ||
Scolyte (Xyleborus disparate) | ravageur, prédateur ou parasite | En condition de faible pression, la technique est utilisée sur châtaignier dans certaines régions. | |
Tuta absoluta | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Il existe des pièges à phéromones efficaces pour piéger en masse les mâles deTuta absoluta, surtout sous abri |
aleurodes | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Les pièges jaunes engluées sont très efficaces pour piéger les aleurodes, surtout sous abris |
mouche méditerranéenne (Ceratitis capitata) | ravageur, prédateur ou parasite | Cette technique représente un levier principal contre la cératite (mouche méditerranéenne) sur fruits à noyau et à pépins (variétés tardives) | |
mouches des cultures légumières | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Les pièges jaunes englués et les bols jaunes remplis d’eau savonneuse sont très efficaces pour piéger les mouches (delia platura, delia radicum, psila rosae) mais l’efficacité dépend de la nuance de jaune utilisée |
noctuelles des cultures légumières | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Il existe des pièges à phéromones efficaces pour piéger en masse les noctuellles, en plein champ ou sous abri |
thrips des cultures légumières | FORTE | ravageur, prédateur ou parasite | Les pièges bleus englués sont très efficaces pour piéger les thrips, surtout lorsqu’ils sont associés à une kairomone spécifique |
ver des framboises (Byturus tomentosus) | ravageur, prédateur ou parasite | En condition de faible pression, la technique est utilisée sur framboisier dans certaines régions. |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Parasitoïdes | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Les pièges chromatiques utiliser pour réguler les populations de mouches phytophages ne sont pas sélectifs (bol jaune et plaques jaunes engluées) et risquent en particulier d'attirer et tuer les hyménoptères parasitoïdes. |
Thrips prédateurs | FORTE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Les pièges bleus englués utilisés pour tuer les thrips phytophages attirent aussi les aeolothrips |
Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
Alter Agri, 104, 17-18
Phytoma-La défense des végétaux n° 612, 21-25
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte biologique
Mode d'action : Evitement Rattrapage Action sur le stock initial Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution