TECHNIQUE

Pratiquer le désherbage thermique


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Dernière modification : 04/03/2020
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Discussion liée

1. Présentation


Caractérisation de la technique

Description de la technique :

Photo d'en-tête; auteur :Dirk Ingo Franke ; licence :(CC BY-SA 2.0)

 

Principe :

Stratégie de lutte physique contre les adventices qui consiste à appliquer un choc thermique à une température élevée (par flamme directe ou infrarouge) et sur une durée d’exposition très  faible (3 à 5 secondes) entraînant ainsi l’éclatement des cellules végétales. Il s'agit d'une technique alternative à l'utilisation de glyphosate durant l'interculture.

 

Moyens de mise en œuvre et conditions pour une meilleure efficacité :

Pour l’ensemble des cultures le brûlage est généralement  fait  avant le semis ou en pré-levée. Les adventices doivent être germées et en cours de développement pour être atteintes (entre stade cotylédons et quatre feuilles vraies). 

Le désherbage thermique est valable pour toutes les adventices. Cependant, pour les monocotylédones, les vivaces et les adventices ayant un point végétatif au ras du sol (adventices en rosette), l’efficacité est limitée quand le stade est développé. Dans ce dernier cas, deux passages plus rapides sont plus efficaces qu’un passage lent.

Pour une efficacité optimale, il est préférable d’intervenir lorsqu’il n’y a plus de rosée. Le sol peut être humide mais il ne doit pas y avoir de vent.

 

Matériel :

On distingue trois types d'appareils de désherbage thermique :

  • Système de Rampes (exposition des adventices aux flammes) : le désherbage thermique à flamme nue agit en réchauffant les tissus végétaux, sans provoquer leur combustion. La température obtenue doit être supérieure à 95 – 100 °C et maintenue pendant au moins 0,1 secondes.  
  • Four (utilisation de rayons infra rouges) : Pas de contact direct entre flamme et végétation avec ce système. L’efficacité est la même, la consommation d’énergie est minimisée, mais le prix du matériel est supérieur.
  • Projecteur de vapeur (utilisé en zones non agricoles).

 

Dans ce système, les appareils fonctionnent au propane (car il a une pression de 6 bars à 0 °C, facilitant ainsi son utilisation.). ils sont munis de brûleurs à allumage commandé et sécurisé et alimentés en phase gazeuse ou liquide soit par des bouteilles de gaz propane classique ou par une citerne sécurisée et fixée à l’avant du tracteur.

La phase liquide  permet  d’obtenir directement et d’une manière constante une puissance  importante  et  une  vitesse d’avancement plus rapide mais il y a plus de risques de bouchage et de risques pour l’utilisateur. Dans ce système on utilise un brûleur phase liquide à évaporateur (plus puissant et plus constant, mais, de par sa complexité, il est plus coûteux en énergie et en coût de maintenance)

En phase gazeuse, si la demande est trop forte au niveau des gicleurs, le liquide n’aura pas le temps de se mettre en gaz ce qui entraînera la formation de givre rendant l’appareil très rapidement inopérant. Généralement des vitesses d’avancement et de risques pour l’utilisateur plus faibles. Ici on utilise un bruleur à phase gazeuse à double aspiration (permet d’obtenir une flamme de 1400 °C ; il est moins coûteux à l’achat et en maintenance)

 

Réglages :

Il est important de bien régler l’appareil et la vitesse d’avancement. Cette dernière est à adapter suivant le type d’appareil.

Hauteur de rampe : les brûleurs doivent être positionnés à environ 15 cm du sol. Le but est d’ajuster la hauteur afin que la flamme bleue atteigne les adventices.

La vitesse d’avancement : dépend de la machine utilisée et du stade de développement des adventices. Plus les adventices sont développées, plus il faudra de la chaleur et donc réduire la vitesse.

Vérification des réglages : presser la feuille de l’adventice entre les doigts ; après relâchement, la marque du doigt doit être visible. Si ce n’est pas le cas, l’efficacité est insuffisante et il faut réduire la vitesse d’avancement. Si au contraire la feuille est roussie ou si elle fume, la vitesse d’avancement peut être augmentée.


Exemple de mise en oeuvre :

Sur soja : un désherbage thermique à la levée et au plus tard au stade cotylédons fermés (fenêtre de 1 à 2 jours), puis un passage herse étrille au stade 2 feuilles unifoliées et enfin un passage en combinaison binage de linter-rang et brûlage dirgé vers la base des plantes au stade 3-4 feuilles du soja (dans ce cas le faux-semis est facultatif). Exemple tiré de la fiche ITAB (cf. bibliographie).

