TECHNIQUE

Implanter des cultures dérobées ou une double-culture


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Parcelle de Moha. Graminée à cycle court que l'on peut semer en dérobée

Crédit : Auteur : ROUX Philippe

Aboutie
Dernière modification : 10/06/2021
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Discussion liée

1. Présentation


Caractérisation de la technique

Description de la technique :

Une culture dérobée est implantée entre deux cultures principales de la rotation, mais se distingue d'une culture intermédiaire par un objectif de valorisation de la production. Plusieurs insertions peuvent être distinguées :

  • En système de grandes cultures implantation de cultures à cycle court (soja, tournesol, maïs, sarrasin, sorgho...) pour récolte de grains, entre une culture à récolte précoce (orge d'hiver, pois, ail, colza...) et une culture d'hiver (blé, orge...) ou de printemps (maïs...)  
  • En système polyculture-élevage, implantation de cultures à valorisation fourragère récoltées en ensilage ou enrubannage (ray-grass d’Italie, moha, éventuellement associé à du trèfle, meteil…), ou pâturé (colza fourrager, chou fourrager...). L'implantation peut alors avoir lieu pendant l'hiver entre deux cultures de printemps (ray-grass d'Italie entre deux maïs...). En agriculture biologique, avec des reliquats azotés à la récolte souvent faibles, des légumineuses à vocation fourragère peuvent être implantées en dérobées (vesce, luzerne, trèfle...).
  • En système avec méthanisation, implantation de CIVES (Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique). Dans ce cas, la plante entière est récoltée pour alimenter le méthaniseur. Grâce à la fermentation des CIVES, le méthaniseur peut produire du biogaz, utilisé comme source de chaleur ou d’électricité. Le méthaniseur produit également du digestat qui peut servir à la fertilisation des cultures.

On distingue 2 types de CIVES :

  • Les CIVES d’été (sorgho, maïs, tournesol, associé ou non de légumineuses), semées principalement entre mi-juin et fin juillet afin de bénéficier de températures chaudes et de journées plus longues. Les rendements de ces cultures sont très variables car leurs croissances dépendent de la pluviométrie estivale.
  • Les CIVES d’hiver (mélanges à base de graminées (ex : seigle, avoine, triticale) et parfois de légumineuses) semées autours du mois d’octobre. Ces cultures profitent d’une période de croissance longue (supérieure à six mois) et humide.

Précision sur la technique :

Dans le cas des cultures fourragères ou des valorisations énergétiques, l’objectif de la culture dérobée est de produire une grande quantité de biomasse en peu de temps afin d’être valorisée sous différentes formes (récoltes en grain, fourrage, énergie…). Le choix de la culture portera donc plutôt sur des espèces à forte production de biomasse



Période de mise en œuvre
Pendant l'interculture


Echelle spatiale de mise en œuvre
Parcelle


Application de la technique à...

Toutes les productions : Généralisation parfois délicate

Pour une récolte en grains, seules les cultures à cycle court (tournesol "de 100 jours", soja 000 ou 0000 à partir de 2013, variétés de maïs ou sorgho ou pois de printemps précoces, sarasin) sont adaptées à une implantation en dérobée.



Tous les types de sols : Généralisation parfois délicate

En dehors des sols hydromorphes qui peuvent rendre délicate une récolte courant octobre dans le ca d'une valorisation en grain, la technique peut être généralisée à tous type de sol. Un accès à l'irrigation peut être nécessaire pour sécuriser la levée et le rendement.



Tous les contextes climatiques : Généralisation parfois délicate

Les cultures implantées en dérobé pour une valorisation en grain nécessitent tout de même un cumul de température minimum pour arriver à maturité (1 300 à 1 400 °C base 6 °C pour un tournesol en dérobé, 1420°C base 6°C pour un soja 000). Cette technique implique la réalisation d'une analyse climatique fréquentielle permettant de déterminer la fréquence à laquelle elle permet d'atteindre les résultats attendus, et la date limite de semis en dérobé. L'implantation en dérobé est à considérer comme une stratégie d'opportunité à mettre en oeuvre quand les conditions climatiques de l'année le permettent (récolte précoce de la culture précédente par exemple). L'implantation en dérobé de cultures à vocation fourragère peut être envisagée dans une plus large gamme de contextes climatiques.



Réglementation

Les cultures dérobées sont implantées pendant la période d’interculture et doivent par conséquent respecter la réglemen­tation en vigueur à cette période, c’est-à-dire la Directive Nitrates.




2. Services rendus par la technique


Stabilité physique et structuration du sol

Régulation et gestion des adventices

Gestion des maladies

Gestion des ravageurs

Gestion des auxiliaires du sol


3. Effets sur la durabilité du système de culture


Critères "environnementaux"

Effet sur la qualité de l'air : Pas de connaissance sur impact


Effet sur la qualité de l'eau : Variable

La présence d'un couvert végétal sur la parcelle tout au long de l'année permet de limiter le ruissellement et la lixiviation limitant ainsi  le transfert de polluant. Cependant, si la culture dérobée se développe peu, son rôle de piège à nitrates s’en trouvera très réduit.

Le couvert végétal permet de limiter le transfert de polluant intervenant entre deux cultures principales. Attention, l'implantation d'une culture en dérobé peut cependant impliquer des applications supplémentaires d'herbicides pour gérer les repousses du précédent.



