Pratiquer l'enherbement spontané ou semé sous le rang de vigne
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1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Principe :
L’enherbement spontané ou semé sous le rang de vigne consiste à entretenir ou semer un couvert végétal sur le cavaillon non pour être récolté mais pour remplacer le désherbage chimique de la ligne de ceps.
Cette technique permet d’améliorer la fertilité physique, biologique et chimique du sol par action mécanique en limitant les phénomènes d’érosion hydrique et éolienne, de ruissellement et de transfert des éléments chimiques vers les nappes d’eau souterraines. Il joue aussi un rôle important dans le maintien de la faune du sol, favorise les auxiliaires et diminue les populations de ravageurs ainsi que les maladies. L’enherbement semé permet de diminuer l’abondance de la flore adventice nuisible ou de modifier les communautés présentes sur la parcelle.
En verdissant le paysage, l’enherbement donne une image positive des vignes au consommateur, qui sont des cultures très dépendantes des intrants chimiques.
Conditions de réussite :
La réussite de la technique dépendra du choix des espèces, des variétés ou des mélanges. Il est conseillé d’éviter l’utilisation d’herbicides, notamment de pré-levée, dans les mois voire l’année qui précède le semis pour augmenter les chances de réussite. L’idéal est de laisser se développer l’enherbement naturel, facile à mettre en œuvre et adapté au terroir. L’enherbement semé, ou engazonnement, permet de remplacer les espèces concurrentielles ou insuffisantes et un meilleur contrôle de la concurrence hydro-azotée.
Précision sur la technique :
- Choix des espèces
Les espèces, variétés ou mélanges avec un faible développement aérien pour limiter le nombre de tontes, une bonne couverture au sol et une concurrence directe limitée sont choisies.
Tableau : Espèces adaptées à l’enherbement sous le rang
Cette liste n’est pas exhaustive, le choix final se raisonne au cas par cas en fonction du pédoclimat et de la parcelle.
- Implantation
Le semis est réalisé de préférence à la fin de l’été voire au début de l’automne, à la suite de la préparation du sol créant un lit de semences. La terre doit être émiettée assez finement pour favoriser le contact entre le sol et la graine. Le semis peut être réalisé à la volée, à l’aide d’un épandeur d’engrais localisé dont le réglage doit être adapté à la densité de semence et à la dose de semis visé. Une vidéo réalisée par la Chambre d'Agriculture du Tarn sur le semis du couvert sous le rang est disponible ici.
- Gestion de l'enherbement
L’utilisation de brosses polyvalentes herbe-pampres, permettent de contrôler la flore spontanée par abrasion du sol. Cette gestion du couvert n’est pas praticable sur couvert semé, qui lui, nécessite des tontes (2 à 3 interventions annuelles) avec une tondeuse interceps. Il faut attendre que les herbes soient assez hautes et les laisser épier au moins une fois dans la saison afin qu’elles fassent leur cycle (plantes annuelles) et deviennent moins concurrentielles pour la vigne.
Plusieurs facteurs entrent en jeu dans les opérations de tontes, tels que :
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La hauteur du couvert sous le rang qui ne doit pas atteindre le feuillage afin de conserver une bonne aération des grappes et ainsi limiter le risque des maladies
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Le stade de développement et le mode de dissémination
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La pérennité du couvert
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Des vidéos réalisées par la Chambre d'Agriculture du Tarn sur l'entretien sous le rang avec des brosses et l'épamprage et broyage de l'herbe sous le rang combinée à la tonte de l'inter-rang sont disponibles.
- Renouvellement
Il dépend des espèces choisies et peut être renouvelés tous les 5 ans voir tous les 8-10 ans, en fonction de son état de propreté
Points de vigilance :
Le principal frein à la pratique d’enherbement sous le rang est le risque d’une concurrence hydrominérale excessive du couvert vis-à-vis de la vigne. Il est nécessaire de raisonner globalement l’entretien du sol à la parcelle, et notamment d’adapter le pourcentage d’enherbement, en fonction de l’objectif de production et des caractéristiques pédoclimatiques.
L’enherbement sous le rang couvre une surface au sol d’environ 25 à 30% par comparaison à un enherbement de tous les inter-rangs qui occupe une surface au sol d’environ 50 à 60%. Un enherbement total, rangs et inter-rangs, et permanent, est une pratique difficilement généralisable ; la gestion de la concurrence exercée par l’enherbement sous le rang passe par l’association à des pratiques dans l’inter-rang moins concurrentielles pour la vigne comme le désherbage mécanique ou un enherbement temporaire.
En agriculture biologique, pensez à vérifier auprès de votre semencier la compatibilité des semences avec le label agriculture biologique.
Quelques actions, projets, programmes :
Le programme « ZéroHerbiViti », mené par l’IFV Sud-Ouest et ses partenaires, a permis d’évaluer les conséquences de la mise en place d’un enherbement sous le rang sur l’organisation du travail, les coûts et la perception de la technique par les chefs de culture.