Sur oignon : possibilité d'intervenir en culture, au stade crosse, puis du stade chute de la première feuille au début de la bulbaison (Voir fiche technique 19 du Guide de conception Légume)

Précision sur la technique :

Il faut idéalement intervenir tôt, lorsque la culture est à son stade le plus résistant et les adventices au stade le plus sensible (stade cotylédons).

La technique peut être mobilisée pour des faux-semis : La destruction du dernier faux semis par désherbage thermique est aussi pratiquée car elle ne provoque aucun travail du sol, donc aucune germination de nouvelles plantes indésirables.

Le désherbage thermique est moins efficace sur des plantes à port rampant et/ou racines profondes, comme le rumex, les chardons, laiterons,  pissenlit ou le chiendent. Les plantes à feuilles larges et enracinées peu profondément, comme le plantain, se maitrisent plus facilement avec cette technique.

Période de mise en œuvre
Sur culture implantée


Echelle spatiale de mise en œuvre
Parcelle


Application de la technique à...

Toutes les productions : Pas généralisable

Pas généralisable

Cette technique est principalement utilisée sur culture en ligne (mais, soja, tournesol, betterave, oignon, ail, carotte...)

 



Tous les types de sols : Facilement généralisable

Facilement généralisable

Le désherbage thermique  est  une  technique  intéressante  compte  tenu  de  son  efficacité et surtout par sa faible exigence en termes de sol (humidité et structure).

La culture présente un intérêt là où le sol ne peut pas être travaillé, notamment s'il est trop humide ou trop pentu. Cette technique est donc adaptée aux régions et aux cultures pour lesquelles cette situation est fréquente.

Attention cependant aux sols caillouteux ou motteux.



Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable

Facilement généralisable

Le désherbage thermique est une technique intéressante compte tenu de son efficacité et surtout par sa faible exigence en termes de conditions météorologiques (pas de nécessité de temps sec à la suite du passage). Ainsi, contrairement au désherbage mécanique, la fenêtre météorologique d’intervention est largement plus favorable.



Réglementation

Influence
POSITIVE

Le matériel de désherbage thermique est éligible au PVE, on peut donc recevoir des aides pour l'investissement. De même, plusieurs MAE territorialisées peuvent aider financièrement à la pratique du désherbage thermique.

Plan Végétal Environnement, Mesures Agroenvironnemetales.




2. Services rendus par la technique



3. Effets sur la durabilité du système de culture


Critères "environnementaux"

Effet sur la qualité de l'air : En diminution
acidification : DIMINUTION
émission phytosanitaires : DIMINUTION
émission GES : AUGMENTATION
émission de particules : VARIABLE


Effet sur la qualité de l'eau : Variable
N.P. : VARIABLE
pesticides : DIMINUTION
turbidite : NEUTRE


Effet sur la consommation de ressources fossiles : En augmentation
consommation d'énergie fossile : AUGMENTATION
consommation de phosphore : AUGMENTATION


Autre : Pas d'effet (neutre)

 

Emission de particule dans l'air variable (si utilisation de fiouil)

Résidus pesticides : diminution des transferts de polluants vers l’eau et l’air grâce à la réduction des herbicides

Consommation d'énergies fossiles : Le désherbage thermique réduit le recours aux herbicides et limite donc le risque de passage des ces produits dans l'air ou dans les eaux. Par contre, il y a émission de monoxyde de carbone, de dioxyde de carbone, d'oxydes de soufre et d'azote, en particulier si les brûleurs sont mal réglés.

GES : augmentation des rejets de gaz à effet de serre

Risque d'incendie: En augmentation




Critères "agronomiques"

Productivité : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet (neutre)

Qualité de la production : Pas d'effet (neutre)
Pas d'effet (neutre)

Fertilité du sol : Pas de connaissance sur impact
Pas de connaissance sur impact

Stress hydrique : Pas de connaissance sur impact
Pas de connaissance sur impact

Biodiversité fonctionnelle : Pas de connaissance sur impact

Pas de connaissance sur impact

Certains organismes (faune et flore du sol notamment) seraient éliminés lors des passages des outils de désherbage thermique.