Effet sur la consommation de ressources fossiles : En augmentation

Même si le travail du sol est limité, les interventions liées à l'implantation de la culture en dérobé impliquent la consommation de carburant. De plus, certaines cultures peuvent nécessiter un séchage (tournesol, maïs) et de l'irrigation.



Dégagement de GES : Variable

La production de biomasse par la culture dérobée contribue à augmenter la quantité de carbone fixée, la diminution des fuites de nitrates hors de la parcelle diminuent les émissions de N2O indirectes.

Les dégagements de GES liés à la consommation de carburant sont en augmentation, en particulier pour les cultures nécessitant un séchage et/ou de l'irrigation.




Critères "agronomiques"

Productivité : En augmentation

Les cultures récoltées en grain présentent un potentiel de rendement réduit en dérobé du fait d'un cycle plus court. Le rendement des cultures principales peut également être réduit si des variétés précoces sont volontairement choisies pour allonger la durée de l'interculture. Cependant, l'implantation de cultures dérobées en plus des cultures principales conduit à une augmentation de la productivité du système de culture. Dans le cas de cultures dérobées à vocation fourragère, leur récolte contribue à améliorer l’autonomie des exploitations.



Qualité de la production : Pas d'effet (neutre)


Fertilité du sol : En diminution

L'implantation de cultures en dérobé implique des prélévements d'éléments minéraux qui peuvent entrainer une moindre disponibilité pour la culture suivante.



Stress hydrique : En diminution

L’implantation de cultures en dérobé implique des prélèvements d'eau qui peuvent entrainer une moindre disponibilité pour la culture suivante. (Moindre disponibilité en eau pour un maïs implanté après un ray-grass en dérobé par exemple).



Préservation de la structure des sols : Variable

En cas de récolte tardive en mauvaises conditions de la culture dérobée, des risques de dégradation de la structure du sol existent. A l'inverse, en sol hydromorphe, une culture dérobée en hiver qui pompe de l'eau peut permettre une meilleure praticabilité au printemps pour semer une culture de printemps. 

Les cultures dérobées permettent de couvrir le sol à l’interculture et donc de limiter la battance et l’érosion.




Critères "économiques"


Charges opérationnelles : En augmentation

L'implantation d'une culture en dérobé implique des charges liées à l'achat de semence, de produits phytosanitaires, l'irrigation voire le séchage.

Les coûts de production varient en fonction du choix de la culture. Les mélanges de cultures (ex : avoine et phacélie ou avoine et orge) ont des coûts de production de l’ordre de 250 €/ha car le coût du désherbage est réduit.  A l’inverse, certaines cultures ont un coût de désherbage et de semence plus élevé (ex : maïs ou navet) et ont des coûts de production de l’ordre de 350€/ha.



Charges de mécanisation : En augmentation
L'implantation d'une culture en dérobé implique généralement un nombre de passages plus important et plus coûteux (travail du sol, semis, récolte...) que si le sol est maintenu nu pendant l'interculture ou qu'une culture intermédiaire non récoltée est implantée.

Marge : Variable

La marge de la culture dérobée dépend fortement du contexte de prix de vente et d'achat d'intrants, mais elle est inférieure à celle des cultures principales du fait d'un potentiel de rendement réduit. Cependant elle reste généralement positive dans les régions adaptées et contribue à améliorer la marge globale du système.



Consommation de carburant : En augmentation

L'implantation, le suivi, la récolte d'une culture dérobée implique une consommation de carburant supérieure à la réalisation de faux-semis, à l'implantation et la destruction d'une culture intermédiaire non récoltée.




Critères "sociaux"


Temps de travail : En augmentation
Les cultures dérobées demandent des opérations culturales supplémentaires (travail du sol, récolte…). par rapport aux cultures non récoltée (Ex : CIPAN)
L'implantation d'une culture en dérobé implique du temps d'observation supplémentaire pour la conduite de l'irrigation, indispensable dans la plupart des situations.


Période de pointe : Pas d'effet (neutre)


Effet sur la santé de l'agriculteur : Pas d'effet (neutre)




4. Organismes favorisés ou défavorisés


Bioagresseurs favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Bioagresseurs défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Auxiliaires favorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Auxiliaires défavorisés

Organisme Impact de la technique Type Précisions

Accidents climatiques et physiologiques favorisés

Organisme Impact de la technique Précisions

Accidents climatiques et physiologiques défavorisés

Organisme Impact de la technique Précisions


5. Pour en savoir plus

Terres Innovia
Site Internet, 2019
AFPF (Association Française pour la Production Fourragère)
Interview, 2018
Methalae
Brochure technique, 2018
Agro-Transfert Ressources et Territoires
Ouvrage, 2011
Lecomte V. (CETIOM)
Perspectives agricoles n°357, p93-95, Article de presse, 2009

6. Mots clés


Méthode de contrôle des bioagresseurs : Contrôle cultural
Mode d'action : Barrière
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Reconception
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Contributeurs

10/06/2021
Marie Hedan - ACTA - Paris (75012)
charge-mission - marie.hedan@acta.asso.fr

30/03/2021
Gentiane Maillet - INRAE - Thiverval Grignon (78850)
ingenieur - gentiane.maillet@inrae.fr

08/02/2021
Emmanuel MÉROT - Chambre d'agriculture des Pays de la Loire
emmanuel.merot@pl.chambagri.fr

16/07/2018
30/08/2017
Lola Leveau - Irstea - Clermont-Ferrand (63000)
ingenieur - lola.leveau@irstea.fr