Des essais menés de 2017 à 2019 chez un membre du réseau DEPHY ECOPHYTO viti Tarn ont permis d’observer les conséquences de l’enherbement sous le rang de vigne.
Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
Application de la technique à...
Toutes les productions : Généralisation parfois délicateLa technique est applicable aux cultures pérennes.
Tous les types de sols : Généralisation parfois délicate
La majorité des parcelles peuvent être enherbées, à l'exception de celles aux sols superficiels souffrant d'un important stress hydrique et des parcelles non mécanisables (forte pente par exemple).
Tous les contextes climatiques : Généralisation parfois délicate
L’accentuation de la contrainte hydrique et azotée n’est pas supportable dans tous les vignobles sous tous les climats.
Réglementation
Concernant la réglementation liée à la directive nitrates, référez-vous à la Draaf de votre région
Certaines exigences réglementaires sont à respecter dans le cadre des cahiers des charges AOP et IGP.
L’évolution de la réglementation pousse à utiliser des techniques alternatives au désherbage chimique. Les exploitations devront se conformer aux exigences du cahier des charges du label Hautes Valeurs Environnementales en 2030.
2. Services rendus par la technique
Stabilité physique et structuration du sol
Régulation et gestion des adventices
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentationL'enherbement de la parcelle permet de supprimer le recours aux herbicides pour désherber l'intercep.
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
L'enherbement permet de supprimer le recours aux herbicides pour désherber l'intercep et limite le lessivage hivernal par les pluies.
Effet sur la consommation de ressources fossiles : En augmentation
Les interventions de tonte sous le rang sont à la fois plus nombreuses et plus énergivores que l'utilisation d'une rampe de désherbage.
Critères "agronomiques"
Productivité : En diminutionL’enherbement du sol viticole génère une baisse de rendement. Cette baisse du rendement peut être partiellement compensée après plusieurs années d'implantation en fonction de la possibilité des racines de la vigne à se développer davantage en profondeur.
L’IFV a montré à travers un essai en région méditerranéenne, dans le cadre du projet « Zéro herbicide », que la fétuque rouge sous le rang a un impact moyen de -9% sur le rendement.Qualité de la production : Variable
L'enherbement est à l'origine d'une concurrence hydro-azotée qui se manifeste entre autres par une réduction de la vigueur de la vigne. L’impact de l’enherbement est globalement positif sur les vins rouges par une augmentation des teneurs en alcool, polyphénols et anthocyanes des vins. Toutefois, il est déconseillé sur raisins blancs, une baisse trop importante des niveaux d’azote assimilable des moûts pouvant modifier la qualité aromatique des vins.
Fertilité du sol : En augmentation
L'enherbement assure une protection de la surface du sol vis-à-vis de la pluie et permet ainsi de limiter le ruissellement et l'érosion des sols. Il est aussi une source de matière organique, favorise la vie du sol (biomasse microbienne, vers de terres, …) et a un effet décompactant grâce au tissu racinaire, améliorant la stabilité structurale, la porosité et la perméabilité du sol.
Stress hydrique : En augmentation
Selon le type de sol et la nature de l’espèce plantée, l’enherbement sous le rang peut induire une concurrence hydrique au vignoble.
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : Variable
L’enherbement sous le rang permet de limiter l’usage d’herbicides mais peut nécessiter l’achat de semence dans le cas d’un enherbement semé.
Charges de mécanisation : En augmentation
L'entretien de l’enherbement impose un équipement spécifique inter-ceps (semis, tonte), plus coûteux qu’une rampe de désherbage. En ce qui concerne le semis, certains viticultueurs auto-construisent leur semoir pour le cavaillon, avec des éléments simples, disponibles sur le marché, tels qu’une trémie pneumatique, des griffes montées latéralement sur un cadre extensible et des peignes râteau derrière les distributeurs orientables.
Marge : Variable
Dépend du nombre d'interventions de tonte annuelles et du débit de chantier (vitesse de travail). L'impact sur le rendement peut jouer sur le revenu et donc sur la marge.
Critères "sociaux"
Temps de travail : En augmentation
Les matériels les plus performants travaillent autour de 4 km/h, les plus simples entre 2 et 3 km/h. L’enherbement sous le rang donne plus de souplesse d’intervention, la tonte peut être décalée de quelques dizaines de jours si les conditions ne sont pas favorables contrairement au désherbage mécanique.
Il faut en effet prendre en compte l’herbe au pied des souches dans l’organisation de ses travaux de relevage et d’épamprage, et faire attention à la présence des fils releveurs et des tuyaux d’irrigation. L’enherbement sous le rang permet dans ce cadre d’éviter certains travaux visant à maîtriser le développement végétatif et fructifère de la plante (éclaircissage, ébourgeonnage).Effet sur la santé de l'agriculteur : En augmentation
Par diminution de l’usage d’herbicides et de produits phytosanitaires dans leur ensemble.
Entretien du paysage : En augmentation
L'enherbement contribue à améliorer les paysages viticoles et permet de communiquer positivement.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
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5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs :
Mode d'action :
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception