Pratiquer le désherbage thermique
Cette fiche est reliée à d'autres thématiques de la manière suivante :
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Photo d'en-tête; auteur :Dirk Ingo Franke ; licence :(CC BY-SA 2.0)
Principe :
Stratégie de lutte physique contre les adventices qui consiste à appliquer un choc thermique à une température élevée (par flamme directe ou infrarouge) et sur une durée d’exposition très faible (3 à 5 secondes) entraînant ainsi l’éclatement des cellules végétales. Il s'agit d'une technique alternative à l'utilisation de glyphosate durant l'interculture.
Moyens de mise en œuvre et conditions pour une meilleure efficacité :
Pour l’ensemble des cultures le brûlage est généralement fait avant le semis ou en pré-levée. Les adventices doivent être germées et en cours de développement pour être atteintes (entre stade cotylédons et quatre feuilles vraies).
Le désherbage thermique est valable pour toutes les adventices. Cependant, pour les monocotylédones, les vivaces et les adventices ayant un point végétatif au ras du sol (adventices en rosette), l’efficacité est limitée quand le stade est développé. Dans ce dernier cas, deux passages plus rapides sont plus efficaces qu’un passage lent.
Pour une efficacité optimale, il est préférable d’intervenir lorsqu’il n’y a plus de rosée. Le sol peut être humide mais il ne doit pas y avoir de vent.
Matériel :
On distingue trois types d'appareils de désherbage thermique :
- Système de Rampes (exposition des adventices aux flammes) : le désherbage thermique à flamme nue agit en réchauffant les tissus végétaux, sans provoquer leur combustion. La température obtenue doit être supérieure à 95 – 100 °C et maintenue pendant au moins 0,1 secondes.
- Four (utilisation de rayons infra rouges) : Pas de contact direct entre flamme et végétation avec ce système. L’efficacité est la même, la consommation d’énergie est minimisée, mais le prix du matériel est supérieur.
- Projecteur de vapeur (utilisé en zones non agricoles).
Dans ce système, les appareils fonctionnent au propane (car il a une pression de 6 bars à 0 °C, facilitant ainsi son utilisation.). ils sont munis de brûleurs à allumage commandé et sécurisé et alimentés en phase gazeuse ou liquide soit par des bouteilles de gaz propane classique ou par une citerne sécurisée et fixée à l’avant du tracteur.
La phase liquide permet d’obtenir directement et d’une manière constante une puissance importante et une vitesse d’avancement plus rapide mais il y a plus de risques de bouchage et de risques pour l’utilisateur. Dans ce système on utilise un brûleur phase liquide à évaporateur (plus puissant et plus constant, mais, de par sa complexité, il est plus coûteux en énergie et en coût de maintenance)
En phase gazeuse, si la demande est trop forte au niveau des gicleurs, le liquide n’aura pas le temps de se mettre en gaz ce qui entraînera la formation de givre rendant l’appareil très rapidement inopérant. Généralement des vitesses d’avancement et de risques pour l’utilisateur plus faibles. Ici on utilise un bruleur à phase gazeuse à double aspiration (permet d’obtenir une flamme de 1400 °C ; il est moins coûteux à l’achat et en maintenance)
Réglages :
Il est important de bien régler l’appareil et la vitesse d’avancement. Cette dernière est à adapter suivant le type d’appareil.
Hauteur de rampe : les brûleurs doivent être positionnés à environ 15 cm du sol. Le but est d’ajuster la hauteur afin que la flamme bleue atteigne les adventices.
La vitesse d’avancement : dépend de la machine utilisée et du stade de développement des adventices. Plus les adventices sont développées, plus il faudra de la chaleur et donc réduire la vitesse.
Vérification des réglages : presser la feuille de l’adventice entre les doigts ; après relâchement, la marque du doigt doit être visible. Si ce n’est pas le cas, l’efficacité est insuffisante et il faut réduire la vitesse d’avancement. Si au contraire la feuille est roussie ou si elle fume, la vitesse d’avancement peut être augmentée.
Exemple de mise en oeuvre :
Sur soja : un désherbage thermique à la levée et au plus tard au stade cotylédons fermés (fenêtre de 1 à 2 jours), puis un passage herse étrille au stade 2 feuilles unifoliées et enfin un passage en combinaison binage de linter-rang et brûlage dirgé vers la base des plantes au stade 3-4 feuilles du soja (dans ce cas le faux-semis est facultatif). Exemple tiré de la fiche ITAB (cf. bibliographie).
Sur oignon : possibilité d'intervenir en culture, au stade crosse, puis du stade chute de la première feuille au début de la bulbaison (Voir fiche technique 19 du Guide de conception Légume)
Précision sur la technique :
Il faut idéalement intervenir tôt, lorsque la culture est à son stade le plus résistant et les adventices au stade le plus sensible (stade cotylédons).
La technique peut être mobilisée pour des faux-semis : La destruction du dernier faux semis par désherbage thermique est aussi pratiquée car elle ne provoque aucun travail du sol, donc aucune germination de nouvelles plantes indésirables.
Le désherbage thermique est moins efficace sur des plantes à port rampant et/ou racines profondes, comme le rumex, les chardons, laiterons, pissenlit ou le chiendent. Les plantes à feuilles larges et enracinées peu profondément, comme le plantain, se maitrisent plus facilement avec cette technique.Période de mise en œuvre
Echelle spatiale de mise en œuvre
Application de la technique à...
Toutes les productions : Pas généralisablePas généralisable
Cette technique est principalement utilisée sur culture en ligne (mais, soja, tournesol, betterave, oignon, ail, carotte...)