La chaleur peut blesser des animaux utiles rampant sur le sol, comme les carabes, les perce-oreilles, les araignées et les cloportes.



Autres critères agronomiques : En augmentation

Possibilité de travailler sur le rang sans herbicides: En augmentation

Cette technique permet sur certaines cultures comme le tournesol, de désherber le rang sans herbicides (par exemple en agriculture biologique).




Critères "économiques"


Charges opérationnelles : En augmentation

En augmentation

Le coût pour deux passages est d'environ 95 euros/ha de matériel (machine, gaz et deux passages de tracteur) et 32,4 euros/ha pour la main d'œuvre (10,5 euros/heure et 1,5 heures pour un passage sur 1 hectare)



Charges de mécanisation : En augmentation

En augmentation

Besoin de matériel spécifique. D'après la chambre d'agriculture Rhône Alpes : une rampe de 3,2m 6 rangs, 12 brûleurs Primatech (citerne de 312 kg de gaz) coûte 4750 euros ; une rampe + chassis de 3,2m, 6 rangs, 12 brûleurs Antargaz (citerne de 275 kg de gaz) coûte 6245 euros.



Marge : Variable

Variable

Le désherbage thermique coûte relativement cher (120 à 130 euros/ha), c'est pour cette raison qu'il est principalement développé sur des cultures intensives (maraîchage) ou si le produit est valorisé en conséquence (agriculture biologique).



Autres critères économiques : En augmentation
Consommation de carburant :Augmentation


Critères "sociaux"


Temps de travail : Variable

Variable

Variable en fonction de la technique utilisée, du stade de la culture et des adventices, et de la vitesse d’avancement, généralement comprise entre 3 et 6 km/h.

Augmentation du temps de travail dû à la faible largeur de l’outil et à l’augmentation du nombre de passages.



Période de pointe : En augmentation

En augmentation

Le nombre de passages nécessaires peut être élevé. On peut compter 1,5 heures/ha pour un passage.

Les plages d’interventions sont plus larges que pour un désherbage chimique.



Temps d'observation : Pas d'effet (neutre)

Pas d'effet (neutre)

Cependant, des connaissances techniques sont nécessaires, notamment concernant les seuils de sensibilité aux températures des cultures et des adventices principales.





4. Organismes favorisés ou défavorisés


Bioagresseurs favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Bioagresseurs défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions
Amarante blanche adventices
Amarante blite adventices
Amarante couchée adventices
Amarante hybride adventices
Amarante réfléchie adventices
Brome stérile adventices
Chénopode polysperme adventices
Folle avoine adventices
adventices FORTE adventices Pour les monocotylédones, les vivaces et les adventices ayant un point végétatif au ras du sol (adventices en rosette), l’efficacité est limitée quand le stade est développé.
agrostis stolonifère adventices
ambroisie à feuilles d'armoise adventices
ammi élevé adventices
anthrisque commun adventices
anthémis cotule adventices
anthémis des champs adventices
anthémis élevée adventices
armoise vulgaire adventices
arroche étalée adventices
avoine stérile ludovicienne adventices
avoine à chapelets adventices
barbarée intermédiaire adventices
bident tripartite adventices
bleuet adventices
calépine irrégulière adventices
capselle bourse à pasteur adventices
cardamine hérissée adventices
carotte sauvage adventices
chiendent pied-de-poule chiendent pied-de-poule
chiendent rampant adventices
chrysanthème des moissons adventices
chénopode blanc adventices
chénopode des murs adventices
chénopode hybride adventices
crépis de Nîmes adventices
céraiste aggloméré adventices
datura stramoine adventices
digitaire sanguine adventices
diplotaxis fausse-roquette adventices
erodium à feuilles de ciguë adventices
euphorbe exiguë adventices
euphorbe péplus adventices
euphorbe réveil-matin adventices
fenouil commun adventices
ficaire fausse-renoncule adventices
fumeterre officinale adventices
fumeterre à petites fleurs adventices
gaillet gratteron adventices
gesse tubéreuse adventices
grémil des champs adventices
géranium colombin adventices
géranium disséqué adventices
géranium mou adventices
géranium à feuilles rondes adventices
géranium à tiges grêles adventices
houlque molle adventices
ivraie raide adventices
jonc des crapauds adventices
laiteron des champs adventices
laiteron rude adventices
lamier amplexicaule adventices
lamier pourpre adventices
lampourde à gros fruits adventices
lampsane commune adventices
linaire bâtarde adventices
linaire mineure adventices
linaire élatine adventices
liseron des champs adventices
liseron des haies adventices
lychnis dioïque adventices
matricaire camomille adventices
matricaire inodore adventices
mauve sylvestre adventices
menthe à feuilles rondes adventices
mercuriale annuelle adventices
morelle noire adventices
mouron des champs adventices
moutarde des champs adventices
moutarde noire adventices
myosotis des champs adventices
panic capillaire adventices
panic faux-millet adventices
panic pied-de-coq adventices
panic à inflorescence dichotome adventices
paspale à deux épis adventices
passerage des champs adventices
passerage drave adventices
pavot argémone adventices
pavot coquelicot adventices
peigne de Vénus adventices
pensée des champs adventices
persil des moissons adventices
phalaris paradoxal adventices
phytolaque à dix étamines adventices
picris fausse-épervière adventices
potentille rampante adventices
prêle géante adventices
prêles adventices
pâturin annuel adventices
pâturin commun adventices
rapistre rugeux adventices
ravenelle adventices
renoncule des champs adventices
renoncule des marais adventices
renoncule rampante adventices
renouée amphibie forme terrestre adventices
renouée des oiseaux adventices
renouée liseron adventices
renouée persicaire adventices
renouée à feuilles de patience adventices
rumex petite oseille adventices
réséda raiponce adventices
shérardie des champs adventices
sisymbre officinal adventices
sorgho d'Alep adventices
souchet comestible adventices
spergule des champs adventices
spéculaire miroir de Vénus adventices
stellaire intermédiaire adventices
sétaire glauque adventices
sétaire verte adventices
sétaire verticillée adventices
tabouret des champs adventices
tordyle élevé adventices
torilis des champs adventices
torilis noueux adventices
tussilage adventices
vulpie queue de rat adventices
véronique de Perse adventices
véronique des champs adventices
véronique luisante adventices
véronique à feuilles de lierre adventices
éthuse ciguë adventices

Auxiliaires favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Auxiliaires défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions
Araignées MOYENNE Ennemis naturels des bioagresseurs Tous les auxiliaires qui marchent à la surface du sol peuvent être tués par la technique
Carabes prédateurs et granivores MOYENNE Ennemis naturels des bioagresseurs Tous les auxiliaires qui marchent à la surface du sol peuvent être tués par la technique
Perce-oreilles (prédateur) MOYENNE Ennemis naturels des bioagresseurs Tous les auxiliaires qui marchent à la surface du sol peuvent être tués par la technique
Staphylins MOYENNE Ennemis naturels des bioagresseurs Tous les auxiliaires qui marchent à la surface du sol peuvent être tués par la technique

Accidents climatiques et physiologiques favorisés

Organisme Impact de la technique Précisions

Accidents climatiques et physiologiques défavorisés

Organisme Impact de la technique Précisions


5. Pour en savoir plus

Launais M., Bzdrenga L., Estorgues V., Faloya V., Jeannequin B., Lheureux S., Nivet L., Scherrer B., Sinoir N., Szilvasi S., Taussig C., Terrentroy A., Trottin-Caudal Y., Villeneuve F.,
Ministère chargé de l’agriculture, Agence Française pour la Biodiversité, GIS PIClég., Ouvrage, 2014
Chapuis S.
Brochure technique, 2010
Grebert D., Vercaigne J.-P., Delanote L., Legrand M.
Brochure technique, 2009
Ferrier J-D.
Chambre d'agriculture de l'Ain, Brochure technique, 2016
Voir page 8
Crenn J.
Aujourd'hui & demain, n°95, Article de presse, 2008

6. Mots clés


Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte physique
Mode d'action : Evitement Rattrapage Action sur le stock initial Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution
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Contributeurs

04/03/2020
23/02/2018
suzanne blocaille - ACTA
charge-etude - suzanne.blocaille@acta.asso.fr

12/01/2018
Paola SALAZAR - INRA - Rennes (35000)
ingenieur - paola.salazar@inra.fr

30/11/2017
Sébastien Picault - CTIFL - Carquefou (44470)
ingenieur - picault@ctifl.fr

08/11/2017
Lola Leveau - Irstea - Clermont-Ferrand (63000)
ingenieur - lola.leveau@irstea.fr

25/10/2017
Julien Halska - Bio Bourgogne - BRETENIERE (21110)
ingenieur - julien.halska@biobourgogne.org