Tous les types de sols : Facilement généralisable
Facilement généralisable
Le désherbage thermique est une technique intéressante compte tenu de son efficacité et surtout par sa faible exigence en termes de sol (humidité et structure).
La culture présente un intérêt là où le sol ne peut pas être travaillé, notamment s'il est trop humide ou trop pentu. Cette technique est donc adaptée aux régions et aux cultures pour lesquelles cette situation est fréquente.
Attention cependant aux sols caillouteux ou motteux.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
Facilement généralisable
Le désherbage thermique est une technique intéressante compte tenu de son efficacité et surtout par sa faible exigence en termes de conditions météorologiques (pas de nécessité de temps sec à la suite du passage). Ainsi, contrairement au désherbage mécanique, la fenêtre météorologique d’intervention est largement plus favorable.
Réglementation
InfluenceLe matériel de désherbage thermique est éligible au PVE, on peut donc recevoir des aides pour l'investissement. De même, plusieurs MAE territorialisées peuvent aider financièrement à la pratique du désherbage thermique.
Plan Végétal Environnement, Mesures Agroenvironnemetales.
2. Services rendus par la technique
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En diminutionacidification : DIMINUTION
émission phytosanitaires : DIMINUTION
émission GES : AUGMENTATION
émission de particules : VARIABLE
Effet sur la qualité de l'eau : Variable
N.P. : VARIABLE
pesticides : DIMINUTION
turbidite : NEUTRE
Effet sur la consommation de ressources fossiles : En augmentation
consommation d'énergie fossile : AUGMENTATION
consommation de phosphore : AUGMENTATION
Autre : Pas d'effet (neutre)
Emission de particule dans l'air variable (si utilisation de fiouil)
Résidus pesticides : diminution des transferts de polluants vers l’eau et l’air grâce à la réduction des herbicides
Consommation d'énergies fossiles : Le désherbage thermique réduit le recours aux herbicides et limite donc le risque de passage des ces produits dans l'air ou dans les eaux. Par contre, il y a émission de monoxyde de carbone, de dioxyde de carbone, d'oxydes de soufre et d'azote, en particulier si les brûleurs sont mal réglés.
GES : augmentation des rejets de gaz à effet de serre
Risque d'incendie: En augmentation
Critères "agronomiques"
Productivité : Pas d'effet (neutre)Pas d'effet (neutre)
Qualité de la production : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet (neutre)
Fertilité du sol : Pas de connaissance sur impact
Pas de connaissance sur impact
Stress hydrique : Pas de connaissance sur impact
Pas de connaissance sur impact
Biodiversité fonctionnelle : Pas de connaissance sur impact
Pas de connaissance sur impact
Certains organismes (faune et flore du sol notamment) seraient éliminés lors des passages des outils de désherbage thermique.
La chaleur peut blesser des animaux utiles rampant sur le sol, comme les carabes, les perce-oreilles, les araignées et les cloportes.
Autres critères agronomiques : En augmentation
Possibilité de travailler sur le rang sans herbicides: En augmentation
Cette technique permet sur certaines cultures comme le tournesol, de désherber le rang sans herbicides (par exemple en agriculture biologique).
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En augmentation
En augmentation
Le coût pour deux passages est d'environ 95 euros/ha de matériel (machine, gaz et deux passages de tracteur) et 32,4 euros/ha pour la main d'œuvre (10,5 euros/heure et 1,5 heures pour un passage sur 1 hectare)
Charges de mécanisation : En augmentation
En augmentation
Besoin de matériel spécifique. D'après la chambre d'agriculture Rhône Alpes : une rampe de 3,2m 6 rangs, 12 brûleurs Primatech (citerne de 312 kg de gaz) coûte 4750 euros ; une rampe + chassis de 3,2m, 6 rangs, 12 brûleurs Antargaz (citerne de 275 kg de gaz) coûte 6245 euros.
Marge : Variable
Variable
Le désherbage thermique coûte relativement cher (120 à 130 euros/ha), c'est pour cette raison qu'il est principalement développé sur des cultures intensives (maraîchage) ou si le produit est valorisé en conséquence (agriculture biologique).
Autres critères économiques : En augmentation
Consommation de carburant :Augmentation
Critères "sociaux"
Temps de travail : Variable
Variable
Variable en fonction de la technique utilisée, du stade de la culture et des adventices, et de la vitesse d’avancement, généralement comprise entre 3 et 6 km/h.
Augmentation du temps de travail dû à la faible largeur de l’outil et à l’augmentation du nombre de passages.
Période de pointe : En augmentation
En augmentation
Le nombre de passages nécessaires peut être élevé. On peut compter 1,5 heures/ha pour un passage.
Les plages d’interventions sont plus larges que pour un désherbage chimique.
Temps d'observation : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet (neutre)
Cependant, des connaissances techniques sont nécessaires, notamment concernant les seuils de sensibilité aux températures des cultures et des adventices principales.
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Bioagresseurs défavorisés
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Araignées | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Tous les auxiliaires qui marchent à la surface du sol peuvent être tués par la technique |
Carabes prédateurs et granivores | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Tous les auxiliaires qui marchent à la surface du sol peuvent être tués par la technique |
Perce-oreilles (prédateur) | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Tous les auxiliaires qui marchent à la surface du sol peuvent être tués par la technique |
Staphylins | MOYENNE | Ennemis naturels des bioagresseurs | Tous les auxiliaires qui marchent à la surface du sol peuvent être tués par la technique |
Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
5. Pour en savoir plus
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte physique
Mode d'action : Evitement Rattrapage Action sur le stock initial Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution